BOUQUET La nouvelle filière du chanvre passe à la vitesse supérieure
La jeune filière du chanvre a été lancée en 2010 dans le Gard. Pour répondre aux besoins du marché de l'éco-construction, elle avait besoin d'un outil de broyage et de tri adapté. C'est désormais chose faite.
Depuis 2009, le secteur de l'éco-activité est en pleine expansion. Entre 2009 et 2010, les énergies renouvelables connaissent une très forte progression : +19% des emplois. C'est à cette période que l'intérêt du chanvre en tant qu'éco-isolant est identifié. Dans le Gard, plusieurs agriculteurs bio tentent alors de le remettre en culture, et une association est créée début 2011. "Le chanvre est facile à produire et permet une rotation efficace", souligne Mathieu Bournonville, président de Chanvre Gardois, installé depuis 2010 à Bouquet. La paille - récoltée sur une trentaine d'hectares dans le Gard - est alors vendue brute, pour la construction de torchis.
Mais les débouchés sont insuffisants et l'offre trop restreinte. Il s'agit donc de trouver un outil industriel adapté à un contexte de filière courte. Devant l'absence de machine disponible sur le marché, une ligne de transformation est montée de toute pièce via un atelier collectif, en collaboration avec des artisans et des constructeurs. Un investissement périlleux de 80 000 € financé à 40 % par la Région Languedoc-Roussillon. "Ça fait 7 ans qu'on se bat. Entre deux, certains chanvriers ont jeté l'éponge!", regrette Mathieu Bournonville.
Isolant thermique et acoustique
L'engin est en fonctionnement depuis 2015, après de nombreux essais et réglages. Désormais, les chanvriers peuvent produire des fibres, de la laine et des chènevottes, une gamme complète d'isolants pour les dalles, les murs, les enduits, la décoration, les combles et les planchers. "Ce produit est un bon absorbeur thermique et acoustique. Il assure une atmosphère ni trop humide, ni trop sèche, et les rongeurs ne s'y intéressent pas. C'est pourquoi nous prévoyons de l'utiliser pour la restauration du temple de Fons-sur-Lussan, qui est en cours", annonce Sophie Lossky, architecte et co-fondatrice de l'association Pistes, Patrimoine, Innovation, Territoire Savoir-Faire et Environnement.
Reste à lancer la commercialisation et la promotion. Si Chanvre Gardois fait attendre une dizaine de clients potentiels, le pari n'est pas gagné pour autant. Les tarifs restent très élevés et seule une diffusion massive permettra une baisse des prix. Autre frein : la machine est lente et ne permet de transformer qu'un hectare en 12h. "Notre objectif est de maîtriser la production et l'utilisation de la ligne, pour un amortissement d'ici 2 ou 3 ans. Pour ce faire, nous devons augmenter nos surfaces et attirer plus de producteurs", conclut Mathieu Bournonville.