Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 17.04.2021 - marie-meunier - 6 min  - vu 1273 fois

FAIT DU JOUR Enfants des personnels prioritaires : les accueils de loisirs du Gard s'organisent

Ces dispositifs de garde provisoires sont suspendus aux annonces gouvernementales. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Près de 90 enfants de personnels prioritaires sont accueillis chaque jour dans les trois ALSH du Gard rhodanien : Bagnols, Pont-Saint-Esprit et Saint-Géniès-de-Comolas. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Dans le Gard et partout en France, des structures sont ouvertes pour garder les enfants des personnels prioritaires, pendant ce confinement. En ce moment, ce sont les vacances scolaires alors les occupations tournent autour d’ateliers manuels, de découvertes culturelles ou d'activités sportives. Objectif Gard a visité deux centres de loisirs en ordre de marche.

Même plus besoin de le rappeler. Les enfants pressent le distributeur de gel hydroalcoolique avant de saisir les anses du babyfoot. Nous sommes à l’ALSH (accueil loisir sans hébergement) Vigan-Braquet à Bagnols/Cèze. Chaque jour, du lundi au vendredi, de 7h30 à 18h30, est accueillie une cinquantaine d’enfants dont les parents exercent une profession dite "prioritaire" : personnels des établissements de santé, médico-social, enseignants, forces de sécurité intérieure…

Sur le secteur du Gard rhodanien, trois accueils de loisir sont ouverts pour ces enfants, en lien avec l’Éducation nationale : celui de Bagnols, le Clos Bon Aure à Pont-Saint-Esprit et aussi celui de Saint-Géniès-de-Comolas depuis le début de semaine. Un déclenchement qui a été rapide grâce à l’expérience engrangée depuis un an. Sur ces trois structures, ce sont des jeunes âgés de 3 à 12 ans qui sont pris en charge gratuitement (même le repas).

Adrien Gilles, directeur de l'ALSH Vigan-Braquet de Bagnols, Bruno Harfi, coordinateur des accueils loisirs du Gard rhodanien, et Estelle Boukhenouna, directrice adjointe de l'accueil de Saint-Michel-d'Euzet, venue en renfort comme volontaire. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Dès leur ouverture le mardi 6 avril, les deux premières structures ont été prises d'assaut. Alors qu’au premier confinement, l’accueil avait péniblement atteint le seuil de 50 enfants au bout de 8 semaines. « Il y a un an, c’était un vrai confinement, on ne pouvait rien faire du tout, à part sortir une heure dans un rayon d’un kilomètre. Il n’y avait pas de masque, pas de gel, on ne savait pas ce que c’était ce virus et certains avaient peut-être peur », atteste Bruno Harfi, coordinateur des accueils loisirs. La tendance était plutôt à rester chez soi, sauf pour des raisons bien valables.

Les enfants "ne parlent pas covid ici"

Mais au bout d’un an et deux confinements plus tard, l’état d’esprit des parents semble avoir changé : « Maintenant, on est dans une forme d’acceptation, de résignation... On fait avec », estime Bruno Harfi. Mais est-il vraiment possible de s’accoutumer à cette situation ? Que l’on soit parent ou enfant ?

Le président de la République vient juste d’annoncer qu’un forfait de dix séances chez le psychologue serait offert à tout jeune dont la santé psychique a été affectée par la covid-19. À l’accueil loisir bagnolais, on ne sent pas particulièrement de signes inquiétants chez les enfants. « Peut-être lors du premier confinement et encore… Quand ils sont ici, ils sont dans leur monde, ils font leur vie, ils veulent savoir ce qu’on va faire et ce qu’ils vont manger », dit en riant Estelle Boukhenouna, directrice adjointe de l’accueil de Saint-Michel-d’Euzet, venue en renfort à Bagnols/Cèze.

Un sentiment partagé par Adrien Gilles, directeur de l’accueil loisirs Vigan-Braquet : « Ils sont habitués à ce fonctionnement. Ils ne parlent pas covid ici ou alors seulement pour demander quand est-ce qu'on pourra enlever les masques. Ils se concentrent sur leurs activités et échangent avec les copains. » L'accueil en centre fait sortir de l'actualité rythmée par le covid, sans pouvoir s'y soustraire complètement. Avec le durcissement des mesures sanitaires, la liberté dans les activités périscolaires s’est fortement réduite par rapport aux précédentes vacances scolaires : les distances doivent toujours être respectées lors des jeux collectifs, les mains doivent être désinfectées à chaque passage d’objet et, bien sûr, les sorties découvertes sont suspendues.

Une tournure que regrette Julia, 11 ans, mais qu’elle accepte : « Ça a beaucoup changé, il y a plus de règles. » Son père est prothésiste dentaire, sa mère infirmière dans un hôpital de jour. Travaillant beaucoup, ils ne sont pas toujours à la maison avec elle, alors elle vient à l’accueil loisir régulièrement. « Je suis fière d’eux. Ma mère tient beaucoup depuis un an. Par contre, des fois, ce covid m’énerve. Car je les vois moins. Ici, je profite mais ce n’est pas pareil », énonce la jeune fille.

Forcer les traits pour montrer son sourire même sous le masque

Comme pour beaucoup, son année de 6e a été totalement chamboulée par la crise. Son voyage scolaire en Angleterre a été annulé et elle n’a pas vu ses amis depuis un mois. Mais passer du temps ici lui fait du bien. En tout, ce sont dix animateurs volontaires de tous les ALSH de l’Agglomération du Gard rhodanien qui sont mobilisés chaque jour pour occuper les enfants du territoire et pour leur faire passer de bons moments, malgré cette frénésie hygiéniste bien trop nécessaire.

