BAGNOLS-SUR-CÈZE/TRESQUES Le gros orage de cette nuit a causé des dégâts
Cette nuit, entre 2h et 3h du matin, un important orage accompagné d'intenses précipitations s'est abattu sur Bagnols-sur-Cèze et ses alentours. Il n'a pas fait de blessés, mais des dégâts matériels : bâtiments inondés, voitures emportées par les flots, arbres tombés... Ce mardi matin, beaucoup ont dû rogner sur leur jour férié pour écoper, nettoyer et appeler les assurances.
D'après la municipalité de Bagnols-sur-Cèze, huit personnes ont même dû être hébergées à la mairie le temps de quelques heures pendant la nuit. L'avenue Charrier a particulièrement été impactée avec, par endroits, entre 1m et 1,50m d'eau. La trace est encore visible sur les murs et la voie de circulation est toujours coupée à la circulation à l'heure où nous écrivons ces lignes. "Ici, c'est une cuvette, on récolte toutes les eaux de Bagnols. Si quelqu'un sort dans la rue à ce moment-là, il se noie. Ce matin encore, c'était un fleuve", relate Sophie qui habite une maison de l'avenue avec son fils depuis plus de trois ans. Tous deux ont été réveillés en pleine nuit par la puissance de la pluie, d'autant qu'ils ont déjà subi une première inondation moins importante le 7 septembre dernier, à peine deux mois plus tôt : "On a contacté l'assurance en septembre, c'est rebelote avec encore plus de dégâts."
En bas de l'avenue, le garage automobile Ligonès a rappelé des personnes en renfort pour tout nettoyer et pouvoir ouvrir demain. "Le magasin était plein d'eau. On nettoie depuis 7h30 ce matin", indique Alain Cheirezy, le mari de la gérante. Ils ont aussi subi des dégâts matériels : "On a retrouvé les tours d'ordinateur à terre. C'est une perte de données importante pour le garage. On a aussi un véhicule de prêt qui a pris l'eau ainsi que deux voitures de clients à l'extérieur. Dans la BMW, le niveau est monté jusqu'au levier de vitesses. On va essayer de réparer mais j'ai peur qu'elle soit noyée", déplore-t-il. Installé depuis 20 ans sur l'avenue, le garage n'avait pas essuyé autant de dommages depuis les crues de septembre 2002. Car aux eaux dévalant la voie en pente s'ajoutent celles de l'avenue de la Mayre. Juste à côté, chez les Ambulances Raoux, balais, serpillères et aspirateurs sont aussi de sortie.
Les bouches d'évacuation sont-elles assez entretenues ?
Plusieurs entreprises et habitants s'interrogent sur l'entretien des bouches d'évacuation des eaux. Celle située juste après l'angle de la rue Julien-Hernandez est totalement obstruée de feuilles accumulées. "Un curage régulier limiterait peut-être les dégâts ?", pointe un résident. Juste à côté, Essalha attend que la dépanneuse embarque sa voiture. Le véhicule est presque entièrement recouvert de terre. "J'étais garée plus haut dans la rue. L'eau l'a charrié jusque-là, quelques mètres plus bas... Je ne peux plus ouvrir le coffre qui est encore plein d'eau. Tous les papiers et les quelques affaires personnelles qui étaient dedans sont trempés", constate-t-elle. Elle a découvert cette mauvaise surprise ce matin alors qu'elle devait aller travailler. "J'ai déjà remorqué des dizaines de voitures ce matin", lance le dépanneur, enfin arrivé sur place.
Si l'avenue Charrier a été l'un des endroits les plus touchés de Bagnols, ce n'est pas le seul. Un peu plus haut, plusieurs commerçants du bas de l'avenue Crémieux ont aussi été inondés. "Je suis arrivé, il y avait 10-15cm dans le magasin. L'eau est surtout rentrée par l'arrière, le plancher flottant a été soulevé. Dans la boutique, des portants à journaux sont foutus", montre Jean-Louis Morelli, gérant du Kiosque. Il a tout de même réussi à rouvrir plus rapidement que d'autres commerces qui ont eu les pieds dans l'eau pendant un moment.
"Cela faisait des vagues comme quand un bateau passe, sauf qu'il n'y avait pas de bateau"
C'est le cas de Bricomarché qui a finalement rouvert vers midi ou encore de l'enseigne de prêt-à-porter Kiabi, située sur l'avenue du Commando Vigan-Braquet. "On a une flaque de 2-3cm d'eau dans tout le magasin qui fait 1 000m2. L'eau est rentrée à cause des infiltrations dans le toit car c'est tombé fort. C'est la troisième fois que ça nous arrive en 10 ans", regrette Jean-Baptiste le gérant, aidé de sa compagne et trois autres personnes. Il ajoute : "On va sûrement avoir quelques dégâts, notamment les articles disposés près du sol. Ils sont mouillés, on va essayer de les faire sécher mais à mon avis, ce sera invendable."
Tout en bas de l'avenue, à hauteur de l'espace Paul-Ullman, la puissance des flots a laissé de sacrées béances dans le sol. Le trottoir est éventré, laissant apparaître des tuyaux en PVC à moitié cassés. Un panneau de signalisation est à terre, une bouche d'égout a été soulevée pour amerrir quelques mètres plus loin au milieu de la chaussée, le bitume s'est légèrement soulevé à un endroit et des coulées de boue ont été charriées jusqu'au rond-point de la route d'Alès. "Hier, c'était une véritable rivière à chaque fois", lance une passante qui habite plus loin. Heureusement, elle habite à l'étage d'un HLM.
Mais ce n'est pas le cas d'Anne-Marie, qui occupe un appartement en rez-de-chaussée au bâtiment 145 de l'avenue du Commando Vigan-Braquet. Elle a découvert que l'eau était entrée dans sa salle de bain et son balcon ce matin, au réveil. La bouche d'évacuation en contre-haut de son habitation était aussi saturée. "C'est souvent mais là, c'est plus que d'habitude. Pendant la nuit, j'entendais l'eau qui frappait ma fenêtre. Cela faisait des vagues comme quand un bateau passe, sauf qu'il n'y avait pas de bateau. Ça érode le bâtiment, un jour, je vais partir à la Cèze", dit-elle avec humour mais aussi avec une pointe d'inquiétude.
À Tresques aussi, des dégâts importants sont à déplorer puisque la Tave est sortie de son lit, allant presque jusqu'au centre du village. "Plusieurs arbres sont tombés et ont été emportés créant des obstacles sur la voirie. Cinq voitures ont aussi été emportées sur plusieurs centaines de mètres. L'employé communal de la mairie s'est rendu sur place pour dégager la voie. Le président d'ABCèze a aussi été appelé pour lever les embâcles sur la Tave", retrace le maire, Alexandre Pissas.
Marie Meunier