Le temps de la gratuité ne sera bientôt plus qu'un souvenir en ce qui concerne les trois aires de camping-cars gérées jusque-là par la communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence (CCBTA). Les travaux d'aménagement devraient commencer dès cet été à Bellegarde, si les subventions accordées sont à la hauteur des espérances de la collectivité. 

Lundi dernier, lors d'un bureau communautaire, le président Juan Martinez a présenté le plan de financement pour l'opération de modernisation de l'aire de camping-cars de Bellegarde, voisine du port. Les travaux de terrassement, de voirie mais également le remplacement des bornes d'eau, d'électricité, des équipements de vidanges, ainsi que l'installation de caméras de vidéosurveillance et de barrières automatiques, devraient coûter 115 357€ HT.

La collectivité a sollicité l'aide du conseil départemental du Gard, de la Région Occitanie, de l'État et de l'Europe, de sorte que son reste à charge ne dépasse pas les 24 000€ HT. "Si on arrive à ce résultat, ce serait bête de ne pas le faire, a commenté Juan Martinez pointant du doigt une surfréquentation qui bien que ponctuelle, "pose tout de même des problèmes avec les riverains". Suite à ces travaux qui devraient démarrer cet été pour une durée d'un mois et demi, l'aire accueillera 21 places de stationnement.

Mais cela ne sera pas sans conséquence pour les usagers. Une nouvelle ère s'ouvre en Terre d'Argence, celle de la fin de la gratuité dans les trois aires d'accueil destinées aux camping-caristes gérées par la CCBTA. Car une fois les travaux terminés, la collectivité confiera la gestion de l'aire de Bellegarde - et il en sera de même à Vallabrègues et Beaucaire plus tard - à un mandataire. L'appel d'offres est en cours.

Ainsi, pour ouvrir les barrières automatiques, il suffira d'un seul code, celui de sa carte bancaire, pour obtenir le fameux pass électronique. Le stationnement devrait coûter une dizaine d'euros la nuit, services compris. La collectivité recevra une partie des recettes liée aux entrées. L'accès à l'aire et aux installations 24h/24, 7j/7, représente un atout de taille. Toutefois, "on sait bien que cette nouvelle fera des contents et des mécontents", admet le président de la CCBTA.

"Nous ne sommes pas contre le fait de payer, mais tout dépendra du tarif tout de même"

Direction l'aire de camping-cars de Bellegarde. Aménagé il y a dix ans, le lieu n'a rien d'attractif si ce n'est la vue sur le port. Pourtant, Vidmer, 72 ans et son épouse Alba, 32 ans, ont choisi d'y garer leur véhicule long de 8 mètres depuis le mois de septembre 2021. "Je prépare un master Ingénierie de la formation en alternance. J'ai un contrat dans une entreprise à Istres, mais c'est un CDD. Je sais que je vais devoir être mobile, alors nous avons fait le choix de vivre dans un camping-car plutôt que dans un appartement", explique la jeune femme. Le couple reconnaît des abus, "certaines personnes ne respectent rien et stationnent leur camping-car n'importe comment sans réfléchir, sans prendre en compte les plaisanciers."

Alors Vidmer et Alba, ne sont pas surpris d'apprendre cette nouvelle réglementation qui pourrait être effective dès le mois de septembre. "Mais il faut qu'ils pensent aux personnes qui ont fait le choix de la mobilité, pas seulement aux touristes, ajoute Alba. Nous ne sommes pas contre le fait de payer - quand on voit à Arles, cette aire gratuite transformée en bidonville, ce n'est pas ce que nous recherchons - mais tout dépendra du tarif tout de même."

Un peu plus loin, Gisèle, 75 ans et Charles, 76 ans, s'apprêtaient à partir en balade. Habitués à passer quelques jours par an à Bellegarde depuis 2010, ces septuagénaires domiciliés à Saint-Nazaire ne croient pas à la pertinence d'un tel investissement sur ce type d'installations. "Les communes qui l'ont fait jusque-là n'en sortent pas gagnantes", assure Charles. Et Gisèle de poursuivre : "Lorsque nous venons, ce n'est pas seulement pour occuper une place de stationnement, nous faisons vivre l'économie locale. Nous achetons notre vin au Domaine de La Tour à Beaucaire, des conserves de légumes à Maussane-les-Alpilles, nous allons manger au restaurant etc." Les Bretons ont d'ores et déjà pris leur décision : "nous ne viendrons plus si le stationnement devient payant."

Stéphanie Marin