NÎMES Les Jardins de la Fontaine, premier parc public d’Europe 2/2
Poumon vert de la cité, les Jardins sont aussi le fondement de son histoire et un atout touristique d’importance.
Nous avons visité le « bas » des Jardins, passons dont logiquement au « haut », à la colline, au Mont cavakier qui vous conduira jusqu’à la Tour Magne. Mais avant toute chose, montez les marches du grand escalier et arrêtez-vous sur le premier palier. Observez attentivement les grappes de raisins sculptées sur le mur, à la recherche d’un intrus qui s’y cache.
Arrivé en haut de la grande terrasse, il faut se retourner et prendre le temps pour considérer le jardin en contre-bas. Son plan se dessine maintenant avec clarté : arbres et balustrades organisent l’espace et forment des lignes régulières. Cette terrasse marque la limite du jardin de Mareschal. Dans le projet d’origine, deux autres terrasses devaient être construites, mais en 1758 la municipalité arrête les travaux, jugés trop coûteux, et guère appréciés par les Nîmois qui trouvent l’aménagement trop froid. Etait-ce là l’expression du génie militaire de Mareschal ?
Le « rocher de la Fontaine » en arrière plan, couvert d’une maigre garrigue, restera donc en l’état jusqu’au siècle suivant, dominé par l’imposante tour Magne. L’aménagement de la colline, au début du XIXème siècle, est l’œuvre conjointe de Cavalier, maire de la ville et du Baron d’Haussez, préfet du Gard. Cavalier, traça lui-même le plan des allées et décida des plantations pour y attirer les promeneurs. On peut y voir l’expression d’un nouveau rapport à la nature, importé d’Angleterre avec le style paysager, basé sur un modèle simple de sentiers et d’allées, de pelouses circulaires et de bosquets.
Allez donc vers la grotte.Malgré son apparence naturelle, cette grotte est complètement artificielle. Réalisés en 1890 par Monsieur Lecomte, rocailleur à Montpezat, la grotte et son enrochement rustique créent ici un effet pittoresque, propre des jardins du XIXee siècle.
Entrez dans la grotte et prenez sur la gauche l’escalier taillé dans le rocher. Faites une pause à chaque palier, il fait chaud ! Vous y verrez des vues mises en scène à travers les rideaux d’eau et de végétation. En haut, tournez à gauche pour suivre le chemin qui mène au jardin de rocaille.
Remarquez les lignes de pavés qui zigzaguent le long des allées. Cet aménagement, aujourd’hui décoratif, servait autrefois à limiter l’érosion des chemins en terre, notamment les jours de fortes pluies. En complément, de chaque côté du chemin, des petits caniveaux permettent le ruissellement de l’eau.
Au jardin de rocailleaccordez-vous encore une petite pause sur un des bancs qui font face au bassin. Les jardins de rocaille, avec leurs plantes savamment disposées dans des rochers artificiels, sont des compo- sitions typiques du milieu du XIXee siècle.
Cyprès, filaires, oliviers, arbousiers et arbres de Judée confèrent à ce lieu une ambiance très méditerranéenne. A l’exception de l’arbre de Judée (Cercis siliquas- trum), éclatant au printemps avec ses fleurs roses, les arbres ont tous un feuillage persistant, parant, tout au long de l’année, la colline de multiples et subtiles tonalités de vert.
Traversez ensuite ce jardin de rocaille par les petits escaliers en pierre ou le contourner suivant le chemin pour atteindre le bassin Montgolfiersur la terrasse supérieure.
Après le bassin prenez l’escalier à gauche. Face au Mas Rouge, il faut aller sur le petit belvédère et admirer la vue. De là on embrasse du regard l’axe central du jardin et son prolongement au-delà de la grille d’entrée sur l’avenue Jean Jaurès. Le tracé de cette grande artère nord-sud et les quartiers attenants, figurent dans le projet de Mareschal en 1749.
En effet, au delà du projet d’embellissement du site de la fontaine, c’est un plan d’extension de la ville, alors confinée à l’intérieur de ses remparts médiévaux et désireuse d’ordonner le développement des faubourgs, qui lui a été commandé. Le long des quais du canal de la Fontaine il conçoit un nouveau quartier d’hôtels particuliers qui ne seront construits qu’après la Révolution.
