RUSSAN Lilian Euzéby s'expose en toute intimité
Lilian Euzéby invitait ses proches et leurs amis pour une soirée spéciale dans sa maison-atelier de Russan. Exposition de ses oeuvres, naturellement, mais aussi lecture et musique étaient au menu d'une vraie soirée de partage, chaleureuse et conviviale.
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Comme il le dit bien volontiers lui-même, Lilian Euzéby "dessine des paysages et lit beaucoup trop." Belle et concise définition. Enfant, il passait déjà de longues heures à construire des décors et des mondes plausibles pour ses petits soldats que le jardin familial peinait à contenir. Le pitchounet a bien grandi (c'est son dos qui le dit) mais ses jeux d'enfants sont restés les mêmes. "Ma relation au temps et au monde, nourrie de mes lectures, s'est simplement un peu développée et élargie."
Dans cette maison de Russan, où a vécu une ribambelle d'Euzéby de génération en génération, le visiteur peut ressentir l'histoire. Leur histoire, l'histoire dans laquelle le jeune Lilian est devenu grand. À deux pas il y a aussi et bien évidemment, la grotte de Baume-Latrone et les méandres des gorges du Gardon. Autant de motifs d'inspiration.
"Il faut s'approcher des œuvres de Lilian Euzéby. On suit alors les chemins dessinés par les jus de couleurs. Ils sont des guides qui nous conduisent jusqu'aux mots inscrits sur la toile, tels des graffitis sur une paroi originelle. Dans l'œuvre de Lilian Euzéby, l'écrit donne les clefs pour appréhender le paysage mais il peut aussi bouleverser les limites traditionnelles de l'espace et du temps", peut-on lire dès l'entrée. Un conseil avisé car l'artiste invite à un vrai petit un vovage dans l'espace et le temps.
"Le spectateur curieux pourra ainsi se perdre dans un parcours étrange, mélancolique parfois, construit sur des paysages déroutants et métaphysiques où le présent, le futur et le passé se superposent et se confondent. Les feuilles, les arbres et leurs ombres, sont au cœur de ces paysages comme ils sont au centre des questionnements de l'artiste. Et aux yeux de Lilian Euzéby, le ciel, les étoiles et les pierres peuvent en être un reflet évident."
Une question taraude le bonhomme. Sous ses airs de dandy dégingandé le temps l'intrigue. Quelle est sa couleur ? A-t-il une couleur ? Le temps, son cycle, sa transparence fluidifiée par la modernité, son opacité contrainte et historique.
Mais le temps, c'est aussi ce que l'en fait. "Les territoires parcourus et les souvenirs de lecture, les cartographies réelles ou imaginaires, les choses vues ou entrevues, les ruines et les dieux, les étoiles et les chemins, l'ivresse et le sommell, l'écriture et la poussière, les pierres et les paroles." Lilian Euzéby connaît bien la peinture et son histoire. Il l'étudie depuis plus de trente ans et ses œuvres se doivent d'être envisagées comme lorsqu'on regarde au dessus d'une rivière, on y voit d'abord l'eau, puis le reflet des arbres. "En observant un peu plus attentivement on distingue le fond de la rivière, les cailloux, les algues ondulantes. On devine alors un peu de sa profondeur, on commence a comprendre et puis on est ébloui par le reflet du ciel infini."
De La source du Rhône à d'Un infini à l'autre en passant par Le jardin fermé, L'ancienne route, L'eau silencieuse de l'Occident, Aux fils des heures, Pegase dans le ciel de Leucate ou encore En Crête, un labyrinthe, un soixantaine d'oeuvres, toutes majeures, étaient visibles.
La visite débutait de l'entrée transformée en pièce d'encadrements puis filait vers une cheminée et une salle cosy, remontait par les escaliers pour s'engouffrer dans une chambre obscure. Enfin, retour à la lumière avec un passage obligatoire par le bureau-bibliothèque et un final au coeur de l'atelier. Des travaux qui s'étalent sur quelques années mais dont les dernières productions font écho à la mythologie, aux mers de Méditerranée et aux couleurs qui vont avec. Le visiteur pouvait également retrouver les fameuses "siestes" de Lilian.
Il est fort rare de voir ceci et il est très agréable de vivre ces moments privilégiés.