Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 16.10.2019 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 9174 fois

LE 7H50 du préfet du Gard : « Le Département est condamné à trouver une solution »

Le préfet du Gard, Didier Lauga, Photo : Coralie Mollaret)

Le préfet du Gard, Didier Lauga (Photo : AS/Objectif Gard)

Lundi, les élus du Conseil départemental ont majoritairement refusé de voter une décision modificative de six millions d’euros dédiés au suivi des mineurs étrangers. Une mission pourtant obligatoire de la collectivité… Didier Lauga, le préfet du Gard, apporte son éclairage.

Objectif Gard : Au Département, l’opposition a mis en échec la décision modificative, contenant les aides pour accompagner les mineurs étrangers. Une réaction ?

Didier Lauga : Ce n’est pas un problème spécifique au Gard mais un problème national. La compétence du suivi de ces mineurs est une mission obligatoire qui incombe aux conseils départementaux. Elle est héritée de la DDASS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales). Aujourd’hui, l’accueil des mineurs isolés, qu’ils soient Français ou étrangers, a augmenté de façon considérable dans le contexte géopolitique que l’on connaît. Après, certains départements sont plus restrictifs que d’autres.

« Plus la politique est restrictive, moins il y a de mineurs et donc de dépenses »

Comment se place le Gard ? Est-il restrictif ou laxiste ?

Nous ne sommes pas les plus laxistes. Le Département sert de guichet d’accueil. Les mineurs étrangers, pris en charge par les associations, s’adressent à lui. Charge ensuite à la collectivité d’évaluer s’ils sont mineurs ou non. Seulement, quand il y a un Département un peu plus libéral que d’autres ça se sait et les territoires peuvent vite se retrouver dépassés. En janvier, ça a explosé (1 200 mineurs suivis contre 690 aujourd’hui, ndlr). Denis Bouad a subi des pressions personnelles. Depuis quelques mois, on travaille ensemble.

Comment procédez-vous ?

Nous aurions pu signer une convention, mais ça n’a pas été fait. D’autres départements, eux, l’ont fait. Aujourd’hui, la préfecture appuie le conseil départemental. Nous avons une personne dédiée à la vérification des papiers d’identité. Grâce aux empreintes, on peut croiser les fichiers pour vérifier si la demande d’un migrant a été déboutée dans un autre département. Nous avons beaucoup de faux et ils sont assez bien faits. Certains le sont moins… Par exemple, nous sommes tombés sur un mineur né un 30 février !

Qu’en est-il des tests osseux ?

Ils sont pratiqués sur décision du juge. C’est lui qui décide. C’est assez délicat. Surtout que cette méthode n’est pas fiable à 100% et qu’elle pose parfois des cas de conscience au personnel médical.

Aujourd’hui, les élus de Droite, du Centre et d’extrême Droite estiment que l’État ne compense pas assez cette dépense obligatoire…

Certaines aides de l’État existent. Nous avons interpellé le gouvernement. Après, plus la politique est restrictive, moins il y a de mineurs et donc de dépenses. Nous sommes un département ouvert. Un territoire de passage entre l’Italie et l’Espagne via l'autoroute A9. Le bouche-à-oreille est réel entre les migrants qui savent très bien quel Département est plus accueillant que d’autres.

« Il n’y a pas péril dans la demeure »

La décision modificative étant rejetée, allez-vous reprendre la main ?

Pour l’instant, il n’y a pas péril dans la demeure. Une décision modificative est différente d’un budget qui doit impérativement être voté avant le 31 mars. D’ici à la fin de l’année, Denis Bouad peut trouver une solution. Nous avons des relations étroites et de confiance. J’ai prévu de l’appeler pour savoir comment il évaluait la situation et ce qu’il avait prévu de faire.

De toute façon, qu’il y ait un consensus ou non, ces six millions d’euros seront versés... 

Si le président me dit qu’il est dans une impasse, je prendrai la main. Cette situation ne me paraît pas insurmontable. Concernant la somme, si je suis amené à intervenir, il y aura une évaluation de la Chambre régionale des comptes, pour savoir si ces six millions d’euros sont des dépenses incompressibles. Aujourd’hui, je n’ai pas toutes les clefs, il y a peut-être des marges de manœuvre, des aides de l’État à obtenir… Mais à l’arrivée, ces crédits seront débloqués. Le Département est condamné à trouver une solution.

Propos recueillis par Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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