Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 14.10.2022 - corentin-migoule - 4 min  - vu 1046 fois

ALÈS AGGLO Un ambitieux projet alimentaire territorial voté à l'unanimité

Aurélie Genolher et Sylvain André ont assuré la présentation du projet alimentaire de territoire. (Photo Corentin Migoule)

Ce jeudi soir, la salle des assemblées du bâtiment Atome accueillait le conseil communautaire d'Alès Agglomération marqué par le vote à l'unanimité de la feuille de route du projet alimentaire territorial, lequel a vocation à tendre vers la souveraineté alimentaire. 

Tout a commencé par un hommage. Celui du trio formé par Valérie Meunier, Julie Lopez-Dubreuil et Aurélie Genolher. Dans ce même ordre, les trois élues communautaires ont lu un message faisant écho à une sombre actualité internationale, puisque ces dernières ont rappelé le triste sort réservé à Masha Amini, battue jusqu'à la mort par la police iranienne des mœurs au motif qu'elle portait une tenue "inappropriée". Depuis, "toutes les grandes villes du pays se soulèvent contre la dictature", a indiqué Valérie Meunier. "Nous, femmes, élues politiques d'Alès Agglomération, nous savons que le peuple iranien a besoin de la communauté internationale", a conclu Aurélie Genolher, avant de demander à l'assistance de respecter une minute d'applaudissement à la mémoire de toutes les victimes.

Avec un sujet ô combien plus réjouissant, la maire de Massilargues-Attuech allait revenir sur le devant de la scène pour ce qui avait des allures de plat de résistance de la soirée : la présentation de la feuille de route du plan alimentaire territorial (PAT). Car à l’heure où la reconquête d’une souveraineté alimentaire apparaît pour beaucoup comme une nécessité, les PAT, qui favorisent la relocalisation de l’agriculture et de l’alimentation dans les territoires en soutenant notamment l’installation d’agriculteurs, les circuits courts ou l’utilisation de produits locaux dans les cantines, fleurissent un peu partout en France. L’agglomération d’Alès l’a bien compris et porte depuis 2018 son propre projet alimentaire territorial, "une époque où les PAT n'étaient pas aussi à la mode qu'ils le sont aujourd'hui".

Un PAT, six axes majeurs et 32 actions

Confiée à la dernière nommée, en binôme avec Sylvain André, maire de Cendras, l'élaboration du PAT d'Alès Agglomération a d'abord donné lieu à une phase de structuration, via une période de consultation de la population du 1er novembre au 31 décembre 2020. Les questionnaires, à remplir en ligne ou après avoir été distribués sur les marchés locaux par les élus, avaient permis de recueillir plus de 2 200 réponses à partir desquelles ont été esquissées un certain nombre d'orientations. Ce jeudi soir, après presque trois années d'un travail quelque peu perturbé par la crise sanitaire, le tandem Genolher-André a rendu des comptes à l'ensemble du conseil communautaire. Saluant la "dynamique collective" générée par la démarche accouchant d'une feuille de route "partagée", celle qui est aussi conseillère régionale a indiqué que "plus de 60 partenaires", parmi lesquels des associations "engagées voire parfois très militantes", y ont participé.

Labellisé en mars 2021 par le ministère de l'Agriculture, ce PAT alésien ne se résume pas à la seule agriculture d'après le maire communiste de Cendras, qui relève six piliers : "le développement durable, la nutrition et la santé, l'accessibilité sociale, la culture et la gastronomie, l'aménagement du territoire, et l'économie alimentaire." Se revendiquant "synthétique", la présentation du duo a fait émerger six grands axes stratégiques  : rendre accessible à tous une alimentation de qualité, adapter les filières agricoles et développer les circuits alimentaires locaux, soutenir les agriculteurs dans leur quotidien et rendre l'accès au métier plus facile par la formation et la transmission, préserver et développer les terres cultivables, rendre les pratiques agroécologiques dominantes, ainsi que faire du PAT un lieu de travail partagé qui expérimente et communique.

Ces six orientations majeures se déclinent en 32 actions. Nous citerons pêle-mêle la création de fermes pédagogiques comme outils de médiation à la découverte du monde agricole, celle d'espaces "test" agricoles d'expérimentation, œuvrer à la reconquête pastorale, créer une légumerie au nord d'Alès, ou encore faire connaître le PAT et le rendre crédible aux yeux de tous en élaborant un grand plan de communication. De bien jolis mots qui traduisent d'ambitieuses intentions, lesquelles doivent désormais se confronter à une réalité tant pratique qu'économique. "ll faut maintenant se projeter sur les déclinaisons financières de ce projet", avait habilement conclu Aurélie Genolher, quand Sylvain André invitait l'État - qui "a beaucoup poussé pour qu'on organise ce PAT" - à sortir la planche à billets pour garantir sa mise en marche.

"Concilier développement économique et maintien d'un développement durable acceptable"

Investi sur le dossier depuis fin 2019, le dernier nommé se sait attendu au tournant : "Ça nous oblige à être à la hauteur car on a fait naître un espoir !" Élue communautaire d'opposition, Béatrice Ladrange veillera au grain : "Il est absolument nécessaire de passer de la parole aux actes !" Celle qui est aussi élue d'opposition à la ville d'Alès n'a pas manqué d'affirmer un peu plus sa fibre écologique en reprochant à l'Agglo l'artificialisaiton de 376 hectares en cinq ans, de 2011 à 2016, "l'équivalent de neuf terrains de football par mois". Une manière pour la membre du Printemps alésien d'exposer le doute qu'elle éprouve à l'égard de la sincérité de la démarche.

Pour tuer dans l'œuf toute tentative de discréditation, le président d'Alès Agglomération, Christophe Rivenq, a immédiatement rétorqué que pas moins de "2 700 hectares de terres non cultivées" sont disponibles sur le territoire. Et d'ajouter : "L'extrémisme ne mène à rien. Il faut de la mesure dans tout. Ce dont nous manquons cruellement, c'est de lieux pour accueillir des entreprises. Évidemment qu'on sera obligé de construire des nouveaux bâtiments. Il faut pouvoir marcher sur deux jambes. Concilier développement économique et maintien d'un développement durable acceptable."

Geneviève Blanc, maire d'Anduze, commune qui vient d'acheter deux hectares supplémentaires de terres agricoles afin d'accueillir un maraîcher, y est aussi allée de son bémol, regrettant "la perte de nombreux agriculteurs chaque année" et le caractère "irréversible" d'une artificialisation. Après quoi, Patrick Malavieille, maire de La Grand'Combe, s'est grimé en vieux sage pour rappeler que le PAT trouve son fondement dans une "notion d'équilibre" et s'inscrit "parfaitement dans le projet de territoire" initié par les élus communautaires. Des propos qui ont laissé place au vote à l'issue duquel la feuille de route du projet alimentaire territorial a été approuvée à l'unanimité, sans la moindre opposition ni abstention.

Corentin Migoule

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