Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 10.10.2016 - abdel-samari - 4 min  - vu 390 fois

ÉLECTIONS CMA Serge Alméras : "Mon dernier mandat"

Serge Alméras se lance à nouveau dans la course à la présidence de la Chambre des Métiers. Après plusieurs mandats, le candidat sortant considère avoir encore de la ressource et de l'énergie pour répondre aux attentes des artisans dans un univers marqué par l'uberisation de l'économie.

37 ans en tant qu'artisan boulanger, Serge Alméras n'a pas perdu le lien avec son métier. Tous les matins à 5h30, il sert les clients dans la boulangerie alésienne tenue par son épouse, avant de rejoindre la Chambre pour s'occuper cette fois-ci des artisans du Gard. "Je prends la vente jusqu’à 8h. Je me change et je vais à la Chambre. Le vendredi je sors très peu car je travaille tous les samedis. Cet exercice me permet ainsi d'être au contact de la clientèle et des préoccupations de l'artisanat", confie Serge Alméras.

L'artisanat ... une économie humaine

Car l'artisanat est intrinsèquement lié à son parcours professionnel : "L’artisanat est une économie incontournable en France et c’est une économie humaine. J’ai beaucoup évolué en parallèle de ce métier. C’est super intéressant : quand on est dans son labo ou sur son chantier. Franchement, ça m’a donné une vision de l’ensemble de l’économie".

Issu d’une famille de boulanger, c'est une carrière toute tracée qui attendait Serge Alméras jusqu'à ce qu'un ancien président de la CMA vienne le chercher "J'ai monté tous les niveaux de responsabilité un à un pour parvenir à la présidence de la Chambre. J’ai essayé d’apporter le maximum à ce qui m’ont fait confiance" raconte le candidat sortant.

Et pour cette nouvelle échéance, fort de son expérience, il part confiant : "Il y a vingt organisations artisanales gardoises qui nous font confiance pour le prochain mandat. Elles sont avec nous car il y a la reconnaissance du travail bien fait".

Au-delà de la fierté de "représenter une économie humaine avec des visages, une économie en face du consommateur", Serge Alméras se satisfait en particulier de la progression de la profession : "À mon arrivée à la présidence de la Chambre, on comptait 9 000 artisans dans le Gard, aujourd'hui, nous en avons 20.000. Une très belle évolution même en prenant en compte le phénomène de l’autoentrepreneur qui a gonflé les chiffres."

"Henry Brin a approuvé l'ensemble de nos choix"

Mais le mandat qui s'achève ne comporte pas que des satisfactions. Serge Alméras ne se cache pas derrière son petit doigt : "On a loupé forcément des choses, pour que la Chambre fonctionne parfaitement, il faut savoir s’entourer de gens compétents dans toutes les filières. La déception est donc possible".

Une réflexion dirigée vers son adversaire d'une élection, Henry Brin : "Il était premier vice-président et a approuvé l'ensemble de nos choix. C'est facile aujourd'hui d'être dans la contre-vérité." Des propos qui font écho aux reproches d'Henri Brin sur le manque de relations avec tous les artisans du Gard : "C’est vrai que les artisans ont un passage obligatoire à l’inscription et à la radiation. Entre les 2, ils ont accès à des services. Il y a encore bon nombre d'artisans qui ne les utilisent pas. C’est une déception surtout pour eux car ils ont une panoplie d'outils dignes des grandes entreprises notamment en ce qui concerne le recrutement, le financement...".

Le remède pour éviter ce problème : "Il faut communiquer, communiquer, communiquer ..." Pas sûr que tous les artisans s'en satisfassent.

Autre écueil soulevé par son opposant : sa stratégie solitaire. Là encore, Serge Alméras balaie d'un revers de main : "Henri Brin avait 30% des délégations de la Chambre notamment en commission du développement économique et pour la formation. Avec Jacques Bourgade (autre vice-président de la CMA), ils étaient deux éléments majeurs de la majorité. Nous sommes face à de la mauvaise foi évidente". Et d'enfoncer le clou : "J’ai un goût amer. Ils prétendent vouloir jouer collectif pour tirer finalement la couverture à soi. Moi je dis que c’est une réussite collective notre mandat précédent. On a tout voté à l’unanimité donc parler aujourd'hui d'ambition personnelle n'est pas fondé".

Un dernier tour de piste

Pour sortir de cette guéguerre stérile, le boulanger alésien se veut clair : "Cela fait 20 ans que je suis à la tête de la CMA avec une alternance : je n’ai donc pas le record de France. J’ai annoncé que c’était mon dernier mandat."

Pour ce dernier tour de piste, Serge Alméras a de l'idée... Notamment de faire en sorte de conserver la proximité de la Chambre des métiers. "Je vais monter un groupe rajeuni pour prendre la relève. J’ai 16 anciens élus et 25 nouveaux. Ils représentent l’ensemble des élus sur tout le territoire du Gard. On va mettre des ambassadeurs partout afin que l'on ai une information qui monte et qui descende."

Au rayon des promesses, l'objectif est d'adapter l’artisanat à l’économie numérique : "Il faut aller vite afin d'éviter de subir". Labelliser les professions notamment autour de la reconnaissance par le consommateur "Mettre en place une distinction pour les professionnels du bâtiment en favorisant les entreprises qui embauchent localement comme on l’a fait avec les boulangeries, les fleuristes, …." Mettre en place une reconnaissance du conjoint artisan, "pour éviter les drames lors d’un décès du conjoint, d’un divorce ou même au moment de la retraite". Mais aussi appuyer la refonte du RSI et fin novembre, inaugurer l'IRFMA et ses lieux d'hébergement.

Des chantiers indispensables pour les années à venir... D'autant que la santé financière de la Chambre ne fait pas débat : "La santé financière est bonne malgré les 21 millions de l’IRFMA. Nous n’avons pas puiser dans les réserves mais elles sont minces d'autant que des risques de perte des dotations existent."

En conclusion, Serge Alméras est confiant pour l'avenir de la Chambre : "Le travail finira par payer car les artisans sont tous des travailleurs. J'ai confiance en eux et en la qualité de leur travail tant dans le domaine du service, de l'alimentaire ou du bâtiment. Quand un plombier doit intervenir, c’est un service de proximité, il n’y a pas de mondialisation. Donc nous ferons tout pour préserver notre différence".

Un mot sur les Présidents actuels :

Francis Cabanat, actuel Président de la CCI Alès : "Nous avons d'excellentes relations. Il m'arrive de ne pas comprendre tout ce qu'il dit car il a une capacité intellectuelle incroyable."

Henry Douais actuel Président de la CCI Nîmes : "J'ai de parfaites relations avec lui. On fait beaucoup de projets ensemble. Mais moi, je veux garder l’indépendance des Chambres. La CCI dépend de grosses structures qui amènent beaucoup de financements. Nous on a les petits qui en amènent peu. Comme je dis souvent : qui paie commande. Donc le projet de fusion que propose M. Brin ne tient pas la route car en tant qu’artisans, nous serions moins représentés."

Dominique Granier, Président de la Chambre d’Agriculture : "On a monté des filières courtes ensemble. Il me soutient, je peux le dire. Nous poursuivrons notre travail commun tout en respectant nos différences."

Important : les élections de la Chambre des Métiers se déroulent jusqu'au 14 octobre. Le dépouillement se fera en Préfecture le 19 octobre 2016.

Abdel Samari

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