BELLEGARDE Juan Martinez, au sujet du retour à l'école : "Je ne travaille pas avec des incertitudes"
Juan Martinez, le maire de Bellegarde et le président de la communauté de communes de Beaucaire Terre d'Argence réagit aux prises de parole successives ces derniers jours du Premier ministre et du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.
Faut-il ou pas rouvrir les établissements scolaires à partir du 11 mai ? Le débat est lancé depuis le lundi 13 avril, date à laquelle le président de la République s'est exprimé devant les caméras. Nous en étions alors au 28e jour de confinement. C'est ensuite le Premier ministre, Édouard Philippe, qui est passé au tableau dimanche dernier pour tenter de clarifier l'allocution d'Emmanuel Macron.
Parmi les sujets abordés, les écoles. Elles "n’ouvriront pas partout, le 11 mai, et ne fonctionneront pas partout comme avant le confinement". Et enfin au ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer, d'annoncer ce mardi 21 avril le calendrier envisagé pour le retour à l'école et les modalités actuellement à l'étude.
Le plan provisoire prévoit donc une reprise progressive, étalée sur trois semaines. Les élèves de grande section de maternelle, de CP et de CM2 devraient être les premiers à faire leur rentrée lors de la semaine du 11 mai. Puis ceux de sixième, troisième, première et terminale à partir du 18 mai. Et enfin, et à partir du 25, tous les écoliers, collégiens et lycéens. Jean-Michel Blanquer a également évoqué des retours en classe par groupes de 15 élèves maximum. Un "protocole sanitaire" est également à l'étude.
"Je veux être sûr"
Rien n'est encore acté, il ne s'agit, dans toutes ces prises de parole, que de pistes de travail. "Ce que j'ai retenu du discours du Premier ministre ? Il a dit : "Nous prenons des décisions avec des connaissances incertaines, rappelle le maire de Bellegarde et président de la communauté de communes de Beaucaire Terre d'Argence (CCBTA). Moi je ne travaille pas avec des incertitudes, je veux être sûr." Alors Juan Martinez l'assure - il en a même fait un tweet -, "si je n'ai pas tous les moyens nécessaires pour protéger les enfants, les parents, les enseignants et les agents municipaux et que je considère qu'il y a un péril imminent, les écoles de Bellegarde resteront fermées." Et par moyens, il entend notamment les équipements de protection contre le coronavirus.
Une commande de 50 000 masques réutilisables pour le compte de la CCBTA a été passée auprès de la société Éminence mais ne devrait être livrée "qu'à la fin du mois de mai", précise le président. S'ajoute une autre commande de 10 000 masques cette fois-ci à l'initiative de la municipalité bellegardaise à une entreprise locale, Euroflex. "Je devrais en avoir pour le 11 mai. Mais est-ce que j'en aurai pour tout le monde, ce n'est pas sûr", s'inquiète-t-il, d'autant que les livraisons de gel hydroalcoolique et de gants se font également attendre.
À ce stade, le maire de Bellegarde n'est donc toujours pas rassuré. "Je pense que l'enjeu c'est la santé. Qu'il y ait un enjeu d'économie je le concède, mais je pense qu'il faut être sérieux. Il ne s'agit pas d'être réboussier, mais quand on prend une décision, il faut savoir le danger qu'on fait courir aux autres." Et de poursuivre : "On ne peut pas dire il y a un mois que les enfants sont des vecteurs potentiels et le contraire le mois d'après. Je pense qu'on viendra chercher des responsabilités. Est-ce que nous, les maires, devons être responsables d'un cas de covid-19 à l'école ?"
Un retour en classe par territoire
Quant à l'idée émise par le ministre de l'Éducation concernant un retour en classe par territoire en commençant par ceux qui sont le moins impactés par le coronavirus, Juan Martinez se dit sceptique. "Aujourd'hui, le Gard, l'Occitanie sont préservés mais je ne suis pas sûr qu'il faille tenter le diable, sans savoir si ça restera comme ça ou si demain chez nous on aura un "cluster" sur notre territoire ? Je trouve que c'est un risque important, réagit-il. Peut-être qu'il y a d'autres dispositions à prendre que d'ouvrir des écoles pour tout le monde, ce qui est un pari risqué pour seulement 30 jours."
Parmi ces dispositions, l'édile pense à la mise en place d'un soutien scolaire pour les élèves en difficulté, les "décrocheurs". Quant aux parents qui doivent travailler mais qui se retrouvent sans solution pour leurs enfants, "nous devons peut-être les aider, peut-être même garder leurs enfants mais toujours dans de bonnes conditions comme on l'a fait pour ceux des aides-soignants", conclut-il.
Stéphanie Marin