Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 20.08.2020 - anthony-maurin - 6 min  - vu 2189 fois

NÎMES Un réalisateur, déjà dans la ville !

Marc Esposito nous présente son festival.
(Photo Anthony Maurin).

Marc Esposito, un réalisateur dans la ville, accompagné de Sophie Rigon, l'organisatrice (Photo Anthony Maurin).

C'est un festival qui fait désormais partie du paysage culturel nîmois et que nul n'espère voir disparaître. Un réalisateur dans la ville offre à son public des projections gratuites et animées par les principaux protagonistes des films qui sont présents durant les séances.

Cette année et malgré les contraintes sanitaires, 2 000 personnes pourront tout de même aller, chaque soir, prendre l'air et voir un bon petit film au pied du mur Mareschal, dans les Jardins de la Fontaine. La 16è édition aura donc lieu du 27 au 31 août prochains.

Marc Esposito, avant d'être le réalisateur qu'il est devenu, était journaliste. D'origine napolitaine, il passe cependant sa jeunesse en Algérie, puis, à ses dix ans en 1962, il débarque en France et écume les villes audoises et ardennaises. Son premier coup d'essai derrière la caméra était pour un documentaire portant sur l'intriguant Patrick Dewaere mais à nouveau dix ans plus tard, en 2003, c'est le Coeur des hommes qui le fait connaître au grand public.

(Photo Anthony Maurin).

On l'a attendu 45 bonnes minutes mais on en a eu pour notre attente. " J'ai l'impression d'être en retard, si j'avais su... " entame tout penaud Marc Esposito. " C'est un honneur d'être ici car ceux qui m'ont précédé ont une plus grande notoriété et une filmographie plus étoffée. La première pub que j'ai vu en arrivant sur la route était celle du festival ! "

Nous avons découvert un homme sincère, avec beaucoup de recul sur sa vie et sa carrière, sans filtre ni barrière, un bon client en somme. D'emblée et à la table de l'organisatrice Sophie Rigon et de Frédéric Pastor, adjoint délégué aux festivités, aux traditions locales et aux rapatriés pour la Ville, Marc Esposito prend connaissance des mesures sanitaires imposées. Un petit coup de stress quand l'élu lui dit que 2 000 personnes sont attendues chaque soir aux Jardins.

Mais il ne connaît ni le festival, ni le lieu des projections. " J'en ai entendu parler, je ne connais pas bien Nîmes, j'ai dû faire deux ferias dans les années 1990 mais je suis content d'être là car mon réalisateur préféré, Bertrand Blier, fut le premier à être invité au festival. " Pour sa venue à Nîmes la semaine prochaine, Marc Esposito sera accompagné par son actrice fétiche, Zoé Félix qui a joué dans quatre de ses cinq films et Édouard Baer devrait être lui aussi Nîmois le 30 août.

En effet, la Covid-19 interrompant les tournages, les acteurs reprennent tous et la pléiade de stars de ces cinq longs métrages ne fait pas exception à la règle. Mais avant de parler des films, parlons documentaire. " Mon premier essai était le film documentaire sur Patrick Dewaere même si j'avais eu l'idée d'un Cendrillon avec Vanessa Paradis en comédie musicale avant cela... Ce documentaire m'a donné le goût du montage et j'en avais eu l'idée en regardant Imagine, sur John Lennon, dans lequel il y a bien plus de documents que sur Dewaere. Mon film est sorti à l'occasion des dix ans de sa mort, en hommage au festival de Cannes. "

Le Coeur des hommes, et la trilogie qui s'en est suivie, furent à coup sûr les grands succès du metteur en scène invité à Nîmes. " J'ai toujours aimé les films rigolos et il n'y en a pas assez. Je suis fan des Bronzés et du Père Noël,  je me suis régalé car metteur en scène est un métier formidable. Même sans connaître le succès, celui qui y a goûté ne veut plus faire que ça ! Quand on fait des films joyeux, quatre sur cinq dans mon cas, il y a une ambiance spéciale sur le tournage. Même si je suis colérique deux fois par an, j'ai aussi un tempérament joyeux. "

L'histoire de ce film a débuté lors d'une conversation avec Gérard Darmon chez qui, à l'époque, Marc Esposito habitait. " Gérard était un ami et n'était pas bankable alors je lui ai dit qu'il devait tourner dans un film chorale pour se remettre en selle. Le dernier film entre potes datait d'une trentaine d'années et d'Yves Robert. Je me suis dis que j'allais le faire ! Je voulais un film réaliste, une comédie avec de l'émotion, à l'italienne. Mais je voulais aussi un film pour adulte, un truc qui gratte un peu, parfois grossier. L'écriture est venue comme un robinet, j'ai écrit 250 pages pour un scénario final de 100 pages. "

(Photo Anthony Maurin).

