ALÈS "Mon labyrinthe en carton", ce nouveau jeu dont les enfants raffolent
Ex-responsable de la communication d'une collectivité, l'Alésien Fabien Guezellou, papa de deux bambins, s'apprête à donner naissance à un tout nouveau jeu : "Mon labyrinthe en carton". Testée et approuvée par ses proches, cette nouveauté doit encore faire l'objet d'une demande de subventions.
Fabien Guezellou a pris son temps pour envisager de commercialiser ce qui n'était alors qu'une idée à visée distractive. "Quelques mois avant le confinement, j'avais récupéré des cartons et j'ai proposé à mes deux enfants de faire des cabanes", rembobine le quadragénaire. Charlotte et Nino, 5 et 8 ans à l'époque, approuvent et développent. "Juste avant Noël, mon fils a eu l'idée d'un labyrinthe. On a bricolé ça en assemblant des cartons avec du scotch. Après ça, pendant près de six mois, ils ont totalement délaissé leurs jouets habituels pour jouer toute la journée au labyrinthe", se souvient sans mal l'Alésien.
Ce nouveau jeu sommaire qui n'a pas encore de nom fait des émules. "Après le confinement, des amis sont venus à la maison avec des enfants qui ont un peu le même âge que les miens. Ils ont délaissé tablettes et consoles pour jouer toute la soirée au labyrinthe !", poursuit celui qui était encore il y a quelques mois responsable de la communication d'une commune au nord d'Alès. Un soir, alors que ces mêmes amis lui rendent la pareille en l'invitant, Fabien Guezellou est sommé par les enfants du couple de "ramener le labyrinthe en carton".
Une fabrication locale
Parce qu'il "adore jouer avec les enfants", en faisant même "plus qu'une philosophie de vie", le père de famille s'exécute. "Je me suis rendu compte que ce n'était pas facile à transporter. J'ai donc travaillé à l'élaboration d'une mallette qui a une double fonction : à la fois de transport et d'intégration au jeu", explique celui qui vit à Méjannes-les-Alès. "Mes amis m'ont dit que c'était génial et qu'il fallait que je commercialise le jeu", ajoute Fabien Guezellou. Fort de ce succès auprès de son cercle rapproché, le dernier nommé se laisse tenter par quelques recherches sur Internet afin de s'assurer qu'un équivalent n'a pas déjà été conçu.
Après s'être aperçu que non, le père de famille se convainc de pousser un peu plus loin le processus et contacte l'entreprise alésienne DS Smith Packaging, spécialisée dans le carton. Pendant six mois, le néo-entrepreneur - qui s'est entre-temps mis à son compte en qualité de concepteur de sites web - n'obtient pas la moindre réponse. Jusqu'à un appel inattendu du directeur commercial de la société alésienne qui se montre "très intéressé".
À destination des 3-12 ans
Ce dernier l'informe que DS Smith est en capacité d'assurer en intégralité le processus de fabrication (découpage, pliage et impression) des jeux en carton. "J'ai fait le choix d'un carton recyclé, plus cher qu'un carton traditionnel, pour des raisons d'éthique", précise le Méjannais. Cette fois ça y est, la marque "Mon labyrinthe en carton" est déposée. Mais si les négociations sont bien avancées avec l'entreprise spécialisée dans les solutions d'emballage, le contrat n'est pas encore signé.
"J'aimerais que des membres d'un ESAT (Établissement et service d'aide par le travail, NDLR) assurent au moins l'une des étapes de la fabrication", concède en effet Fabien Guezellou. Ce qui ne devrait pas poser problème dans la mesure où le groupe DS Smith est déjà porté par une forte responsabilité sociale, en témoigne la collaboration avec l'ESAT Les Gardons.
De son côté, tandis qu'un logo et un site Internet sont en cours de réalisation, le père de famille s'attache à promouvoir son produit. Car ce dernier, ciblant les enfants de 3 à 12 ans, ne s'adressera pas qu'aux particuliers. "Dans le labyrinthe, on peut se courir après, se cacher, faire un escape game, des jeux d'énigmes ou de la recherche d'objets", vante le créateur. Autant de possibilités qui se prêtent à merveille au secteur de la petite enfance et aux centres de loisirs.
"On a fini à quatre pattes à se courir après"
Avec un premier prototype, en attendant la série finale, Fabien Guezellou a déjà réalisé plusieurs animations. Une maison d'assistance maternelle, puis un centre de loisirs à Saint-Christol-lez-Alès ont fait office de premiers "clients". "À Saint-Christol, on a passé deux heures exceptionnelles avec les enfants. On a fini à quatre pattes à se courir après. C'était fou !", se marre celui qui n'hésite pas à jouer les animateurs.
Parce que son projet a vocation à dépasser les frontières du département, il se rendra prochainement dans une école maternelle à Perpignan. En contact avec JouéClub Alès où sa création a été "très bien accueillie", le "papa poule" voit la concrétisation se rapprocher : "Tous les jours, on a des petits signes qui nous font penser qu'on a raison d'y croire. Par exemple, plusieurs grands magasins de jouets se sont abonnés à notre page sur Facebook !"
C'est d'ailleurs sur ce même réseau social que l'entrepreneur envisage de lancer dans quelques semaines une cagnotte solidaire par le biais de laquelle les participants précommanderaient une mallette de jeu. "C'est un "crash test" pour voir comment réagit le public", résume Fabien Guezellou, qui y voit aussi le moyen de dégager des fonds en vue de s'offrir un gabarit de découpe des cartons ainsi que des pochoirs pour les décorer (soit près de 20 000 euros de matériel).
"N'oublie pas papa que c'est moi qui ai eu l'idée"
Car les labyrinthes des premières séries inviteront les bambins à choisir l'univers de leur choix (château fort, jungle, l'espace). Tandis qu'un dossier de candidature pour participer au prochain concours économique Alès Audace - la prochaine édition faisant la part belle aux projets culturels - a été déposé, le Méjannais planche à une commercialisation qu'il espère enclencher "au printemps 2023".
Un ordre de prix a déjà été fixé : 45 euros pour la mallette petit modèle de 8 kilos, contre une soixantaine d'euros pour le grand modèle de 11 kilos, plus approprié aux très grandes surfaces de jeu. Dans les deux cas, "la mallette se range facilement sous un lit", rassure le créateur, qui s'attend à mouiller le maillot pour défendre son invention aux quatre coins de l'Occitanie en jouant les animateurs sur demande.
"Il y aura forcément de l'embauche, car je ne pourrai pas tout faire", projette par ailleurs celui qui, à terme, envisage de s'atteler à la préparation des colis dans un entrepôt qu'il espère trouver dans les environs d'Alès. Tout a commencé grâce au fils des Guezellou, 10 ans aujourd'hui, lequel ne manque pas de le rappeler à son paternel : "Il me dit souvent 'n'oublie pas papa que c'est moi qui ai eu l'idée." À Nino les royalties !
Corentin Migoule