Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 29.01.2020 - marie-meunier - 3 min  - vu 2124 fois

GARD Risque inondation : comment éviter le drame dans les campings ?

Le Vallat d'Aiguèze, qui jouxte le camp, s'est transformé en torrent (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le président de l'agglomération du Gard rhodanien, Jean-Christian Rey, et le président du syndicat mixte AB Cèze, Benoît Trichot, lors de la réunion à Goudargues sur la prévention des inondations et protection des biens et des personnes. (Marie Meunier / Objectif Gard)

"Prévention des inondations et protection des biens et des personnes" : tel était l'intitulé de la réunion qui a eu lieu ce mardi 28 janvier à la salle des fêtes de Goudargues. Plusieurs dizaines d'élus et de membres d'associations étaient présents pour parler de ce risque que les habitants connaissent trop bien dans le bassin. 

Dans l'assemblée, il y avait bien sûr René Fabrègue, le maire de Saint-Julien-de-Peyrolas, commune particulièrement meurtrie par la crue du 9 août 2018 puisqu'un homme était mort. Lorsque l'édile prend la parole, l'émotion est encore palpable dans sa voix : "Quand on est confronté à un tel événement, on ne sait pas comment le prendre... À 9 heures du matin, on est allés avec mon premier adjoint sur les zones inondables, les terrains privés et même les campings qui ne sont pas là habituellement."

Malgré son injonction de quitter les lieux, le groupe de touristes allemands reste, ne prenant pas la mesure de l'événement. Alors même que "les gamins étaient assis sur les tables pour ne pas se mouiller les pieds". Lorsqu'ils sont revenus, les enfants "étaient accrochés aux branches". Le corps sans vie de l'accompagnant a été retrouvé quelques jours plus tard. La question brûlait les lèvres de René Fabrègue : quel pouvoir a-t-il en tant que maire pour évacuer les gens ?

Le 9 août 2018, une importante crue avait touché plusieurs communes notamment Saint-Julien-de-Peyrolas où une victime est à déplorer. (Photo archives : Thierry Allard / Objectif Gard)

Jean-Christian Rey, le président de l'agglomération du Gard rhodanien, a tenu à le rassurer : "Le maire a le pouvoir de police qui permet de le faire mais quand on tombe sur des étrangers, c'est un cas particulier. Quand tu t'adresses aux riverains, ils t'écoutent." Pour Gabrielle Cespedes, représentante de l’hôtellerie de plein air en Languedoc, cette barrière de la langue est un vrai frein : "Dans mon camping aux Sablières, à Saint-Privat-de-Champclos, on parle toutes les langues européennes et on utilise le traducteur du téléphone." Elle aussi avait dû évacuer une vingtaine de caravanes le 9 août 2018 pour qu'elles ne soient pas emportées dans les flots de la Cèze, qui avait atteint sept mètres.

Tous ces éléments seront pris en compte pour l'application du prochain Papi (Programme d'actions de prévention des inondations) en 2022, porté par le syndicat mixte AB Cèze. Un outil utile se basant notamment sur la surveillance, la prévision, la conscience du risque, prise en compte dans l'aménagement, travaux de réduction des vulnérabilités, préparation à la gestion de crise...

Les campings sont particulièrement exposés au risque de submersion sur le bassin. 46 campings se trouvent en zone inondable, soit 4 000 emplacements. "Il y a des dérèglements climatiques. Des problématiques d'évacuation en plein été, ça ne devrait pas exister. Pourtant, ça existe", commente Jean-Christian Rey.

Un automate d'appels pour avertir les personnes vulnérables

notamment les gérants de camping

Alors comment éviter qu'un tel drame se reproduise ? Et pour limiter les dégâts matériels ? "Dans le bassin, il y a deux territoires : l'Agglomération du Gard rhodanien et le Sud Ardèche. Avec l'Agglo, on était en avance grâce à la société Prédict et l'automate d'appels qui prévient rapidement les gérants de camping. On veut généraliser le système à toutes les communes du bassin", explique Benoît Trichot, président de l'AB Cèze et maire de Montclus. L'un des grands projets serait de donner la double fonction au barrage de Sénéchas : soutien d'étiage au printemps pour subvenir aux besoins en eau pour l'agriculture et garder la fonction de réduction d'inondation à l'automne. De quoi mieux gérer les flots selon les saisons.

Autres outils de prévision des inondations : le PCS (plan communal de sauvegarde) qui va concerner toutes les communes gardoises du bassin d'ici deux ans pour après avoir le PPRI (plan prévention du risque inondation)  mais aussi le site Vigicrues, qui mesure la hauteur des cours d'eau et dont découlent les niveaux de vigilance (du jaune au rouge). Encore un sigle: les APIC (avertissements pluies intenses à échelle communale). La commune de Laudun-l'Ardoise avait aussi participé à un exercice de simulation de crise en mai dernier.

Pour l'agglo du Gard rhodanien, pour mieux anticiper et gérer les crises, il faut se souvenir. Il y a eu le 9 août 2018 mais aussi la crue de 2002 qui a touché 79 communes. La plus importante enregistrée. La formation des élus est donc essentielle. Si l'eau ne s'arrête pas en cas de crue, la connaissance du terrain, elle, doit croître.

Marie Meunier

En chiffres

111 communes sont inclus dans le bassin soit 110 000 habitants.

Dans ce territoire, 21 500 personnes vivent en zone inondable, ce qui représente 11 500 logements. Il y a aussi 20 écoles, 650 entreprises et 350 km de route.

Toutes les communes ont fait objet d'un arrêté CATNAT (catastrophe naturelle).

100 repas par jour sont préparés en supplément et peuvent servir à nourrir les personnes rescapées d'inondations.

Marie Meunier

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