Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 27.02.2020 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 838 fois

LE 7h50 d’Hervé Giély : « Aujourd’hui, le recyclage est en danger ! »

Hervé Gièly, président du Sitom (Photo : Coralie Mollaret)

Papier, bois, plastique… À la veille de la visite de l'écologiste Yannick Jadot, le président du Sitom Sud Gard (Syndicat de gestion et traitement des déchets), Hervé Giély, s'inquiète des filières de recyclage qui ont du mal à écouler leurs matériaux. 

Objectif Gard : L’incinérateur est un enjeu des municipales nîmoises. À terme, les écologistes veulent le fermer, expliquant qu'il est trop polluant. Qu’en pensez-vous ? 

Hervé Giely : Polluant ? Les écologistes ne connaissent pas leur dossier ! On est en-dessous des normes européennes qui sont déjà draconiennes. Celles-ci fixent les émissions de dioxines et de furanes à 0,1 nanogramme. Or, nous sommes à 0,016 nanogramme. La semaine dernière, nous avons eu un suivi de la préfecture qui a contrôlé les données de l'institut indépendant INERIS (Institut national de l'environnement industriel et des risques). Les relevés indiquent que nous sommes bien au-dessous des normes et ce dans un rayon de 10 km.

Vous êtes donc pro-incinérateur ? 

Que l’on me prouve que l’incinérateur n’est pas la moins mauvaise des solutions pour éliminer les déchets ! Quand on incinère, ce sont les déchets ultimes. Après, bien sûr que nous faisons de la prévention : nous avons sensibilisé l'an dernier 4 500 personnes à la gestion des déchets et au recyclage.

Le meilleur déchet, c’est celui que l’on ne produit pas. Quelles mesures peuvent être mises en place pour inciter les administrés à alléger leur poubelle noire ? 

Nous, notre mission est de traiter les déchets que nous recevons. En ce qui concerne les déchets que l’on ne produit pas, nous travaillons avec l’association "zéro déchet", Lulu Zed qui préconise l’utilisation du vrac ou de l’emballage unique. 

Concernant le tri sélectif, pourquoi les quartiers de Valdegour et Pissevin à Nîmes sont-ils privés de cette démarche ? 

Le Sitom n’est pas responsable. C’est un problème qui concerne l’Agglomération de Nîmes métropole et notamment relève de la délégation du ramassage des ordures ménagères. On a eu trois opérations concluantes dans le quartier de Sabatot à Saint-Gilles ainsi qu'au Chemin-Bas et à Pissevin, à Nîmes. Mais encore une fois la collecte, ce n’est pas moi… 

Quelle est l’évolution du recyclage dans les communes du Sitom ?

Il y a un problème… Aujourd’hui, le recyclage est en danger. Notre aire de stockage pour le papier est quasi pleine. En 2019, le coût du papier a chuté de 50% et là, on est à zéro. Ça nous rapporter rien. Concernant le bois, nous n’arrivons plus à écouler notre stock en Italie puisque la plus grosse société vient de fermer. Si on payait 62€ la tonne de bois, aujourd’hui on paie 86€. Concernant les plastiques, avec le coût du pétrole qui est assez bas, certaines entreprises vont se tourner vers du plastique neuf. D'ailleurs, un organisme sérieux (il sourit), qu'un candidat aux Municipales nîmoises a présidé (l'écologiste Daniel Richard, Ndlr) table sur une augmentation de la production mondiale de plastique de 40% en 2030.

Quelles sont les causes de cette situation ?

La France ne s'est pas doté d'une vision industrielle de la gestion des déchets. On envoie le bois en Italie, on envoie les capsules Nepresso en Allemagne... Quand on dit que le recyclage est écologique, vu comme ça, il pollue !

Quelles sont les conséquences ? 

On peut s’attendre à une escalade des prix et, à terme, de la TEOM (Taxe d'enlèvement des ordures ménagères) payée par les ménages. Ajoutez à ça la hausse de la TGAP (Taxe générale sur les activités polluantes) prévue en 2025 et la mise en place de la collecte des bio-déchets qui devra également être mise en place en 2025, les coûts vont augmenter. Il faudra le prévoir. 

À vos yeux, quelle est la solution ? 

Il faudrait un deuxième four dans notre incinérateur pour récupérer les combustibles bois que l’on pourrait incinérer chez nous au lieu de les envoyer en Italie. Ça nous coûterait moins cher et ça permettrait d’étendre le chauffage urbain qui nous permet de bénéficier d’une TVA réduite à 5,5%. Hélas, ce n'est pas la direction que le Conseil régional, en charge de l'élaboration du plan régional Occitanie de prévention et de gestion des déchets, a prise. 

Vous présidez le Sitom depuis 9 ans. Vous êtes aujourd’hui candidat en 29e position sur la liste Nîmes en Mieux d’Yvan Lachaud. Si vous n’êtes pas élu en mars que ferez-vous ? 

J’aurai plein de choses à faire comme des voyages. Je ne vais pas m'ennuyer. Après, c’est vrai que ça m’embêterait : il y aura des dossiers importants à gérer comme le renouvellement de la DSP (délégation de service public) de l’incinérateur, actuellement géré par Véolia. Il y aura également le défi de regroupement des syndicats de traitement des ordures ménagères, prévu par la loi NOTRe. Le prochain président aura du pain sur la planche. Après, nul n’est irremplaçable et les cimetières sont pleins de gens irremplaçables.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Lire aussi : FAIT DU JOUR L’incinérateur nîmois passé au crible

Coralie Mollaret

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