BAGNOLS Avec le pacte Agri-Ethique, la boulangerie Caractères devient solidaire de sa filière
Et si la solution à la crise agricole se trouvait là ?
La boulangerie Caractères a signé hier le pacte Agri-Ethique, un dispositif qui vise à sécuriser toute la filière du blé. Elle est la deuxième du département à le faire.
« En sécurisant un prix, on sécurise les emplois »
« La démarche est née en 2013 en Vendée pour trouver une parade à la volatilité du marché du blé », explique le directeur général d’Agri-Ethique Ludovic Brindejonc. Le principe est simple : l’agriculteur, l’organisme stockeur, le meunier et le boulanger signent un contrat de trois ans, durant lequel l’agriculteur voit le prix du blé garanti sur un volume donné, l’organisme stockeur et le meunier s’engagent sur un prix fixe et le boulanger et le meunier sur un volume de farine et un prix fixe.
« Le prix est fixé à partir des coûts de production, et il est sécurisé pour l’agriculteur, affirme Ludovic Brindejonc. Le meunier sécurise son approvisionnement et son prix d’achat, et le boulanger n’a plus le stress de l’achat de la farine, il sait combien ça va lui coûter. » Bref, « en sécurisant un prix sur l’ensemble de la filière, on sécurise les entreprises de cette filière et les emplois », résume le directeur général d’Agri-Ethique, qui qualifie la démarche de « solidaire, un commerce équitable Nord-Nord. »
Un modèle pour le lait et le porc ?
C’est que la filière du blé est, comme celle du lait ou de la viande de porc, confrontée à des cours fixés au niveau mondial, qui peuvent fluctuer sans prévenir. « Et on ne peut pas acheter de la farine à des prix trop évolutifs sachant que le prix de la baguette ne change pas, on ne pourrait pas passer de 85 centimes à 1,10 euro du jour au lendemain, les clients ne comprendraient pas », explique Tony Talmant, propriétaire de la boulangerie Caractères de Pain bagnolaise, qui passe 6 tonnes de farine par mois. Des cours instables, mais également trop bas pour les agriculteurs : « en ce moment ils sont de 135 euros la tonne, et notre coût de revient est d’entre 140 et 150 euros la tonne », affirme Didier Crost, agriculteur isérois membre d’une coopérative qui participe à la démarche. Un problème là aussi rencontré sur le marché du lait ou du porc.
« Cette démarche répond à des questions posées sur l’ensemble des filières agricoles », estime Louis Antin, responsable de la collecte pour la coopérative Dauphinoise, dans l’Isère. « Aujourd’hui nous l’avons mise en place sur le blé tendre, le blé noir et le vin, et nous réfléchissons à le faire sur la viande, notamment le porc, et le lait, explique Ludovic Brindejonc. On aimerait décliner cette démarche, mais il faut des industriels qui nous suivent derrière. Nous, on est prêts. » Chiche ?
En chiffres :
Près de 600 agriculteurs, 8 coopératives, 14 moulins et près de 600 boulangeries ont signé la charte Agri-Ethique depuis 2013.
Thierry ALLARD