« Même si ce n’est pas leur centre d’accueil habituel, qu’ils n’ont pas leurs copains, les enfants ont le choix entre un panel d’activités. On a le temps de s’occuper d’eux car ils sont une cinquantaine alors que notre centre a une capacité de 100 places », rebondit Bruno Harfi. Si chez les 3 à 5 ans, l’accueil reste similaire à d’habitude, à compter de 6 ans, un protocole sanitaire strict doit être appliqué : port du masque, distance de 2m au moment du repas à la cantine…

Autre précaution : les enfants sont répartis par groupes d’âge : 3-4 ans, 4-5 ans, 6-8 ans et 9-12 ans, et aucun des groupes ne se croise au cours de la journée. Cela crée parfois des tensions entre les fratries qui ne peuvent pas se retrouver quelques instants au milieu de la journée. Il faut donc faire preuve de beaucoup de communication et de pédagogie mais avec le masque, pas facile pour les animateurs de transmettre justement leur expression : « Des fois, il faut sourire très fort et forcer les traits pour que ça se voit », note Estelle Boukhenouna.

Pour l’instant, les portes des accueils loisirs sont ouvertes pour encore une semaine de vacances, l’école primaire étant censée reprendre en présentiel dès le 26 avril. Est-ce que le délai va être rallongé ? « On a une réunion vendredi prochain… On s’adaptera. On est suspendu aux annonces du gouvernement. Mais on se prépare à l’éventualité de rester ouvert », lance Adrien Gilles. À échelle de l’agglomération, il est également envisagé de prévoir des accueils pour les collégiens des personnels prioritaire la semaine.

Les enfants des "indispensables" du bassin alésien aussi accueillis

Une appétence pour les centres de loisirs et des mesures préventives qui s'appliquent aussi à l'agglomération d'Alès où le mas Sanier connaît un "bien plus grand succès que l'an dernier à la même époque." Depuis le début de la semaine, entre 60 et 70 enfants âgés de 3 à 12 ans y sont accueillis chaque jour. Mieux encore, à l'issue des deux semaines de vacances, "125 enfants différents auront été reçus", souligne Vincent Antoine, responsable du service d'accueil de loisirs d'Alès Agglomération.

S'il a fallu "faire vite pour mobiliser les animateurs", ces derniers sont au rendez-vous pour divertir des bambins qui, contrairement à d'habitude, ne sont pas tous des Alésiens, arrivant pour certains en provenance de la Gardonnenque où leur centre habituel est actuellement fermé. Comme à Bagnols-sur-Cèze, les enfants sont répartis en fonction de leur âge et "par petits groupes de 6 à 8 maximum qui ne vont pas se croiser durant la journée", prévient Varinia Tognacci, responsable pédagogique des centres de loisirs d'Alès Agglo.

Jeux en extérieur et distanciation de rigueur au mas Sanier à Alès. (Photo Corentin Migoule)

Un fonctionnement en vase clos, au sein duquel chaque animateur "garde le même groupe d'enfants toute la semaine." Et si les jeux en extérieur sont plébiscités alors que le grand espace verdoyant du mas Sanier le permet, "ce n'est pas l'année pour organiser des jeux collectifs ou de grandes olympiades", ironise Varinia Tognacci, qui préfère saluer "la capacité d'adaptation" de ses équipes. D'autant que seuls des animateurs permanents rompus depuis plus d'un an à l'usage des mesures barrières ont été sollicités. "On n'a pas pu recruter des saisonniers donc on a fait le choix d'engager onze agents cette semaine et onze différents pour la suivante", développe la responsable pédagogique du site.

Pour "arranger un maximum de parents", la plage horaire a été revue à la hausse puisque les enfants peuvent être accueillis de 7h30 à 18h30. Une seule condition, "qu'au moins un des deux parents exerce un métier qui figure dans la liste des prioritaires", explique Varinia Tognacci, qui n'a plus qu'à vérifier que ce dernier fournisse à la fois une attestation d'employeur et une attestation sur l'honneur. Plus que jamais, aux grands maux les grands remèdes !

Marie Meunier (à Bagnols), Corentin Migoule (à Alès)

Deux multi-accueils sont également ouverts dans le Gard rhodanien pour les enfants âgés de 0 à 3 ans. Une trentaine, voire quarantaine, est accueillie à Bagnols, au multi-accueil Luce Arène-Gautreau, et une vingtaine à Pont-Saint-Esprit au Clos des écureuils.

Dans l'agglomération d'Alès, le centre aéré du mas Sanier ne suffisait pas à satisfaire la demande. Ainsi, l'accueil de loisirs "Les Fripouilles" situé à Saint-Christol-lez-Alès a ouvert ses porters à une dizaine de bambins.

Pour les parents faisant partie des professions prioritaires, vous pouvez inscrire vo(s)tre enfant(s) à Bagnols (06 03 52 36 28 ou alshbagnolssurceze@gardrhodanien.fr), à Pont-Saint-Esprit (06 03 52 35 54 ou alshpontsaintesprit@gardrhodanien.fr) ou à Saint-Géniès-de-Comolas (06 03 52 36 67 ou alshlaudun@gardrhodanien.fr)

Marie Meunier

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