Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 19.01.2022 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 1110 fois

EXPRESSO En Cévennes, la polémique sur les trésoreries lance les législatives 

Ce mardi après-midi au Vigan (Photo : Droits réservés)

Les élus cévenols s'opposent au regroupement de plusieurs services de trésorerie à Quissac. Dans la 5e circonscription, ce mouvement sonne comme le début de la campagne des élections législatives.

C’est un rendez-vous qu’il ne fallait pas manquer. Surtout pour les candidats aux élections législatives. Ce mardi après-midi, plusieurs élus se sont mobilisés devant le centre des impôts du Vigan. En cause : la réforme d’une partie des services de la Direction générale des finances publiques, voulue par le Gouvernement. D’ici 2023, Bercy - siège du ministère des Finances - prévoit de créer un nouveau service de gestion comptable à Quissac. Ce projet démarre en fin d’année avec le rapatriement des agents de la trésorerie de Saint-Hippolyte-du-Fort. Il se poursuivra en 2023 avec l'arrivée de l’antenne dédiée aux collectivités locales du Vigan.

S'adapter aux nouvelles pratiques

Le maire quissacois, Serge Cathala, salue cette « bonne nouvelle pour son territoire ». Il a d'ailleurs lancé les études et trouvé le lieu d'implantation de ce nouveau service composé in fine d'une dizaine d'agents. Dans le Gard, l’administrateur des finances publiques, Frédéric Guin, motive sa réforme par « la nécessité d’adapter notre organisation au développement du numérique et à l’évolution des besoins des populations ». Sauf que dans les Cévennes, tous ne l’entendent pas de cette oreille.

Pour accueillir ce nouveau service, Quissac était en compétition avec Saint-Hippolyte-du-Fort et le Vigan. Forcément, les perdants font grise mine. Le président de la communauté de communes, Régis Bayle, rappelle que sa collectivité a déboursé « 840 000 € en 2010 afin d'aménager le centre des impôts ». La location de ces locaux lui rapporte, chaque année, la coquette somme de 60 000 €. Même position pour le maire cigalois, Bruno Olivieri qui, jusque-là, touchait une « recette pérenne » de 16 000 € par an.

Le président de la communauté de communes du Vigan, Régis Bayle (Photo : droits réservés)

Au-delà de l’argent, les élus craignent une « désertification » des services publics. Toutefois, pour compenser la fermeture de la trésorerie cigaloise, Bercy tiendra une permanence à la Maison France Service à raison de deux demi-journées par mois et « un peu plus » pendant la période des déclarations sur le revenu. Une mesure loin de satisfaire Bruno Olivieri : « On connaît ce type de fonctionnement, ça ne répond pas aux besoins des gens ».

Présent lors de cette manifestation, l’élu PS du canton du Vigan et candidat aux élections législatives, Martin Delord, estime que « les personnes les plus pénalisées seront celles qui ont le moins de facilité avec Internet et qui risquent de se retrouver encore un peu plus isolées ». Actuellement à Paris, la députée En Marche Catherine Roux-Daufès ne s’est, elle, pas rendue à la manifestation. « Il vaut mieux », rétorque un édile, estimant que cette dernière n'est pas pour rien dans le choix de Quissac.

Du lobbying pour Quissac ? 

Jointe par téléphone, Catherine Roux-Daufès soutient que cette décision émane de l'Etat, avant d’indiquer : « Expérimentons déjà ce dispositif après on verra ». Certaines (mauvaises ?) langues supputent que la députée - et avant elle, le député Olivier Gaillard(*) - ont tout fait pour que ce service voit le jour au Piémont cévenol. Une communauté de communes présidée par l’élu En Marche Fabien Cruveiller. Ce dernier qui prend acte de cette décision assure que  « les choses ne se posent pas en ces termes là ». Que la campagne des législatives commence ! 

CM

coralie.mollaret@objectifgard.com 

*Olivier Gaillard était membre de la Commission finances qui dépend du ministère des Finances. 

Léa Boyer, candidate Les Républicains sur la 5e circonscription a également réagit : « Les habitants des milieux ruraux sont les grands oubliés d’Emmanuel Macron (…) Ce projet de réorganisation de trésorerie peut se justifier par l’évolution des usages en matière d’impôts. Son application en zone rurale et pour les communes de petites tailles pose un véritable problème d’efficacité. Le numérique est nécessaire pour l’efficacité mais ne remplace pas le contact et le conseil. » 

Sylvain André, candidat PCF sur la 5e circonscription du Gard : « Je suis monté en temps que président des maires ruraux du Gard pour défendre les services publics. Globalement, on nous explique que cette réforme va apporter plus de proximité et avec des services fiscaux plus efficaces… Moi j’ai beaucoup de mal à avaler cet argument : comment améliorer la proximité en supprimant des trésoreries dans le département ? Les permanences proposées par la direction générale des fiances publiques ne remplaceront jamais les trésoreries de plein exercice ! De même que les conseillers du décideur (percepteur-payeur, ndlr) qui seront à disposition des collectivités territoriales n’auront aucun pouvoir de décision. Ils auront simplement un rôle de conseil... Ça sera plus compliqué pour régler les problèmes. »

Coralie Mollaret

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