LES GARDOIS AUX JO Tokyo 2020 : de la gratitude pour Desbonnet, des larmes pour les Égyptiens
Si Michaël Guigou est revenu de Tokyo avec une troisième médaille d’or, il n’est pas le seul Usamiste à avoir participé à ces Jeux Olympiques. En tant que gardien réserviste de l’équipe de France, Rémi Desbonnet n’est pas considéré comme médaillé olympique et a vécu une aventure particulière enfermé à l’hôtel. Quant aux deux Égyptiens, Mohammad Sanad et Ahmed Hesham, la déception d’avoir échoué au pied du podium reste intacte. Retour sur cette expérience mitigée.
Pour aller chercher la troisième médaille d’or de l’équipe de France de handball aux Jeux Olympiques, Guillaume Gille avait sélectionné un effectif de 15 joueurs dans lequel se trouvait le capitaine Michaël Guigou ainsi que deux réservistes. Parmi eux, Romain Lagarde et le Nîmois Rémi Desbonnet. Si le premier a eu la chance d’intégrer le groupe au cours de la compétition, ce n’est pas le cas du gardien âgé de 29 ans. Une aventure particulière achevée sans médaille et donc sans le statut de champion olympique. "Je n’ai pas de frustration mais avant tout de la gratitude d’avoir pu participer à ce moment-là, ça reste une expérience incroyable. J’ai vécu mon aventure comme je devais la vivre", confie l’intéressé.
Une aventure qu’il a vécu principalement seul dans une chambre d’hôtel de 12 m2 où il prenait même ses repas au début car l’accès aux parties communes de l’établissement (restauration, salle de musculation) lui était interdit compte tenu du protocole sanitaire en vigueur au Japon où les JO se sont déroulés à huis clos. "Chaque jour était une lutte pour gratter un petit quelque chose en plus. À deux jours de la fin j’ai réussi à avoir une accréditation", pour accéder enfin au village olympique. Une expérience délicate avec la possibilité à tout moment de passer du rêve à la réalité en cas de blessure des gardiens titulaires. "La seule frustration c’est que l’on ne nous donne pas tout de suite les bonnes conditions pour s’entraîner. Il a fallu se battre pour courir une heure sur un tapis avec la crainte de se dire, si je rentre et que je ne suis pas au niveau, ça va mal se passer."
Une victoire par procuration
Des activités sportives à l’hôtel qu’il a dû faire masqué. Heureusement pour l’Usamiste, la bouffée d’oxygène intervient lors des entraînements et des matchs où Rémi est présent avec le collectif. "Je me souviens d’une séance à 200 shoots avec Micka (Guigou) qui revenait d’une blessure à son ischio. Je jouais aussi les petits yeux de l’équipe en allant voir les matchs de nos adversaires." Un moment particulier pour Rémi qui a fait partie d’une équipe victorieuse sans avoir pu de manière officielle apporter sa pierre à l’édifice.
Une joie mesurée d’un côté et de la tristesse de l’autre pour qualifier l’épopée égyptienne. C’est avec un titre de champion d’Afrique et une place de quart-finaliste au dernier mondial que les Pharaons ont débarqué en Asie avec l’ambition d’aller chercher une médaille. Ils ont échoué de justesse. Après le neuvième rang à Rio, où Sanad disputait ses premiers JO, l’Égypte a terminé à une très honorable quatrième place faisant de cette sélection la première du sol africain à atteindre le dernier carré d'une olympiade. Une performance historique durant laquelle la bande à Hesham, la pépite nîmoise de 21 ans, a notamment battu des nations reconnues comme la Suède et l’Allemagne.
"Prouver au monde que l'on faisait partie des meilleurs"
Deux semaines après, la déception est encore grande pour "Momo" car la breloque était très proche. "Pour moi, c’est dur car on a cru que l’on pouvait y parvenir mais on n’a pas eu de chance dans le money time", regrette-t-il. Outre la frustration, son jeune compatriote a encore des étoiles dans les yeux : "C’était un rêve de jouer les JO. Après la dernière Coupe du monde, nous voulions prouver au monde que l’on faisait partie des meilleurs. Et je suis heureux car nous l’avons montré." Un exploit qui a valu un retour chaleureux au pays et un accueil du ministre des Sports avant de prendre des vacances bien méritées.
Coïncidence que seul le sport réserve, ce sont les Bleus qui ont éliminé les Égyptiens en demi-finale (27-23). "Je garderais en tête l’aspect émotionnel avec d'un côté mes coéquipiers en club et de l'autre mon pays. Ça a été un match assez particulier avec des émotions ambivalentes. C’était cool de se retrouver à la fin du match avec les Égyptiens et en même temps de profiter de la joie dans le vestiaire français", commente Desbonnet venu consoler Sanad, comme on peut le voir sur la photo ci-dessus (en haut de l’article). "Il faut en passer par-là et rater deux ou trois demi-finales avant d’aller chercher ce titre. Nul doute que ça va leur servir pour aller chercher quelque chose de plus grand même s’ils méritaient de repartir avec le bronze. L’Égypte fera partie des équipes qui vont compter aux prochains JO", réagit la légende Guigou, triple médaillé d’or.
Paris 2024, les trois Nîmois ont déjà les yeux rivés sur cet événement et espèrent vivre une nouvelle aventure avec cette fois-ci des médailles au bout. "Il y a un goût de reviens-y. Je suis quelqu’un qui manque rarement d’énergie, j’ai fait le plein pour dix ans même si je l’ai vécu un peu par procuration. L’image que je garde vraiment c’est de voir les émotions que les JO peuvent procurer aux plus grands : Guigou, Karabatic et Abalo. Tu vois à quel point ça compte, ça te donne envie de combler le petit écart pour y revenir et les gagner. Car quand on ne ramène rien, ça n’a pas la même saveur", conclut Desbonnet. Ce n’est pas Sanad et Hesham qui diront le contraire.
Corentin Corger