NÎMES Tout est là, rien ne manque ?
Neila Czermak Ichti et Baya s’exposent pour que « Rien ne manque », avec la participation d'élèves de CE1-CE2 et CM1-CM2 des écoles élémentaires Jean-Macé et Marie-Soboul.
« La ville de Nîmes avait la volonté de proposer un événement culturel nouveau, moderne et capable d’intéresser un large public. La Contemporaine de Nîmes n’est pas un événement hors-sol, mais un projet sur mesure, issu du territoire, pour les Nîmois et les visiteurs, à la fois ambitieux et audacieux », avouait Sophie Roulle, adjointe déléguée à la Culture de la ville de Nîmes.
La programmation de la première Contemporaine de Nîmes a pour point de départ une grande exposition intitulée « La Fleur et la Force », mais se déploie sous la forme d’un parcours en centre-ville et se compose de douze projets artistiques dans autant de lieux : musées, lieux culturels, sites patrimoniaux, espaces publics…
Érigé entre 1903 et 1907, le Musée des Beaux-Arts de Nîmes possède une collection de 3 800 œuvres présentées selon un parcours chronologique et géographique. L'atrium présente les grandes toiles du cycle de l'histoire de Marc-Antoine et Cléopâtre, réalisées par le peintre Charles Natoire au milieu du XIXe siècle. La galerie supérieure abrite, d'une part des tableaux italiens du XIVe au XVIIIe siècle, et d'autre part les peintures flamandes et hollandaises du XVIe et XVIIe siècles, ainsi que des peintures françaises du XVIIe siècle.
C'est un dialogue artistique intergénérationnel exceptionnel qui prend place au Musée des Beaux-Arts de Nîmes. La jeune peintre Neila Czermak Ichti expose aux côtés de l'une de ses artistes préférées, Baya, icône de la peinture algérienne décédée en 1998, dont une trentaine de gouaches de différentes périodes sont rassemblées pour l'occasion.
Neila Czermak Ichti a réalisé en réponse un nouvel ensemble de peintures et de dessins. L'installation met en lumière les techniques et les sujets qu'elles ont en commun, notamment leur amour pour la vibration des couleurs, la musique, les contes, ainsi que la représentation d'une enfance infinie, de femmes dans différents contextes et environnements, ou de mondes peuplés d'étranges chimères et animaux fantastiques, à la fois compagnons et alter egos. Le paysage onirique et immersif qui en résulte permet de poser un nouveau regard sur l'œuvre de Baya, qui se révèle, au contact de la jeune artiste, étrange, mélancolique, complexe.
À rebours de l'aspect « joyeux », « naïf » et « merveilleux » auquel elle est encore souvent associée. Un mobile composé d'un bestiaire fantastique a également été réalisé par des élèves d'écoles élémentaires de Nîmes, avec l'accompagnement de Neila Czermak Ichti et en écho à l'univers de Baya, pour que le rêve se prolonge.
Née en 1931 et décédée en 1998, Baya, de son vrai nom Fatma Haddad, est une pionnière de la peinture algérienne. À l'âge de 12 ans, elle emménage chez Marguerite Caminat, peintre française à Alger chez qui elle commence la peinture sur gouache. En 1947, une première exposition dans la galerie parisienne d'Aimé Maeght attire l'attention des surréalistes.
Ses œuvres, où se multiplient les effets de répétition, reprennent des motifs récurrents tels que des femmes musiciennes, ou de fabuleux oiseaux multicolores. Elle bénéficie de nombreuses expositions personnelles et collectives à Alger comme en France et marque durablement le paysage artistique algérien, ainsi que l'imaginaire de la diaspora algérienne, jusqu'à aujourd'hui. En 2023, une large rétrospective de son travail est accueillie par l'Institut du Monde Arabe (Paris) et le Centre de la Vieille Charité (Marseille).
Née à Bondy en 1996, Neila Czermak Ichti est quant à elle une artiste française qui vit et travaille à Marseille. Diplômée de l'École des Beaux-Arts de Marseille, elle a participé à des expositions collectives au CAC Brétigny (Brétigny-sur-Orge), à la galerie Edouard Manet (Gennevilliers), au MO.CO. (Montpellier), au centre d'art de la Villa Arson (Nice), à La Villette (Paris), ou encore aux Magasins Généraux (Pantin). Résidente de la 1re promotion d'Artagon Marseille (2021-2022), elle est artiste associée de Triangle - Astérides (Marseille) en 2024.
Par le dessin, la peinture, et l'installation, elle décrit celles et ceux qui l'entourent. Les scènes qu'elle représente revêtent des dimensions magiques, invisibles et fantastiques, nourries de références à la pop culture et au cinéma. Elles expriment également leur force surnaturelle par le contraste électrique de plages sombres et de rehaussements aux couleurs acidulées.
Celle qui aime rappeler que son prénom à l'envers signifie « alien » transmet dans ses œuvres son amour pour sa famille, héréditaire et de cœur, peuplée d'amis et de personnages fictionnels, acolytes de ses vies réelles et rêvées. Neila Czermak Ichti est représentée par la Galerie Anne Barrault (Paris), ou elle a bénéficié d'expositions personnelles en 2021 et 2023.
À voir au Musée des Beaux-Arts, rue de la Cité Foulc, jusqu’au 23 juin 2024, puis prolongé jusqu'au 6 octobre, du mardi au vendredi de 10h à 18h, les samedis et dimanches de 10h à 18h30. Fermé le 1er mai.