FAIT DU JOUR À Uzès, un hôpital à taille humaine qui a de nombreux projets
Uzès, son duché, son marché et son hôpital local. Ici, pas d’urgences, de maternité ou encore de chirurgie, mais une multitude de services, notamment pour nos aînés, et des projets en cours.
« Ici nous sommes un hôpital à taille humaine. On connaît le nom des patients et leurs habitudes », souligne le directeur du centre hospitalier d’Uzès, Jean-Luc Montagne. C’est l’ADN de l’établissement, niché dans une petite ville, Uzès, mais pas seulement. Car l’hôpital n’existe pas uniquement par ses 84 lits d’hospitalisation sur place, mais compte pour l’heure huit EHPAD en propre ou en gestion commune, d’Aramon à Moussac, en passant par Cabrières ou encore Saint-Geniès-de-Malgloirès.
Et deux nouveaux établissements sont en train de sortir de terre et ouvriront en 2020. Le premier est en cours de finition, c’est celui de Fons-outre-Gardon : « Il ouvrira en janvier 2020. Les premiers résidents seront là entre la deuxième et la troisième semaine de janvier », explique le directeur.
L’établissement comptera 64 lits, et aura la forme « d’un village reconstitué, avec une place au centre et des façades colorées », présente la directrice des soins du centre hospitalier, Martine Montbrun. Un gros projet de 11 millions d’euros, cofinancé par le Département et l’Agence régionale de la santé (ARS). Le deuxième est à Euzet-les-Bains et sera fini en avril 2020. Il comptera 74 lits, portant le nombre de nouveaux lits en EHPAD du centre hospitalier d’Uzès à 134 pour l’année.
Les EHPAD représentent une grande partie de l’activité de l’établissement. D’ailleurs, des projets novateurs y sont développés : « En 2019, nous avons recruté une professionnelle diplômée en activités physiques adaptées pour les résidents des EHPAD de Moussac et Saint-Geniès », explique Jean-Luc Montagne. Pas une coquetterie, mais une activité « pour prévenir les chutes », complète Martine Montbrun. L’année prochaine, la direction envisage d’élargir ce dispositif aux établissements de Montfrin, Aramon, Redessan et Cabrières.
Activités physiques adaptées et médiation animale
En 2020 toujours, l’hôpital va mener un projet de médiation animale. « Nous nous sommes rapprochés de Royal Canin. Ils vont nous donner un labrador de six ans en janvier, qui a été choisi par les résidents », explique le directeur, tout en précisant qu’il s’agit du premier partenariat de ce type entre une maison de retraite et le géant de l’alimentation animale. « C’est un vrai projet de service, une volonté des équipes », affirme Martine Montbrun. Pour les résidents, « le chien entraîne une stimulation, c’est positif », ajoute-t-elle.
Un prix national pour un service unique dans le Gard
En dehors des EHPAD, l’hôpital compte un service dédié aux personnes en état végétatif chronique. « il s’agit de personnes qui ne sont pas en fin de vie mais qui ont eu de grosses séquelles neurologiques suite à une chute, un accident ou un gros AVC », présente Martine Montbrun. Il s’agit d’une unité de 14 lits, très spécifique puisque c’est la seule du département.
Le travail du personnel de cette unité a été reconnu cette année, puisque le service a reçu le prix national de l’Association nationale de la formation hospitalière. Ce prix vient sanctionner notamment les méthodes utilisées : « Nous travaillons sur les sens, la médiation animale, des thérapies non-médicamenteuses », note la directrice des soins. Autant de thérapies qui visent à apporter un peu de confort et d’apaisement à des patients cloués au lit ou dans un fauteuil-coque.
L’hôpital a aussi un service de soins, un autre de soins de suite et de réadaptation, ou encore une unité de soins de longue durée. D’ailleurs, cette année la famille d’un patient passé par ce dernier service a fait un don de 12 500 euros à l’hôpital. « Je n’avais jamais vu ça, souligne le directeur. Grâce à cet argent, nous avons pu acheter du matériel pour apporter plus de confort aux patients. »
Un climat social apaisé
Un don rare mais significatif d’un établissement où les patients et le personnels sont bien traités. L’hôpital compte 740 salariés (660 équivalents temps plein), et « très peu d’absentéisme, nous avons des personnels très impliqués », note Jean-Luc Montagne. Le dernier baromètre social en date de l’établissement, qui a vu une participation forte de 59 % (contre une moyenne régionale de 24 %) le montre, avec « 92 % des personnels globalement satisfaits de travailler à l’hôpital d’Uzès et dans ses EHPAD », souligne le directeur. Un directeur qui embraye directement en affirmant que « malgré tout il y a un travail à faire dans les services, notamment sur le dos du personnel des services de flux. »
Et le directeur n’hésite pas à prendre parti pour son personnel, en faisant voter une motion en faveur de l’application du rapport Libault, sorti au printemps, et qui préconise plus de moyens. « Nous espérons qu’il ne va pas être enterré, souffle le directeur. Le métier le plus important dans les EHPAD est celui d’aide-soignant. Nous avons un ratio de 0,45 aide-soignant par résident et même si nous n’arrivons pas à 1 pour 1, nous demandons l’augmentation du ratio d’effectifs au lit du malade et de mieux valoriser les métiers d’orientation gériatrique. »
Pour l’heure, le climat social de l’établissement est apaisé, mais le directeur l’affirme, s’il doit y avoir une grève pour revendiquer cette hausse de moyens, il n’exclut absolument pas d’y participer. Et d’ajouter : « On est ensemble. »
Thierry ALLARD