ÉDITORIAL La marche de l'histoire
Franchement, plus personne ne pourra dire après la commémoration du centenaire de la Levée des tridents, ce dimanche, que le Gard n'est pas une terre attachée à ses traditions. Cette foule était spectaculaire avec plus de 4 000 personnes rassemblées sur l'esplanade au moment des discours. Une imitation de l'événement d'il y a 100 ans, précisément le 17 novembre 1921, quand le Marquis de Baroncelli organisait un grand rassemblement devant le tribunal de Nîmes pour apporter son soutien aux matadors et responsables des arènes de Nîmes attaqués en justice par la SPA (Société protectrice des animaux), dans l'objectif d'interdire les corridas. Un siècle plus tard, la mobilisation pour la défense des traditions locales et cultures taurines est toujours d'actualité. Difficile pour les contestataires de tous crins de nier l'évidence. Il reste encore un peuple libre, qui veut vivre de sa passion sans être inquiété. Mais est-ce encore possible en 2021 ? Chasse, corrida, course camarguaise (...), la menace est constante. Et l'élection présidentielle à venir n'arrange rien. Elle donne l'occasion à n'importe qui de dire n'importe quoi sur les aspérités des territoires qui forment la France. Mais ce sont bien ces différences qui font un tout. Et non l'inverse. Les 1 000 cavaliers qui ont défilé dans les rues de Nîmes - pour le bonheur des petits comme des grands - y croient dur comme fer. Ils étaient aussi là pour rappeler que ces traditions offrent indirectement de véritables ressources économiques pour le département du Gard. Que serait notre Camargue sans nos manadiers ? Ce qui s'est déroulé ce dimanche après-midi dans la capitale du Gard restera donc gravé dans le marbre. Nulle part ailleurs les acteurs de ce monde-là n'avaient fait bloc aussi intelligemment. Sans colère, sans révolte. Avec la banane du devoir accompli. Pour les générations d'aujourd'hui et surtout celles de demain. Aficionados ou pas. Tous d'accord pour ne pas vivre sur une terre qui arrache ses racines pour un oui et pour un non.
Abdel Samari