Publié il y a 1 an - Mise à jour le 29.09.2023 - Anthony Maurin - 3 min  - vu 644 fois

NÎMES L’enceinte romaine : gardienne du passé, témoin du présent

Ici en 2016 sur la colline de Montaury (Photo Archives Anthony Maurin).

Christophe Pellecuer, conservateur en chef du patrimoine, chargé du département du Gard, service régional de l’archéologie d’Occitanie, parle de l'enceinte antique d'hier et d'aujourd'hui.

Christophe Pellecuer (Photo Anthony Maurin).

L'enceinte de Nîmes, Nemausus, était une des plus longues enceintes fortifiées de l'époque d'Auguste, avec une longueur de plus de six kilomètres, et est l'une des mieux conservée de France. "C’est un monument bien particulier car cet édifice est largement arasé ou invisible ! Ce monument linéaire définit cependant un territoire et pour moi c’est une expérience individuelle de 30 ans à l’étudier. Après plusieurs décennies de recherche nous travaillons encore, nous l’étudions depuis 1959, date du premier programme de recherche de grande envergure le concernant."

"J’ai aussi une pensée pour Victor Lassalle qui nous a quittés et pour Félix Mazauric qui ont aussi œuvré pour cet édifice mais par le passé on pouvait tracer l’emplacement de l’enceinte pour les 3/4 de son envergure. Nous avons, après toutes ces études, quelques nouveautés, notamment au Sud avec la porte dite du Cadereau."

La présentation de la conférence (Photo Anthony Maurin).

"Nous parvenons à accrocher des voies, des îlots, des dépotoirs et des zones d’activité mais on sait que l’enceinte s’efface rapidement après l’Antiquité. L’objet de cette recherche est donc patrimonial !" À ce jour, des 30 tours subsistantes, aucune n'a conservé une élévation complète. La tour Magne, bien qu'ayant perdu son couronnement, fait toutefois exception. La porte d'Auguste et la porte de France sont les seules portes partiellement conservées ou en tout cas qui ont le plus d'élévation.

"Au milieu du XVIe siècle nous avons des récits notariés qui parlent de l’enceinte lors de ventes de bien comme le dit Poldo d’Albenas, on le voit d’ailleurs bien sur son célèbre plan bien connu des Nîmois en 1560 (visible à la mairie, NDLR). L’iconographie nous renseigne peu sur cette étape mais nous pouvons en voir plus grâce aux fortifications de Rohan en 1621, premier projet urbain qui impacte l’enceinte et qui disparaît une génération plus tard avec le Paix d’Alais. Pour réaliser cet ouvrage défense et celui dit du Levant sur le Mont Duplan, l’enceinte a dû être arasée…"

Un petit âne sur la courtine encore visible dans les jardins du Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).

Aujourd’hui on voit en plusieurs points, les restes de l’enceinte antique. Du côté de la rue de l’abattoir, de la cité-Barbès, du boulevard Kennedy, de la tour Bertrand à Canteduc, du Cirque romain, de Montaury et des abords du cimetière protestant…

Ici en 2016 sur la colline de Montaury (Photo Archives Anthony Maurin).

"Mais nous sommes bien loin des années 1970 avec des fouilles faites sur le parvis des arènes par Michel Py et sur l’emplacement de l’actuel jardin du Musée de la Romanité (ancienne clinique Saint-Joseph, NDLR)." Christophe Pellecuer reprend : "En bordure du parvis, on a juste touché l’enceinte médiévale grâce à un fossé puis à une fortification de Rohan qui laisse alors d’autres traces, notamment de terrassement."

Le plan de Nîmes au XVIe siècle (Photo Archives Anthony Maurin).

Et de conclure : "Je rappelle que, même arasé, un monument aussi important doit être préservé, c’est pour cela que l’on a rebouché la tour qui est devant les arènes, sur le parvis. Le parvis a été marqué, on peut aujourd’hui voir le passage de l’enceinte qui file sous le musée et on la retrouve en vrai dans les jardins où on voit la tour Saint-Joseph à l’air libre mais qui a dû être stabilisée car elle se dégradait vite."

Anthony Maurin

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