Publié il y a 1 an - Mise à jour le 05.11.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 618 fois

NÎMES Le point sur les finances de la ville

La salle du Conseil municipal de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Présenter les orientations et les tendances pour 2024, voilà à quoi sert le ROB. C’est un passage obligé avant la présentation du budget qui se fera en décembre.

La salle du Conseil municipal de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Le Rapport d’Orientation Budgétaire (ROB) permet de présenter au conseil municipal les orientations budgétaires qui préfigurent les priorités qui seront affichées au budget primitif ainsi que les engagements pluriannuels envisagés. Le ROB permet aussi d’informer de la situation financière de la collectivité, de présenter la structure et la gestion de la dette mais aussi de présenter la structure et l’évolution des dépenses de personnel.

Pour Vincent Bouget, de la liste d’opposition Nîmes citoyenne à Gauche qui cite d’emblée Michelle Le Normand, le temps passe et parfois ne change rien… « Nous sommes conscients des contraintes financières qui pèsent sur notre commune comme sur toutes les collectivités. La baisse de la DGF est réelle. Elle est compensée par la fiscalité et, si notre commune gèle ses taux, elle profite de l’augmentation des bases décidée par la loi de Finances, qui fait reporter la responsabilité de l’effort fiscal aux collectivités territoriales. Cette logique politique entamée depuis la présidence Sarkozy est très injuste. Elle se fait aujourd’hui encore plus douloureusement ressentir en raison de l’inflation. »

Vincent Bouget
Vincent Bouget, sur le plateau du Club Objectif Gard • Photo Nicolas Dhombres

Dans les projections, l’épargne brute va baisser de 25 % jusqu’en 2026 et le ratio de désendettement passe de 4,8 années en 2022 à 7,3 années en 2026. Cela inquiète l’élu. « Dans cette situation contrainte, les choix budgétaires sont d’autant plus importants. Pas de surprise dans les orientations proposées dans ce ROB. Beaucoup de copier-coller du ROB de l’année dernière et de ceux des années précédentes. On oublie même parfois de changer l’année (voir la liste des animations p. 57). Beaucoup de copier-coller d’un an sur l’autre, ce qui permet de voir qu’un certain nombre d’actions ont été reportées. »

En rappelant qu’il sait que de nombreuses choses sont malgré tout faites par la Ville, Vincent Bouget continue.

L’élu ne voit pas, dans les orientations 2024, comment l’inscription de la Maison Carrée à l’Unesco va être utilisée autrement que pour son attractivité touristique. « L’Unesco, c’est la science, la culture, l’éducation. Il faut davantage faire vivre ces valeurs. Nous l’avons dit, cela passera en sortant la Maison Carrée de la DSP, mais pas seulement. » De la végétalisation, de la mobilité douce, de la prévention, de l’aide envers l’éducation et les jeunes en voie de précarisation et de nombreux projets laissés sur le côté de la route.

Le Conseil municipal du 4 novembre 2023 (Photo Anthony Maurin).

« La rénovation, l’entretien d’une bonne partie du patrimoine de la cité dont la maison avocat des pauvres. On peut aussi être inquiet de votre volonté de vendre l’hôtel Séguier. Le projet du quadrilatère des Jésuites, la rénovation du Parnasse, la rénovation des Halles de Nîmes, le conservatoire de Nîmes puisque la fac ne doit quitter les Carmes que fin 2025 et que la désignation de l’équipe d’architecture qui devait avoir lieu en 2023 n’a pas encore été faite. N’apparait pas non plus la nécessaire rénovation de l’École des Beaux-Arts. Tous ces abandons sont confirmés dans le ROB 2024. »

Pour la liste Nîmes citoyenne à Gauche ce ROB fait donc le choix de privilégier le seul palais des Congrès tout en abandonnant beaucoup de projets utiles à la vie quotidienne, au cadre de vie, à l’attractivité concrète de la ville. « Les choix semblent déconnectés de leur réalité et ils sont loin d’être à la hauteur des enjeux d’avenir. Nous avons évoqué quelques pistes qui nous paraissent répondre aux besoins des Nîmoises et des Nîmois. Nous espérons qu’elles pourront infléchir vos orientations d’ici la présentation du budget... »

Valerie Rouverand, élue de la Ville de Nîmes (Photo Archives Nicolas Dombres)

Pour Valérie Rouverand, du groupe centriste Les progressistes, « Année après année, Rob après Rob, c’est la même collection qu’on nous ressort. Le contenu de celui du jour est sensiblement le même que celui de l’année dernière. À la différence près, et elle est essentielle, l’inquiétude toujours plus grande que ce ROB fait naître. Vous affichez donc une lucidité chiffrée que l’on s’attendrait à retrouver ensuite dans des prévisions budgétaires et notamment d’investissements plus prudentes. »

Valérie Rouverand poursuit, « Or, il n’en est rien, les grands travaux non réévalués sont toujours d’actualité et si on ne remet pas en cause leur utilité mais leur temporalité, quand on additionne les Palais de congrès, la Halle des sports, le parc Jacques Chirac, on comprend mieux pourquoi nous avons eu et allons avoir recours à l’emprunt, que l’épargne fond comme neige au soleil, plus de 30 % de baisse de l’épargne brute jusqu’à la fin du mandat, cadeau empoisonné pour le suivant qui va limiter ses investissements. »

« Pourquoi dépenser un argent que nous avons pour emprunter très cher un argent que nous n’avons pas ! L’encours de la dette diminue mais la durée de remboursement augmente ! C’est juste un effet de manche… Comme si l’on voulait se voir décerner un bon point de gestionnaire malgré ces incohérences ! Nous continuons à avancer à marche forcée alors que, par exemple, le stade des Costières est toujours propriété de la ville, que le montant de sa vente ne peut donc être intégré pour réduire le montant des nouveaux travaux comme la Halle aux sports par exemple. Et que dans ce domaine comme dans d’autres sur lesquels nous reviendrons, encore une fois, à défaut d’un véritable volontarisme politique, on joue la montre. Bref, on fait comme si tous les voyants financiers n’étaient pas passés au rouge. »

La place du maire Jean-Paul Fournier (Photo Anthony Maurin).

L’élue centriste se pose des questions. Quid de la vie dans l’Écusson, comment va-t-on faire société ? « Alors oui, nous sommes inquiets par la tournure que prend cette deuxième partie de mandat. Il est clair que c’est une fuite en avant, qui ne se soucie pas des conséquences au-delà de 2026. On voit qu’il faut coûte que coûte mener à bien des projets qui sont des bombes financières à retardement. C’est le choix de grandes infrastructures qui peuvent embellir une petite partie de la ville. Mais tellement de choses sont à faire pour le quotidien des Nîmoises et des Nîmois, que l’effet d’aubaine d’une ville carte postale ne suffit pas à faire un vivre ensemble et que de grandes réalisations aussi clinquantes ou utiles soient-elles ne peuvent se substituer à une gestion plus proche, plus en phase avec les problématiques quotidiennes de nos concitoyens. »

« Je m’y attendais mais vous y êtes allé un peu fort dans certains domaines ! » conclut le maire Jean-Paul Fournier à l’adresse des élus de l’opposition qui ont pris la parole.

Anthony Maurin

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