GARD Plus de 2 500 manifestants à Nîmes, plus de 600 à Bagnols/Cèze
Racisme et excès des forces de l'ordre n'étaient pas les sujets centraux de cette manifestation. Dans le Gard ce mardi ont défilé les personnels de santé, de l'Éducation nationale mais aussi quelques pompiers et de nombreux Gardois lambda mécontents du Gouvernement actuel.
Rendez-vous était donné à Nîmes à 14h30 au pied de la Maison carrée pour une manif qui sentait bon la grande reprise des mouvements sociaux. Après de nombreux mois de disette, les revendications se font à nouveau jour. " Ce matin nous étions près de 500 à manifester devant l'hôpital, relate Colette, affiliée à un syndicat du CHU de Nîmes. Cet après-midi, l'ambiance est excellente et le cortège est important. C'est un coup d'essai qui est réussi et nous allons probablement continuer. "
Des pompiers du Gard, venus avec leurs camions toute sirènes hurlantes, étaient eux aussi présents pour étaler leur colère. Ce sont eux qui ont lancé la manifestation en regardant passer le cortège qui n'a pas oublié de les saluer. Il y avait dans les rues de la préfecture gardoise plus de 2 500 personnes.
De son côté, Rachid, également salarié de l'hôpital de Nîmes, est content. " Je suis satisfait de cette première manif ! Cela faisait longtemps que je l'attendais, ça m'a démangé les pieds pendant le confinement... Nous sommes traités comme des merdes. On nous demande l'impossible. On nous dit que nous sommes en guerre et on nous envoie au front sans aucune autre arme que notre courage. Milieu hospitalier, sécurité et éducation étaient et sont au cœur du dispositif français de la lutte contre la covid-19. Nous ne lâcherons rien. On ne veut pas de médaille mais simplement du respect et de la franchise. "
Il est des manifestations plus souriantes que d'autres. Après une si longue période de calme social, le mouvement reprend ses habitudes. " On compte revenir très prochainement pour d'autres sujets. Nous n'oublions pas les retraites ou le climat ! ", lance Marie, une jeune lycéenne qui aura son bac.
À Uzès
Devant le centre hospitalier d'Uzès, plusieurs dizaines de personnes se sont mobilisées de 11h jusqu'en début d'après-midi. Les deux syndicats de l'établissement, CGT et FO, ont listé leurs revendications : "Ce qu'on veut, c'est l'augmentation des salaires. La prime, on ne va pas cracher dessus, mais on la juge inéquitable selon les corps de métiers", entame Lionel Petit, secrétaire CGT à l'hôpital d'Uzès.
Dans un courrier adressé aux élus d'Occitanie, le syndicat demande à ce que les primes covid et "grand âge" soient distribués à tous les bénéficiaires mais "avec le manque de trésorerie, le centre hospitalier d'Uzès et ses Ehpad se trouvent dans l'impossibilité de l'attribuer", y est-il indiqué. Et d'ajouter : "Il est anormal que la prime covid n'a été versée que pour 180 agents. Nous serions reconnaissants de donner la possibilité à notre direction de verser les primes existantes à l'ensemble du personnel bénéficiaire car actuellement ce manque de moyens ne fait que diviser les catégories de personnels entre elles."
"On veut des moyens humains, il y a un manque de personnel, niveau matériel, on manque aussi. Le nouveau directeur est très à l'écoute, mais il ne peut pas se battre tout seul", poursuit Nassera Yakoubi, aussi secrétaire CGT à l'hôpital d'Uzès. Du côté de FO, la secrétaire générale Brigitte Ryckenbush a aussi une liste de revendications similaires aux nationales : dégel du point d'indice, revalorisation salariale, augmentation du personnel, abrogation du plan santé 2022... Que ce soit à FO ou à la CGT, tous sont satisfaits de la gestion de crise de la direction pendant le coronavirus. "Ils ont interdit les visites une semaine avant les annonces gouvernementales. Le personnel a été très mobilisé. On a eu aucun cas de covid", atteste Brigitte Ryckenbush.
À Bagnols
À Bagnols, la mobilisation s'est déroulée en deux temps, d'abord le matin avec une action à l'entrée du centre hospitalier, à l'initiative du syndicat Sud Solidaires. Et outre les revendications nationales, localement la grogne cible la direction de l'établissement : "Le Gouvernement a promis une prime de 1 500 euros, que nous n'aurons pas, nous ne devrions avoir que 500 euros et la direction nous impose de choisir entre la prime et les autorisations spéciales d'absence", expliquent Magali Foppoli et Cathy Boyer, de Sud solidaires du centre hospitalier.
Deuxième temps, plus imposant, à 18 heures avec un rassemblement qui a vu une belle affluence converger vers la place Mallet, avec plus de 600 personnes, selon la CGT, qui avait appelé à l'action avec FO, FSU, Sud Solidaires et les Gilets jaunes locaux.
De nombreux soignants en faisaient partie, et les syndicats leur ont remis des médailles, d'une manière aussi symbolique qu'ironique en écho à la proposition du Gouvernement de médailler les soignants en première ligne au plus fort de la crise sanitaire. Une crise durant laquelle "des carences coupables" ont été dévoilés, d'après Patrick Lescure, de la CGT, tout comme "l'importance vitale de nos services publics et de notre modèle social, le même que (le Gouvernement) a voulu détruire".
"Ce dernier événement a exposé les conséquences dramatiques, barbares, de la destruction des services publics et de notre système de santé", lancera ensuite Louise Moulas, de FO, avant de dénoncer le Ségur de la santé, qui se tient actuellement - "une imposture" - et d'appeler à la grève.
Christophe Prévost, ancien candidat aux municipales pour les Gilets jaunes locaux, parlera quant à lui de "politiques dictatoriales et destructrices". Mohammed Hammani, de FSU, dénoncera pour sa part "des services publics sacrifiés sur l'autel des profits", avant de craindre que "si nous ne faisons rien, les jours d'après soient comme les jours d'avant."
Anthony Maurin (à Nîmes), Marie Meunier (à Uzès) et Thierry Allard (à Bagnols)