Le bruit des marteaux frappant sur les burins est assourdissant. C'est à peine si Aurore, Marwane, Ahmed et Zakaria y prêtent attention, ils restent en tout cas impassibles. Leur seule satisfaction est, semble-t-il, de voir les premiers morceaux d'enduit au ciment tomber. Leur travail commence à peine dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul, seul vestige de l'Hôtel Dieu de Saint-Gilles.

"Je suis fier de participer à ce chantier, c'est ma ville ça me fait plaisir", indique Zakaria. Et le même d'ajouter rieur : "Et peut-être que mon nom sera gravé quelque part ?" Le Saint-Gillois âgé de 20 ans s'apprête à s'engager dans la Marine nationale, il passera les tests dans le courant du mois de décembre. Zakaria comme ses trois camarades, participe au dispositif Chantiers éducatifs, mis en oeuvre par Bonjours Groupe Présence 30. Le quatuor est encadré par Aïcha Bouziouane, cheffe de chantier et membre du réseau associatif. 

"C'est la troisième fois que nous travaillons sur le patrimoine et c'est une bonne chose, ça prend du sens pour eux en termes de citoyenneté. Ces chantiers peuvent déclencher quelque chose chez eux. Ces jeunes, issus des quartiers prioritaires de la Politique de la Ville, s'interdisent de pousser certaines portes. Ce dispositif lors duquel ils sont rémunérés, leur permet de rencontrer du monde, d'établir un réseau, de sortir de l'isolement pour certains", explique Aïcha.

Avant de passer à la pratique, les quatre participants ont assisté à une réunion de présentation de l'histoire de la chapelle Saint-Vincent-de-Paul et des spécificités du chantier à mener, à la Maison des Projets à Saint-Gilles, en présence de son responsable, Benjamin Werkoff, Brigitte Salama, conseillère municipale en charge du programme de réussite éducative et Géraldine Breuil. L'adjointe au maire en charge du patrimoine et de la rénovation du centre historique souhaite organiser une rencontre entre ces jeunes et des Compagnons du devoir lesquels prendront la suite de ce chantier après l'intervention d'Aurore, Marwane, Ahmed et Zakaria.

Ceux-là ont quatre semaines pour décrouter les murs dégradés par l'humidité, en démarrant sur le premier mètre en partant du sol "par rapport aux remontées capillaires", précise Benjamin Werkoff. Et de poursuivre : "Il faut retirer l'enduit au ciment pour que les murs respirent." La restauration se poursuivra dans quelques mois. In fine, cette chapelle s'inscrira dans un parcours touristique dédié à la mise en valeur du patrimoine de la ville. Et le nom des quatre participants à ce chantier éducatif sera gravé sur une plaque signalétique. Zakaria a ainsi la réponse à sa question !