Le Cours Neuf, actuelle avenue Jean Jaurès, est, quant à lui, réalisé par tronçons successifs au cours des XIXee et XXe siècles.
Si vous contournez le Mas Rouge par la gauche, allez jusqu’au jardin de mazet. Les cyprès de l’entrée en signe de bienvenue, la tonnelle avec sa vigne, le figuier, le jeu de boules, sont caractéristiques du jardin de mazet. Créé en 1995, cet espace évoque l’art de vivre en garrigue au début du XXème siècle. Ensuite ? Avant et avant de montera dans l’allée des cyprès jusqu’à la tour Magne, cherchez le vignoble de la Fontaine.
Visible de loin, la Tour Magne est une des nombreuses tours du rempart romain. Elle signalait la ville et le sanctuaire impérial qui se trouvaient dans la plaine. Aujourd’hui la terrasse située au sommet de la tour offre un des plus beaux panoramas sur Nîmes et la Costière.
Après avoir fait une petite pause descendez par l’allée opposée et notez les pins inclinés par la force du Mistral. Ici, chênes et pins composent l’essentiel de la végétation de la colline, lui donnant des airs de jardin italien. Ils témoignent de la bataille que se sont livrés Cavalier et le Baron d’Haussez, au sujet du choix des plantations dans les années 1820. Le premier ne jurait que par les pins, à croissance rapide, le second par les chênes, essence plus noble et de longue durée.
Maintenant, traversez deux terrasses pour descendre à la clairière des cèdres et continuer vers la place du cèdre. Un jeune cèdre du Liban (Cédrus libanii) de 25 ans a été planté le 3 mars 2011. Il remplace son majestueux aîné, victime des chutes de neige l'année précédente, qui avait donné son nom à cet endroit. La place, aménagée en 1848, offrait à l’origine un large point de vue sur les toits de la ville.
Avec le temps, les cimes des arbres ont refermé l’espace. Parmi les végétaux qui forment un écrin autour du grand Cèdre, on remarquera un azérolier (Crataegus azerolus). Louis XIV appréciait particulièrement la gelée fabriquée avec les fruits de ce petit arbre dont il avait fait planter des pieds au potager du roi à Versailles.
Quittez la place par les escaliers en faux bois, au sud. Il faut remarquer ces constructions en ciment armé qui imitent le bois. Elles témoignent d’un art rustique qui fait fureur à la fin du XIXe siècle, où la main de l’homme se montre partout. Ici l’artisan accède au statut d’artiste. Ces escaliers, rampes, bacs et meubles de jardin ont été réalisés en 1891 par Monsieur Vincent, « ‘artiste rocailleur » à Nîmes.
Arrivé en bas des escaliers vous pourrez vous échapper du jardin vers la ville ou tourner à droite avant la maison et suivre le chemin aménagé entre les sous-bois de laurier-tin (Viburnum tinus), soigneusement taillés pour former des massifs de verdure sous les arbres.
Le chemin bifurque pour déboucher sur un belvédère, l’autre embranchement se prolonge pour arriver en haut d’un escalier. En descendant les marches vous passerez devant le buste du poète nîmois, Antoine Bigot.
Cette statue, œuvre de Charpentier, fut inaugurée en 1903 en présence de Gaston Doumergue, ministre des colonies à ce moment. Continuez tout droit jusqu’à la statue d’un autre poète local, Jean Reboul, ami de Bigot. Cette statue, œuvre de Bosc, fut érigée en 1876.
Longez les tilleuls et tournez à gauche pour aller voir un arbre dont les fruits ressemblent à des oranges mais sont en fait plutôt de grosses mures. L’Oranger des Osages ou Bois d'arc (Maclura pomifera famille des Moracées) est originaire du sud des Etats Unis. Les Osages, tribu amérindienne de la famille des Sioux, l’utilisaient pour fabri- quer des arcs.
Après une telle visite, vous pouvez quitter les Jardins par le portail en fer forgé, œuvre du ferronnier Leclair et vous en saurez suffisamment pour expliquer à votre tour l’histoire de ce lieu si atypique.