Lors du dernier conseil d'agglomération du Gard rhodanien, la première délibération a suscité quelques échanges. Il s'agit d'une motion de soutien à l'association Les Amis du PNR (parc naturel régional) Garrigues, votée à l'unanimité. À l'Agglo, on craint de se voir exclu du nouveau périmètre du parc. 

La première fois que l'idée d'un parc autour d'Uzès avait été évoquée, c'était en 2005. Depuis le projet a fait du chemin sans pour autant éclore. Alors l'impatience se fait grandissante chez ses ardents défenseurs qui ne comprennent pas la lenteur du processus.

Autrefois chapeauté par le Syndicat mixte des gorges du Gardon, le projet de PNR est désormais porté par le PETR (Pôle d'équilibre territorial rural) Uzège-Pont du Gard. Après avoir sondé les 80 communes comprises dans le périmètre provisoire du parc, il s'est trouvé que 70% sont favorables à sa création. Une belle majorité qui a permis de décrocher le feu vert de la Région pour passer à l'étape suivante et pour financer à hauteur de 80% l'étude d'opportunité.

Cette dernière devrait commencer début-janvier et aboutira sur un périmètre de parc plus précis. Mais du côté de l'association des Amis du PNR Garrigues, on ne comprend pas pourquoi l'association de préfiguration n'est pas lancée. Il s'agit d'une étape obligatoire traduisant l'engagement vers la création du parc.

"J'ai peur que ce soit la fin du PNR mais j'espère me tromper"

Ce signal fort, on espère bien l'entendre aussi à l'Agglomération du Gard rhodanien où les élus sont favorables à la création de ce parc, et souhaitent en faire partie. "D'après les Amis du PNR, il semblerait que le processus piétine un peu et qu'il y ait un certain nombre de freins", relate Jean-Christian Rey, président de l'Agglomération du Gard rhodanien.

Neuf communes du Gard rhodanien sont comprises dans le périmètre provisoire (Le Pin, Saint-Marcel-de-Careiret, Saint-André-d'Olérargues, La Roque-sur-Cèze, Cornillon, Saint-André-de-Roquepertuis, Goudargues, Verfeuil et Montclus). Elles pourraient bien en être exclues dans les prochains temps : "Les 49 élus du PETR Uzège-Pont du Gard ont souhaité réduire le périmètre à 50 communes sans nous demander notre avis et pour ce faire, lancer une étude d'opportunité. La Région Occitanie continue à l'accompagner", indiquait Claire Lapeyronie, 1re vice-présidente à l'Agglo du Gard rhodanien mais aussi conseillère régionale.

Jean-Christian Rey souhaite que le projet avance, qu'importe la gouvernance : "L'année dernière, il fallait attendre les Municipales. Après les Municipales, il fallait attendre cette étude. Si c'est juste un prétexte pour nous faire sortir du périmètre et attendre six mois de plus, c'est dommage. J'ai peur que ce soit la fin du PNR mais j'espère me tromper et qu'il puisse survivre à ce nouveau soubresaut."

Espoir motivé par l'enjeu écologique, mais aussi par les atouts touristiques du parc qui pourraient offrir un nouveau rayonnement au territoire. Et le président d'ajouter : "J'espère que ce n'est pas parce qu'on y est favorables que l'on veut nous sortir. Qu'ils règlent entre leurs problèmes politiques sur leur territoire, nous, on est juste associés."

"Le périmètre final ne sera pas celui envisagé au départ"

Nathalie Forgerou, maire de Saint-Christol-de-Rodières, commune associée au parc, s'est renseignée et a avancé que ce nouveau périmètre "résulterait d'une décision politique et que ni les communes du Gard rhodanien et de Cèze-Cévennes en feraient partie." Attendre six mois pour découvrir un projet dont l'Agglo du Gard rhodanien ne fait plus partie après avoir dit oui des années auparavant. "Je ne peux pas être d'accord avec ça", conclut Jean-Christian Rey.

Pourtant, c'est ce qui se profile même s'il est trop tôt pour s'avancer. Contacté par Objectif Gard Philippe Marchesi, président du PETR Uzège-Pont du Gard, a souhaité tirer les choses au clair. Est-ce que les neuf communes du Gard rhodanien feront encore partie du périmètre du PNR ? "Aujourd'hui, je ne peux pas répondre. C'est l'étude d'opportunité qui fera aboutir sur une notion de périmètre. Mais l'idée, c'est quand même de le rétrécir. Le périmètre final ne sera pas celui envisagé au départ", indique-t-il.

Philippe Marchesi rappelle  que "le fait que les communes concertées soient d'accord ne veut pas dire qu'elles sont forcément prises dans le PNR. [...] Et on ne peut pas lancer l'association de préfiguration tant qu'on n'a pas une idée plus précise du périmètre. Demander aux communes d'y adhérer pour que finalement, elles ne soient pas inclues dans le périmètre serait un non-sens."

L'élu veut rassurer sur le fait que le projet de PNR est bien enclenché, qu'il n'y a aucun "péril" qui met en doute la poursuite des démarches. "L'union fait la force. Tout marche, il faut juste se montrer respectueux des étapes. On ne peut pas faire autrement même si c'est long", conclut Philippe Marchesi. On saura dans six mois quel périmètre a été retenu mais l'élu s'engage à nous tenir au courant dès qu'il y aura des avancées.

Marie Meunier