ÉDITORIAL La marchandisation du corps : la ligne rouge
Depuis ce lundi, l’Assemblée nationale examine le dernier volet de la loi bioéthique et de sa mesure phare ou polémique c'est selon, la PMA (procréation médicalement assistée) pour toutes. Une promesse qui date de François Hollande reprise par Emmanuel Macron dans son programme présidentiel de 2017. Elle devrait aboutir et permettre au président de la République de tenir là l'une des grandes réformes sociétales de son quinquennat. Les débats bien sûr seront encore enflammés cette semaine dans l'hémicycle car beaucoup redoutent que l'autorisation de la PMA ouvre la voie à la GPA (gestation pour autrui). Mais le ministre de la Santé comme les rapporteurs de cette loi dont le député du Gard Philippe Berta l'assurent : c'est une ligne rouge qui ne sera pas franchie. Pas question d'autoriser la marchandisation du corps. La PMA vient simplement donner un cadre juridique français à un état de fait. Les femmes traversent les frontières aujourd'hui, direction l'Espagne ou la Belgique pour mener leur projet familial. Une situation qui échappe aux contrôles sanitaires dans notre pays. Et crée une inégalité sociale. Car il faut avoir quelques économies de côté pour aller au bout de cette démarche, a fortiori en faisant des allers et retours à l'étranger. Enfin, et c'est peu dit, mais la PMA aujourd'hui, c'est aussi un sacré parcours de vie. Qui ne permet pas toujours une réussite immédiate. Le taux de succès est d'ailleurs assez faible sans compter les risques associés sur la santé. Autre débat dans les travées de la chambre des députés : les cellules souches. C'est le généticien gardois Philippe Berta qui est directement concerné, il est rapporteur principal sur le sujet. Il devra s'armer de patience pour convaincre ses collègues. Les convaincre de ne pas les interdire et ainsi faire un pas vers la thérapie cellulaire. Dans l'objectif d'offrir de l'espérance notamment aux trois millions d'enfants atteints d'une maladie génétique. C'est là-aussi l'occasion de donner un cadre juridique et d'accélérer la souveraineté sanitaire de la France sur ces questions qui seront au centre des enjeux biomédicaux demain. Tout en conservant dans l'Hexagone les chercheurs français tentés, notamment pour des questions de manque de moyens, de s'exiler vers des cieux plus cléments et probablement plus progressistes.
Abdel Samari