Au départ, les quatre acteurs auraient pu être Jean Réno, Daniel Auteuil, Richard Bacri et l'indéboulonnable Gérard Darmon. Après 14 refus d'acteurs divers et variés, vous connaissez le casting final, qui a coûté certes moins cher mais qui a pu développer des suites au scénario. En effet, dans ces films, le temps s'écoule au même rythme que le notre, spectateurs. " Je voulais un truc comme Friends, une série que j'ai adoré mais découvert tardivement, comme toujours. Ce fut ma première série depuis Thierry la Fronde ! J'ai eu envie de faire une suite au Coeur des hommes, au début j'en voulais cinq en tout. J'ai eu du bol d'en faire trois et le dernier était peut-être le plus heureux, en tout cas c'est celui pour lequel les acteurs se sont le plus liés, même sans Gérard Darmon. "

Marc Esposito a-t-il un film chouchou ? Pas vraiment, le personnage détonne. " Je n'ai revu que le Coeur des hommes 2 et je me suis rendu compte que je le connaissais très mal, moins bien que César et Rosalie ! je ne sais même pas si je vais revoir mes films aux Jardins de la Fontaine, je serai présent mais je risque de me cacher un peu car je suis très émotif et je pleure facilement... Oui, ces films racontent aussi des morceaux de ma vie et je sais ce qui s'est passé pendant les tournages.  "

Le réalisateur a cependant un amer regret, peut-être deux. Le premier est qu'on ne lui a toujours fait tourner que des films d'hommes alors qu'il a beaucoup écrit pour les femmes. Ensuite, il aurait aimé tourner un film à Bali, sur Bali, avec des indonésiens et en langue locale. " C'est impossible pour l'instant. Il coûterait deux millions de dollars mais si les riches le sont, c'est parce qu'ils ne donnent pas deux millions de dollars ! C'est sur Sang et volupté à Bali est un roman qui est sorti en 1937 et qui parle de 1904... Je travaille, en attendant, sur deux autres projets. Un film qui parle d'une histoire d'amour dont la vedette est une femme et une série qui nous fait suivre le parcours d'une femme et d'une adoption au Cambodge. Je suis superstitieux alors je n'en dirai pas plus ! "

(Photo Anthony Maurin).

Pour conclure Marc Esposito a également écrit quelques chansons, notamment une (avec Marc Lavoine) pour son idole, Johnny, Je n'ai jamais pleuré (voir plus bas). " Avec ça, j'ai payé toutes mes dettes ! "

La municipalité subventionne à hauteur de 15 000 euros ce festival. Il faut dire qu'en 2019, 10 000 spectateurs s'étaient massés aux abords du magnifique écrin naturel qui faisait office de salle de projection en plein air pour les films de Voker Schlöndorff. Par le passé, Fabien Ontoniente, Thomas Gilou, Patrice Leconte mais aussi Carole Bouquet et Gérard Depardieu ou Claude Chabrol, Blier, Becker, Tavernier, Rossellini, Lhermitte, Hossein, Huppert, Jugnot, Brasseur, Mocky, Le Guay sont également venus en tant qu'invités d'honneur.

Pour conclure et pour Frédéric Pastor, le festival va forcément être un peu spécial.  " Il y aura 2 000 places au lieu de 4 000 comme c'est parfois le cas. Le port du masque sera obligatoire et nous ne voulons pas que les gens se lèvent et bougent tout le temps... L'an prochain, nous aurons peut-être la chance d'accueillir Alexandre Arcady pour ce même festival mais rien n'est encore officiel, Sophie Rigon pourrait l'annoncer en clôture de l'édition 2020 ! "

Voici le programme complet :

Jeudi 27 août : Le Coeur des hommes (2003), vendredi 28 août : Leçon de cinéma au CGR (à 15h) : Patrick Dewaere (1992), Toute la beauté du monde (2006), samedi 29 août : Le Coeur des hommes 2 (2007), dimanche 30 août : Mon pote (2010), lundi 31 août : Le Coeur des hommes 3 (2013). Avant la projection, un court métrage réalisé par les élèves du lycée Saint-Stanislas, section cinéma, sera diffusé chaque soir.

Anthony Maurin

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