SAUVE Une filière de la MFR menacée de fermeture : 55 élèves inquiets pour la suite de leur scolarité
Rien ne va plus à la Maison familiale et rurale (MFR) de Sauve depuis un changement de gouvernance opéré à l'automne dernier. Ce jeudi 30 décembre, 55 parents d'élèves d'une section Bac Pro ont reçu un mail de la Fédération régionale Occitanie les sommant de ne pas scolariser leur enfant ce lundi 3 janvier pour une durée indéterminée. Médusés, les élèves s'organisent. Après une pétition, ils lancent un appel à manifester devant l'établissement ce lundi.
Les 55 élèves de la section Bac Pro SAPAT (Services aux personnes et aux territoires) de la Maison familiale et rurale (MFR) de Sauve, baptisée "Portes des Cévennes", passaient des vacances scolaires de Noël somme toute paisibles. Jusqu'à hier... Ce jeudi 30 décembre, contre toute attente, le ciel leur est tombé sur la tête. "Nous vous demandons de ne pas vous présenter à la MFR ou en stage à partir du lundi 3 janvier, la formation étant suspendue jusqu'au 7 janvier", ont-ils lu à la fin du mail adressé à leurs parents par la Fédération régionale des MFR Occitanie, co-signé par le président de la Fédération territoriale Occitanie-Méditerranée.
Enseignante appréciée dans l'établissement et directement concernée par cette mesure inattendue, Marion Manahiloff n'a pas reçu le mail en question. "Je l'ai appris par les élèves", indique-t-elle. Et la formatrice de resituer : "Plusieurs formations sont proposées à la MFR de Sauve, dont le fameux Bac Pro SAPAT qui lui, est annexé à la Maison familiale et rurale de Gallargues. Un changement de gouvernance au sein de l'établissement s'est opéré le 20 octobre dernier."
À cette occasion, des parents d'élèves se sont mobilisés pour constituer un nouveau conseil d'administration, qui a voté un nouveau bureau et élu un nouveau président dans l'optique de mettre fin au règne du désormais ex-président, au regard de "la situation financière compliquée" de la MFR. "À partir de ce jour-là, la Fédération a manifesté son mécontentement, et ce malgré le fait que tout se soit fait démocratiquement par les parents aidés d'un juriste", précise Marion Manahiloff.
"Est-ce une histoire politique ou d'ego ?"
Et la dernière nommée de poursuivre : "Cette même Fédération a adressé plusieurs courriers à notre nouveau président, Michel Chiarelli, lui demandant un certain nombre de justifications visant à rendre compte du travail de la filière Bac Pro." Une démarche poursuivant à ses yeux une "volonté de fermeture" de la filière SAPAT de Sauve et qui ne s'est pas arrêtée-là.
"La Fédération a soumis une convention au nouveau président, lequel a refusé de la signer. Ce qui est normal puisqu'il y était stipulé que le 30 juin 2022, la scolarité des 55 élèves se terminerait", concède la formatrice. En plus de la fermeture programmée de la filière l'été prochain, la Fédération envisageait "la mise en place d'un superviseur" dédié au contrôle quotidien des cours administrés à la MFR, une mesure n'ayant pas recueilli l'assentiment de la majorité des formateurs.
"Cette MFR existe depuis quinze ans, elle n'est pas nouvelle. On ne comprend pas pourquoi ce changement de gouvernance a mis autant à mal notre fonctionnement. Est-ce une histoire politique ou d'ego ? Je n'en sais rien", déplore Marion Manahiloff. N'évoquant jamais son sort personnel pourtant incertain, la formatrice s'inquiète davantage pour celui de ses élèves : "On encadre des adolescents fragiles qui n'adhèrent pas au parcours scolaire classique. Avec cette décision, ils sont dans un état émotionnel catastrophique. Ils se voient perdus, abandonnés et pas considérés à leur juste valeur, alors que beaucoup se sont réinsérés et ont trouvé leur vocation grâce à la pédagogie de la MFR."
Pétition lancée, manifestation programmée
Des paroles qui trouvent écho chez Sindy Piéragnoli, élève de terminale en Bac Pro SAPAT, à l'origine d'une pétition réclamant le sauvetage de la MFR Portes des Cévennes et qui, à l'heure où nous écrivons ces lignes, a déjà collecté 560 signatures en une journée. "Au-delà de la date du 7 janvier, on ne sait même pas dans quel lycée on sera affectés. Peut-être à Gallargues, mais on n'est pas sûrs de pouvoir tous y accéder", regrette la jeune fille âgée de 18 ans.
Et d'ajouter, évoquant un chamboulement qui met en évidence l'affection qu'elle porte à son école : "Pour moi qui suis en terminale, en pleine année du Baccalauréat, c'est pas idéal en termes de préparation. C'est ma troisième année dans cet établissement. J'y ai noué des amitiés en or et j'ai des formateurs formidables. Donc je refuse de croire que c'est la fin !"
En plus de la pétition, pour se "faire entendre" et "être considérés", les élèves de la MFR de Sauve organisent une manifestation devant l'entrée de l'établissement ce lundi 3 janvier, dès 10 heures. Parents, anciens élèves, formateurs, membres du conseil d’administration, ainsi que le maire de Sauve, Olivier Gaillard, auraient déjà confirmé leur présence.
Corentin Migoule
Le conflit du point de vue de la Fédération régionale des MFR Occitanie : De son côté, la Fédération régionale des MFR Occitanie, à travers le courrier adressé aux parents d'élèves, dit le leur avoir déjà écrit le 8 novembre 2021 afin d'exprimer son "inquiétude" suite à l'élection d'un nouveau conseil d'administration lors de l'assemblée générale de l'association MFR Portes des Cévennes. Depuis cette date, la Fédération considère que l'établissement "n'a plus de directeur qualifié" et "refuse l'accompagnement des fédérations MFR permettant de garantir la sécurité des formations Bac Pro Services aux personnes et aux territoires".
Un argument sécuritaire brandi pour justifier cette fermeture administrative, et dont la volonté s'est trouvée renforcée lorsque la MFR Portes des Cévennes, sous la coupe de la MFR Petite Camargue de Gallargues, a refusé de signer la convention 2022. Aussi, dans son courrier, la Fédération pointe l'"irresponsabilité" de la nouvelle gouvernance qui, à ses yeux, "met la formation des enfants en difficulté". Enfin, si elle dit œuvrer pour trouver une alternative dans les meilleurs délais, la Fédération invite les parents d'élèves à convenir, dès le 3 janvier, d'un rendez-vous téléphonique, afin que leur soient présentés les différents établissements pouvant accueillir leur enfant et ce, "sans coût supplémentaire, en assurant le transport et une place d'internat si nécessaire".