SAINT-ÉTIENNE-DES-SORTS Une manifestation pour demander la démission du maire et du conseil municipal
Certains travailleurs de Marcoule ont pu connaître quelques ralentissements sur leur trajet hier matin, au niveau de la traversée de Saint-Étienne-des-Sorts. Une quarantaine de personnes (dont des élus d'opposition, des anciens élus et des habitants) ont manifesté pour demander la démission du maire et de tout le conseil municipal. De 6h à 9h, les participants ont ralenti le trafic et distribué des tracts aux automobilistes. Ils ont ensuite fait un sit-in devant la mairie jusqu'à 12h30.
"Mme le maire démission", "Retour aux urnes", "Rendez notre village à ceux qui l'aiment"... Ces messages ornent des banderoles brandies par les manifestants. Cette mobilisation fait encore monter d'un cran les tensions que traversent depuis plusieurs mois l'ordinairement paisible village de 580 âmes. Ces tensions opposent la maire, Patricia Garnero, à plusieurs membres du conseil municipal. En tête de cortège, Marie-Françoise Combin, autre tête de liste qui lui a fait face un an plus tôt aux élections municipales et qui aujourd'hui, occupe les bancs de l'opposition.
Dès les élections passées, la cohabitation ne se passe pas bien. "Tout est verrouillé. Il n'y a pas de communication. Si on n'est pas du même point de vue qu'elle, c'est soit de l'opposition soit de la virulence. C'est une autocratie avec la maire et sa 4e adjointe. Ça fait un an que le village est à feu et à sang", lance Marie-Françoise Combin.
Objectif : que les Stéphanois retournent aux urnes
Depuis un an, les dossiers communaux n'avancent pas. Lors des derniers conseils, l'opposition (qui aujourd'hui compte autant de membres que l'équipe majoritaire) a refusé d'adopter le compte administratif de l'exercice précédent. La date limite pour le passer étant le 30 juin, c'est la Cour des comptes qui a pris le relais et qui tranchera.
"On attend de voir ce qui se passe. Mais ce qu'on espère c'est la démission de la maire et de tout le conseil. Comme ça, on repart à zéro et les Stéphanois retourneront aux urnes", lâche Marie-Françoise Combin. Si elle a choisi d'organiser une manifestation ce mardi, c'est aussi pour protester contre de nouveaux éléments qui ont remis de l'huile sur le feu. Entre autres, la convocation de deux conseillers municipaux au tribunal administratif "parce qu'ils n'ont pas tenu le bureau de vote sur le temps complet qui leur a été imposé. Tous deux se sont arrangés pour être remplacés et l'ont signalé avant à la maire... Ça a finalement été rejeté par le tribunal."
Elle évoque aussi le retrait des délégations aux 1er et 2nd adjoints, un désaccord sur l'attribution d'un poste d'Atsem ou encore le fait que la 4e adjointe, Emmanuelle Stoppani, ait porté plainte pour atteinte à la vie privée contre cinq habitants du village, dont un élu (Stéphane Marcellin, 1er adjoint).
"Si je ne peux plus avoir confiance en mes adjoints, je ne peux pas les maintenir dans leurs délégations"
Nous avons contacté Patricia Garnero, la maire de Saint-Étienne-des-Sorts. Elle trouve cette mobilisation "ridicule" : "Ils parlent de mon mandat comme autocratique, mais elle est où la démocratie ici ? Les gens ont voté. C'est eux qui sont anti-démocratiques. S'ils ne sont pas d'accord, ils demandent leur démission du conseil."
Elle estime qu'une élection partielle totale "n'est pas la meilleure solution". Concernant le retrait des délégations aux 1er et 2e adjoints, elle justifie : "Si j'ai fait cela, ce n'est pas pour rien. M. Becquart a utilisé le sceau de la mairie sans autorisation et sans avoir la délégation de signature. Si je ne peux plus avoir confiance en mes adjoints, je ne peux pas les maintenir dans leurs délégations."
Le compte administratif bientôt débloqué par la Cour des comptes ?
L'édile confirme aussi la convocation au tribunal administratif suite à la tenue des bureaux de vote : "C'est au maire de faire le planning et caser 14 personnes dont trois chefs d'entreprise qui travaillent, ce n'est pas facile. Avoir un mariage n'est pas une excuse valable pour ne pas honorer ses responsabilités. L'autre personne ne m'a pas donné de raison."
Entre les deux camps Patricia Garnero-Marie-Françoise Combin, les différends ne semblent pas prêts de se régler. Mais du côté politique, une petite éclaircie devrait apparaître d'ici quelques jours dans le ciel stéphanois. En effet, une magistrate de la Cour régionale des comptes a contacté la maire il y a quelques jours : "Elle m'a dit qu'elle se rendait bien compte qu'il s'agissait d'un vote de contestation sur le compte administratif (rejeté par deux fois, ndlr). Ce dernier devrait être validé en commission ce 22 juillet normalement." Une décision qui devrait débloquer plusieurs dossiers en suspens depuis des mois.
Marie Meunier