MARCOULE La sous-traitance de l’informatique du CEA inquiète la CGT
C’est une procédure classique dans la sous-traitance mais qui a, d’après l’union locale Bagnolaise de la CGT, d’importantes conséquences à plusieurs niveaux.
Récemment, le CEA Marcoule a acté le changement de prestataire pour son infogérance, à savoir la gestion de son parc informatique, à la faveur d’un appel d’offres.
« C’est brutal, inopérant, les salariés sont traités comme de la merde »
S’il n’y a rien d’irrégulier, la CGT monte au créneau : « on a été alertés par des salariés qui trouvent choquant qu’on les remettent tous les trois ans à zéro », explique le secrétaire de l’UL Bagnols de la CGT. Concrètement, le syndicat soutient que lors du changement de sous-traitant, les employés en place ont été approchés par les nouvelles entreprises choisies, SPIE et SOGETI, avec un choix simple et clair : « partir ou baisser leur salaire. » Et ainsi renoncer aux augmentations déjà obtenues lors du précédent contrat. Le délégué syndical CGT du CEA Marcoule Patrick Revol évoque « une perte de 4 à 5 000 euros de salaire annuel brut pour certains. »
La CGT évoque « entre une dizaine et une quinzaine de salariés pas repris sur 36. » Alors « sans faire de l’ingérance, on dit au CEA qu’ils ne peuvent pas s’en laver les mains. C’est brutal, inopérant, les salariés sont traités comme de la merde », s’emporte Patrick Lescure. « Humainement ce n’est pas possible, et pour le site, ce n’est plus possible de perdre des compétences », poursuit-il, enfonçant un deuxième coin.
« On est un site nucléaire, il y a des risques, et quand on renouvelle le personnel on multiplie les intervenants, explique Patrick Revol. Ce sont autant de personnes qui connaissent le site. » Pour son homologue Bernard Coeur, le danger réside plus dans un éventuel vol de données, « le coeur de notre savoir. Certaines données sont classées confidentiel défense. »
Le CEA répond
Face à cette situation, la CGT demande « une clause de maintien des compétences » et s’est fendue d’une lettre ouverte à la direction du CEA Marcoule. Une direction qui a répondu que le CEA appliquait « les dispositions légales » et qu’en l’espèce, ce marché avait fait l’objet « d’une validation préalable par une Commission consultative des marchés composée de représentants de l’Etat. » Concernant les compétences, le CEA indique avoir demandé au futur titulaire du marché « une matrice de compétences destinée à vérifier l’adéquation des profils et compétences avec les prestations à exécuter. » Enfin, sur la politique salariale, le CEA affirme que le prestataire lui a indiqué « ne pas avoir appliqué de politique salariale spécifique pour les salariés repris », qui seraient donc traités comme les autres.»
Dans sa réponse, le directeur du CEA Marcoule Philippe Guiberteau propose à la CGT une rencontre. Elle devrait avoir lieu prochainement.
Thierry ALLARD