Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 18.02.2019 - tony-duret - 4 min  - vu 2985 fois

FAIT DU JOUR Dans les pas de l’avocate alésienne Coralie Gay

Coup de projecteur sur une profession méconnue et souvent fantasmée...
Maître Coralie Gay. Photo Tony Duret / Objectif Gard

À l’heure où la justice de proximité est en danger, où les robes noires portent un rabat rouge par crainte d’une délocalisation de certaines compétences de leur juridiction, Objectif Gard a suivi une avocate dans son quotidien. Celle-ci est alésienne, fière de l’être, et inscrite au barreau de sa ville natale depuis maintenant dix ans. Bienvenue dans l’univers de Coralie Gay.

Il y a des choses qui ne s’inventent pas. Quand à l’âge de six ans, en classe de CP, on demande à la jeune Coralie Gay ce qu’elle fera plus tard, elle répond… avocate ! Aujourd’hui, presque trente ans plus tard, elle s’en amuse : « Je ne savais pas trop ce que c’était à l’époque, mais je voulais défendre les gens. J’ai toujours dit que je voulais être avocat ». Elle ne se contente pas de le dire, elle le fait.

Elle côtoie une première fois cet univers auprès de l’avocat alésien, Nordine Tria, lors d’un stage en classe de troisième. C’est toujours chez lui que, quelques années plus tard, après de brillantes études à la faculté de Droit de Montpellier, elle apprend un peu plus le métier avant de décrocher son certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA *) en novembre 2008. Un mois après, le 18 décembre 2008, c’est le grand jour. Devant ses proches, à la cour d’appel de Nîmes, Coralie Gay tient sa promesse d’enfant, elle prête serment : « C’était la première fois que je portais ma robe. Elle m’a été offerte par mon oncle et ma tante. Je la porte toujours aujourd’hui, c’est tout un symbole ».

Droit au but !

Appliquant les mêmes pratiques que pendant ses études, celle que l’on peut désormais appeler maître Gay ne perd pas de temps. Deux semaines après sa prestation de serment, elle ouvre son cabinet d’avocat en centre-ville d’Alès. Une évidence : « C’est ma ville. Je pense que je ferai toute ma carrière à Alès et que je mourrai ici, ou vraiment pas loin. Je vis à Alès, je paie mes impôts à Alès. C’est un endroit que j’aime, une ville que j’aime ».

Ce que cette trentenaire dynamique apprécie aussi par-dessous tout, c’est le football ! « J’adore ça. Quand je visite une ville, je me rends au palais de justice et au stade ! », confie-t-elle avant de reprendre : « Quand j’étais petite, j’avais toujours un ballon dans les pieds. Quand il y avait le carnaval, je me déguisais en footballeuse. J’ai joué pendant longtemps en club, au poste d’arrière central ». Mais faute de temps, l’Alésienne a délaissé les pelouses cévenoles pour le parquet, a remplacé les hommes en noir par des robes noires et les barres transversales par un barreau.

Coralie Gay dans son cabinet. Photo Tony Duret / Objectif Gard

 La nuit, je bosse 

Pourtant, la vie de Coralie Gay est toujours aussi sportive. Ne vous aventurez pas à la suivre. « Je commence le matin à 8h30 et je finis rarement avant 19h. Et encore ça, c’est les bons jours », sourit-elle. Le lundi et le mercredi, jours où elle reçoit ses clients à son cabinet, il lui arrive d’enchaîner une quinzaine de rendez-vous dans la journée. Le reste de son temps, elle le passe dans les salles d’audience ou dans son cabinet, penchée sur ses dossiers, les volets fermés, pour ne pas être dérangée.

En cas de forte activité, elle revient au bureau le week-end. Bref, elle ne s’arrête quasiment jamais : « Je suis tellement investie qu’il m’arrive de me réveiller la nuit à cause de mes dossiers ». On touche là à un point sensible, l’un des rares sujets qui peut lui faire perdre le sourire qu’elle arbore pourtant très souvent : « Je trouve que les gens ne se rendent pas compte de l’investissement. Ils disent très peu merci. Il y a un vrai manque de reconnaissance. Pour eux, on vient les défendre et c’est normal. C’est le plus difficile pour moi ».

Maître Coralie Gay. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Le revers de la médaille

Cette implication de tous les instants est également compliquée à concilier avec sa vie privée que la jeune femme garde jalousement secrète. Une manière de se protéger et certainement aussi les siens. « Quand on fait du pénal, on touche un public particulier. Quand je défends un client, je ne fais que mon travail. Je ne prétends pas dire la vérité, mais sa vérité ». Seulement tout le monde ne fait pas le distinguo et l’avocate se retrouve dans le collimateur de certains : « J’ai actuellement deux plaintes en cours pour des menaces à mon encontre », révèle-t-elle.

Combative, elle reprend aussitôt : « Mais je peux vous assurer que je n’ai pas peur. Je sais me protéger et je n’hésite pas à déposer plainte. Ce métier nous expose. Il n’a pas que des avantages, mais je l’adore ! » Oh oui, elle l’aime et elle le dit : « Ce que j’aime le plus, c’est plaider. J’aime les gens, j’aime les défendre, j’aime le premier rendez-vous ». Et aussi les moments où elle tente de raisonner ses clients : « Je ne suis pas toujours souple avec eux. Parfois je leur crie dessus, je les avoine ! Mais, il y en a certains pour qui j’ai peut-être réussi à faire en sorte qu’ils prennent une autre voie que celle de la délinquance ». Elle marque un silence et résume son quotidien ainsi : « Je suis avocat (**), mais je suis aussi psychologue et assistante sociale ». Et cela, la petite fille de six ans ne l’avait pas prévu.

Tony Duret

* L’examen du CAPA se déroule conformément à l’arrêté du 7 décembre 2005. Il se compose d’une épreuve écrite (5 heures), de 5 épreuves orales et d’un contrôle continu. Les épreuves orales se décomposent comme suit : une épreuve orale technique portant sur une matière au choix : droit civil, pénal, commercial, social, administratif ou communautaire ; une épreuve orale portant sur le statut et la déontologie des avocats ; une épreuve de langue vivante (anglais, espagnol, italien, allemand) ; une double épreuve de soutenance des rapports de stages PPI (projets pédagogiques individuels) et stage en cabinet d’avocats.

** Avocat est un titre. À cet égard, sémantiquement, il ne prend pas le féminin. Cependant, orthographiquement, le nom d'avocate est désormais reconnu dans l'usage courant.

Tony Duret

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