Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 30.09.2016 - abdel-samari - 5 min  - vu 291 fois

FAIT DU JOUR Le préfet du Gard à coeur ouvert: Radicalisation, migrants, gare de Manduel

Une fois n'est pas coutume, le Préfet Didier Lauga a convié la presse à un déjeuner presse afin d'échanger en toute liberté sur les divers sujets de la rentrée. Radicalisation dans le Gard, charte Anti-migrants à Beaucaire, dispositif d'accueil des réfugiés de Calais, hausse du chômage, gare TGV de Manduel et sécurité routière. 

La radicalisation dans le Gard : 200 personnes fichées.

Sous une forme originale, Didier Lauga, a souhaité inviter la presse locale à un déjeuner de travail afin de balayer toute l'actualité gardoise et répondre aux interrogations des journalistes. Premier sujet sur la table : la radicalisation dans le Gard. Au détour de la conversation, le Préfet révèle l'existence d'une réunion tous les 15 jours avec le parquet de Nîmes et Alès afin de débattre de l'évolution de la situation dans le département. A ce jour, environ 200 personnes sont identifiées et recensées dans un fichier lié au terrorisme. Un fichier établi auprès du numéro vert Stop Djihadisme et des remontées notamment du ministère de l'éducation nationale. Il ne s'agit pas du fameux fichier S dont toute la classe politique se fait l'écho mais l'inquiétude demeure tout autant avec une proportion d'individus supérieure à la moyenne des départements voisins. "Le Gard comptant 750.000 habitants environ, on peut s'étonner que le département de la Haute-Garonne, constitué de 1.5 millions d'habitants, compte le même nombre d'individus fichés" glisse Didier Lauga. Autre révélation : les perquisitions cet été, après des indications précises, de deux salles de prière salafiste à Alès et Bagnols. Perquisitions qui n'ont rien donné.

Charte "Anti-migrants" à Beaucaire : "Beaucoup de bruit pour rien"

Deuxième sujet au cœur de l'actualité : l’adoption de la charte "ma commune sans migrants" par la ville de Beaucaire. Le Préfet du Gard ne mâche pas ses mots envers Julien Sanchez et le Front National en général : "cette charte ne sert à rien, c'est beaucoup de bruit pour rien. A titre personnel, cette charte est choquante, elle n'a pour intérêt que de faire de la publicité à M. Sanchez". Plus technique, il explique ne pas avoir encore reçu la délibération concernée mais avoir pris connaissance de la fameuse "charte" dans la presse. "Pour que je puisse déférer devant le Tribunal Administratif, il faut que cette charte crée un acte qui fasse grief. En tout état de cause, cette charte n'est qu'une déclaration d'intention, il n'y a donc pas a priori matière pour saisir le TA" rajoute le Préfet du Gard. Et de conclure : "Concrètement, il est dit qu'il ne faut pas financer les associations qui accueillent des migrants, c'est déjà le cas à Beaucaire, le maire ne va pas retirer ce qu'il ne donne pas. Ensuite, il est indiqué que la mairie s'opposera à tout projet de création de lieu d'accueil, à ma connaissance, aucun projet à Beaucaire n'est à l'ordre du jour. Et quand bien même un projet se développerait, M. Sanchez n'aurait pas grand chose pour s'opposer".

Dispositif d'accueil des migrants de Calais

Comme pour faire taire tout fantasme, Didier Lauga rappelle que l'accueil des migrants de Calais représente une centaine de personnes tout au plus. "Pour 750.000 habitants dans le Gard, qui d'ailleurs fait de la place chaque année à 7000 nouveaux habitants, je ne suis pas sûr que cela va terroriser la population gardoise," clarifie le Préfet. Cet accueil se fera en collaboration avec les associations locales "très investies sur le sujet". Des logements seront mis à disposition dans tout le département, c'est d'ailleurs déjà le cas actuellement avec l'accueil de Syriens "qui ne posent aucun problème à ma connaissance et sont dans le cadre d'une volonté d'intégration forte" ajoute Didier Lauga. Ces migrants sont aujourd'hui sous statut de réfugiés politiques "et ne sont pas des personnes en situation irrégulières comme peut le laisser penser certains dans le débat hystérique sur le sujet" conclut le Préfet du Gard.

Volet économique : chômage, nouvelle gare de Manduel

L'inquiétude économique sur le département vise un élément en particulier : le chômage qui connaît à nouveau une progression après une décrue ces derniers mois. "Nous sommes le troisième département français avec le taux de chômage le plus haut." Un fléau économique difficile à enrayer pour le Préfet qui ne voit pas pointer à l'horizon "des projets d'installation d'envergure d'entreprises avec des embauches à la clé".

Concernant la nouvelle gare de Manduel, le Préfet rappelle qu'un comité de pilotage aura lieu à Montpellier le 18 octobre réunissant tous les acteurs du territoire (Région, Département, Préfet de région, SNCF, Nîmes Métropole, ...). Pour répondre aux interrogations de Carole Delga sur une potentielle saturation de la gare centrale de Nîmes, une étude est en cours menée par la SNCF. Les résultats ne sont pas connus mais Didier Lauga se satisfait de l'avancement du projet : "L'ensemble des élus se sont mis d'accord sur un préalable : la réalisation d'une troisième voie afin d'accueillir des navettes entre la gare centrale de Nîmes et Manduel. Je viens de recevoir un courrier du ministre des transports, Alain Vidalies et du ministre de l'environnement, Ségolène Royal. Tous les deux expriment quelques éléments d'ouverture pour une participation de l'Etat au financement de cette troisième voie, on avance donc !" Par ailleurs, selon les instructions du ministère des transports, il est clairement demandé d'accélérer le processus de réalisation de cette gare pour une ouverture en 2019 : "Je m'y attelle d'arrache pied, c'est un dossier qui me prend beaucoup de temps. Mais on avance ... D'ailleurs une enquête publique sera lancée tout début 2017 sur le sujet", indique Didier Lauga. Une façon aussi de rappeler que cette nouvelle gare finira par voir le jour ...

Sécurité routière : peut mieux faire

Dernier volet de son intervention, la sécurité routière. Des moyens d'action sont mis en oeuvre depuis plusieurs mois avec davantage de contrôles routiers et plus de communication. Même s'il reconnaît que les résultats sont moins alarmants qu'en 2015 avec moins de morts et d'accidents (19 morts en moins par rapport à la même période en 2015), le Préfet déplore toutefois "l'imprudence et l'irresponsabilité des conducteurs (...) Vitesse, ceinture de sécurité, imprudence ou encore consommation d'alcool et stupéfiants sont le cocktail parfait des accidents et morts sur les routes, on ne le dira jamais assez." Ainsi, les contrôles routiers vont se poursuivre et s'intensifier pour cette fin d'année. Mais une des causes des derniers accidents mortels dans le Gard n'est pas réglé : les sangliers sur les routes. "Des réunions sont en cours avec des agriculteurs et chasseurs du département pour trouver des solutions et multiplier les actions mais la situation n'est pas simple", a-t-il précisé.

Rien de simple et d'évident pour cet ancien Préfet de la Drôme qui depuis neuf mois, à la tête de la Préfecture du Gard, a pris ses marques rapidement et ne regrette pas cette mutation : "Au contraire, j'aime ce département même s'il est empreint à de multiples difficultés." Tout est dit.

Abdel Samari

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio