Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 04.01.2020 - anthony-maurin - 6 min  - vu 20649 fois

NÎMES José Pires décédé, les hommages dessinent un homme entier

Quelques réactions de Nîmois, amis ou connaissances de l'artiste.
José Pirès et Michel Tombereau. DR

Daniel Marcon, à gauche, recevait un oeuvre de José Pirès, ici en 2014. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Le peintre José Pires est décédé la nuit dernière au CHU de Nîmes où il avait été admis vendredi soir suite à un malaise cardiaque. Le peintre, sculpteur et illustrateur était Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Âgé de 64 ans, né à Nîmes et ayant étudié à Rio de Janeiro avant de finir à l'école des Beaux arts de Nîmes puis de vivre dans la cité des Antonin, l'artiste va manquer. Réaction des Nîmois.

Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes et Daniel-Jean Valade, adjoint à la culture, le disent. " C’est avec une immense peine que nous apprenons le décès de José Pirès. Il fut élève de l’école supérieure des Beaux-Arts de Nîmes dont il était diplômé, et où il apprit la gravure avec le maître Jean-Marie Granier membre de l’institut - académie des beaux-arts. José était expert en toutes techniques, dessinateur subtil ; peintre sensible. Il était passionné par les deux symboles de notre sud que sont le taureau et le cheval. Pour être encore plus au cœur de son inspiration, il a longuement tenu à vivre au cœur de cette terre de mirage qu’est la Camargue. José Pirès était un homme de vaste culture il a fait le pèlerinage de Jérusalem et en humaniste il étudiait avec profondeur les textes fondamentaux de notre civilisation. Plusieurs expositions de ces œuvres lui ont été consacrées notamment une importante rétrospective dans ce lieu prestigieux que sont les Invalides. Par deux fois (NDLR 1987 et 2011) il a  signé l’affiche des Ferias de Nîmes. Il a également réalisé une suite bibliophilique sur le thème de Mitra mais aussi donné naissance à un  très joli livre dans la lignée du petit Prince. Si une de ses œuvres traduit sa pensée et son art c’est sans doute ce portrait de l’Abbé Pierre réalisé sous la forme d’une mosaïque placée dans l’environnement de la cathédrale ou il aimait souvent aller méditer. Les artistes ne meurent jamais puisque les œuvres leur survivent, éternellement. "

Françoise Dumas, députée LREM, " Artiste nîmois aux multiples talents, José Pires a su nous éblouir à de nombreuses reprises notamment avec sa mythique affiche pour la Feria de Pentecôte de 1987. Son amour pour la tauromachie et nos cultures gardoises se retranscrivait à merveille dans ses travaux, avec une certaine perfection des mouvements et de la lumière. Nîmes se souviendra de ce grand artiste-plasticien, par sa générosité mais également à travers ses œuvres picturales et sculpturales qui deviendront, sans nul doute, intemporelles. Une pensée émue pour sa famille et ses proches. "

Jose Pires (Photo J.-M.C.)

Yvan Lachaud, président de Nîmes Métropole et ami de l'artiste, " Bien sûr nous pleurons aujourd’hui un grand artiste nîmois. Ses toiles, ses sculptures, ses gravures resteront a jamais dans nos mémoires. Son chant intérieur résonnera longtemps dans nos esprits et se promènera souvent dans nos rêves tant sa vision était onirique et nous ouvrait la porte a des mondes intimes, imaginaires et toujours bouleversants. Bien sûr Nîmes Métropole a tenu a lui rendre hommage de son vivant puisque nous lui avions donné carte blanche lors de l’aménagement du Colisée 3. Ses œuvres monumentales, très végétales pour compenser, disait-il, le côté minéral du bâtiment, apportent une grâce poétique et picturale exceptionnelles. Bien sûr, je pleure aussi un ami. Jose était un artiste hors du commun mais c’était aussi une belle personne. Un homme humble, gentil et très a l’écoute de ses semblables. Un Nîmois aux origines brésiliennes avec qui on avait toujours plaisir à converser, à échanger. On grandissait a ses côtés. Adieu l’artiste ! "

Pour Michel Hermet, patron du Wine Bar et très impliqué dans le vin français, " Un grand artiste nous quitte.. un humaniste s’en va prématurément et nous plonge dans la tristesse ..Nîmes est endeuillée par cette disparition ! "

Eddie Pons, dessinateur ne mâche pas ses mots. " J'ai beaucoup de tristesse, c'est un gars qui faisait partie, depuis 40 ans que je suis à Nîmes, de ma vie. Il fait partie de mon parcours artistique car je l'ai connu à mon arrivée. Il était très connu, fulgurant en feria, il m'a soutenu. Il était l'ami de Michel Gilles, lui aussi mon ami, un grand ami. On se voyait très souvent à cette époque. Je l'ai vu pour la dernière fois au Petit Moka pour un vernissage en décembre dernier.... C'est un artiste qui a une certaine générosité dans son travail. Il a fait beaucoup sur les toros et, même dans ce qu'il faisait actuellement il était bien. C'est un artiste ouvert aux autres, une bonne patte, un mec pas hermétique. J'ai eu le plaisir d'illustrer son affiche des Ferias 2011 par ma contre-affiche. "

Sous les yeux de José Pirès, Claude Viallat explique son travail au CHU en 2016 (Photo Anthony Maurin).

Jérôme Puech, candidat aux élections municipales 2020, " Je suis très triste de la disparition soudaine de José Pires. C’était un être très attachant. Je l’aimais beaucoup. Il aimait profondément Nîmes et les Nîmois. Son talent artistique était reconnu de tous. Il laisse derrière lui beaucoup d’œuvres extraordinaires. Son père brésilien jouait au Nîmes olympique ! Je demande à la ville de lui rendre un bel hommage car aujourd’hui, Nîmes perd l’un de ses plus illustres enfants chéris. "

Pour Catherine Bernié-Boissard, conseillère municipale d'opposition, " José Pirès nous quitte trop tôt, comme avant lui Michel Gilles, nous laissant nostalgiques d'un geste artistique léger et singulier. Qu'on le connaisse, le côtoie, ou qu'on apprécie simplement ses œuvres, on regrette l'ami, le créateur, l'artiste engagé dans la cité. "

Jérôme Privat, avocat, aficionado a los toros et amateur d'art n'hésite pas. " Jose Pires c’est le peintre nîmois par définition avec un attachement profond à la tauromachie. En tant qu’aficionado c’est cette partie de son travail qui m’a le plus touché et intéressé. Jose Pires considérait la corrida à sa juste valeur " comme un drame ", " c’est un travail sérieux ", " lorsqu’on représente les gens en piste, il faut le faire avec une certaine noblesse. " Un artiste qui part c’est toujours triste, avec José Pires c’est le cas et d’autant plus qu’il était proche, tout Nîmois avait pu le croiser au centre ville. "

Stéphane Kochoyan, très impliqué dans le domaine du jazz et de l'art, " J'ai connu José Pires à l'époque du Nîmes Jazz Festival qui se jouait dans les arènes de Nîmes, à l'époque c'était simple les arènes accueillaient uniquement la tauromachie, le jazz et Carmen... J'étais lycéen et il était mon aîné d'un peu plus de 10 ans, il était très attentif à mon envie de devenir pianiste... Avec son esprit altruiste, sa gentillesse, son sérieux dans le travail, l'engagement, son humour, de l'écoute nous avions sympathisé et commencé à développer une amitié. Un je-ne-sais-quoi indescriptible qui relie les gens les uns aux autres, et qui fait qu'on s'apprécie tranquillement et qu'on aime à se trouver parfois par hasard dans la cité nîmoise... Il laisse, bien-sûr, un travail remarquable qui est celui d'un artiste bien dans sa ville, dans sa région, dans sa culture, avec une inspiration originale, un style personnel qui fait qu'on le reconnaît immédiatement, comme c'est le cas des grands artistes. Un peintre apprécié chez lui certes mais partout où il à pu exposer dans le monde et toujours avec un certaine humilité. J'avais adoré le retrouver au Boucanet au Grau-du-Roi pour des parties de pétanque... "

Il y a cinq ans, José Pires annonçait...  " Mes chers amis. Comme beaucoup d'artistes qui sont en quête d'absolu, je fais partie de cette " vague " d'artistes qui se situent entre le " Classique " de par ma formation de base, la " Nouvelle figuration " de par ma formation de deuxième cycle, la " Figuration narrative " de par les choix qui se sont inscrits dans mon parcours de recherches picturales, ou encore la peinture dite " de genre ", plus intimiste et qui permet d'aborder certains sujets sous un angle "intériorisé ", comprenons par là , plus " familial " dans le choix des " scènes " représentées . Il ne s'agit là bien sur que d'une approche succincte de mon travail. Il se trouve que la vie d'artiste est également liée à la vie d'homme, et, de ce fait, les bouleversements de l'une influencent naturellement les actes et les choix de l'autre. Dans les livres d'histoire de l'Art, ces changements ou bouleversements d'un état, se nomment communément " Périodes ". Périodes souvent associées à une " couleur ", ou une époque particulière " d'avant ou d'après ". Donc, ces petits " bouleversements " ne sont finalement que la suite logique d'une vie d'artiste très complexe, en quête d'une vie d'homme toute simple. Je vous raconterai ce " choix " dans une lettre ouverte prochainement. Je vous offre ce petit dessin pour accompagner votre soirée (détail d'une toile avant la mise en couleurs). À très bientôt, je vous souhaite une bonne soirée. JOSÉ PIRÈS "

Il y a plus de trois ans, pour une exposition au CHU pour l'opération Octobre Rose, José Pires disait, " Ma mère a été soignée ici et vous êtes des saintes, participer à ce genre d'événement est toujours flatteurs et si on peut aider on le fait... On le fera jusqu'au bout ! "

Anthony Maurin

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