Est-ce le début d'un nouveau monde ou le nouveau monde qui est déjà là ? La crise énergétique vient en tout cas fracasser notre quotidien comme jamais. Alors que l'or noir se négociait à un tarif défiant toute concurrence, en abondance, que le gaz venu de l'autre bout de la planète n'était pas un sujet sauf pour le transport. Et que l'électricité produite en France grâce au nucléaire nous assurait des lendemains sans encombres. Les derniers mois ont tout remis en cause. L'ordre mondial a changé. Et le dérèglement climatique de plus en plus prégnant nous oblige. Désormais nos habitudes sont remises en cause. Le choix n'est plus. L'inflation galopante se fait sentir dans notre portefeuille. Et les prochains mois, sans bouclier de l'État pour garantir des augmentations minimalistes, vont tout faire voler en éclat. Les particuliers vont subir de plein fouet un prix de l'énergie à des hauteurs dingues. Certains ne pourront, bien entendu, pas faire face. Comment s'en sortir ? En refusant de payer les factures ? Les collectivités vont devoir aussi se mettre à la page. Et éteindre les lumières et le chauffage. Le risque est déjà là : des rues non éclairées, est-ce que tout le monde va accepter de continuer à sortir normalement le soir et la nuit ? La modération du chauffage, on le voit déjà, entraîne des conséquences désagréables. Les piscines ferment, les équipements sportifs ou structures associatives pourraient se retrouver dans la même situation. Quelle alternative alors ? À ce stade, aucune. Sauf la sobriété qui constitue au niveau individuel une forme de privation, et au niveau collectif une forme d’entrave. En matière d’énergie, l’Association négaWatt dans sa réflexion sur la démarche négaWatt en 2016 s'appuyait sur trois piliers : la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Son scénario visait à décomposer l’ensemble des usages de l’énergie et des actions de sobriété envisagées permettant à l’horizon 2050 une réduction de 20 % de nos consommations d’énergie. Cette politique pourrait s’appuyer sur une logique de quotas individuels d’énergie à consommer par une approche d’éducation et de régulation, par les prix et par le cadre réglementaire, de la demande et de l’offre en faveur de la sobriété. On y est.

Abdel Samari