FAIT DU JOUR Fin du monopole de Kinépolis à Nîmes, Evrard Zaouche dévoile son projet
Le Conseil d’État a tranché la semaine dernière : un nouveau cinéma grand public pourra bien s'implanter au Triangle de la gare, au grand dam du Kinépolis. Rencontre avec Evrard Zaouche, futur directeur général du multiplexe Cap'Cinéma à Nîmes.
Vous avez vécu la décision du Conseil d’État comme un soulagement ?
C'est mon quatrième projet en dix ans, les autres sont tous tombés à l'eau. Le recours du Kinépolis a été déposé il y a 9 mois, mais selon moi il ne tenait pas la route. Au final, la commission nationale a retenu la situation de monopole mais rien n'était gagné, ils auraient pu l’interpréter différemment. Maintenant c'est clair, il y a largement la place pour deux cinémas généralistes dans le centre ville de Nîmes. Soyons honnête, le vrai motif pour eux c'était de gagner du temps car je suis sûr qu'ils savaient très bien qu'ils perdraient.
Qu'est ce que le Conseil d’État a retenu dans ce dossier pour vous donner raison ?
Le Conseil d’État a pris cette décision à l'unanimité. Elle donne lieu à des pénalités qui concernent les dommages et intérêts mais qui sont très faibles, c'est entre 3 000 et 5 000 euros. C'est dérisoire par rapport au temps perdu. La CDAC (Commission Départementale d'aménagement Commercial) a d'abord étudié les chiffres avancés par la direction du Kinépolis. Mais le Conseil d’État ne se base pas sur des chiffres. Puis il y avait deux cas de figure, soit le recours était fondé sur des droits, de la jurisprudence etc, soit il ne l'était pas. C'était du blablabla qui ne reposait que sur leurs propres estimations.
Pourquoi avoir choisi le Triangle de la gare ?
J'ai dirigé le cinéma Multiplexe à Caissargues, le cinéma Majestic de la rue Emile Jamais et le cinéma Vox du centre-ville. C'est dans ce dernier et dans l'hôtel du Louvre, que devait se construire à l'origine ce nouveau multiplexe. Nous avions déposé le permis de construire mais le bâtiment a été classé monument historique entre temps. Nous pouvions préserver la façade qui est classée Bâtiment de France, mais l'intérieur était intouchable du coup. Le projet est tombée à l'eau. Je commençais à en avoir ras le bol après plusieurs échecs et dix ans de galère, j'ai donc demandé une audience au Maire pour trouver un terrain qui conviendrait et avec si possible moins de contraintes. En 2008, j'ai proposé trois lieux dont le foncier appartenait à la mairie, à savoir : l'Ilot Grill en premier choix, le Triangle de la gare en second, et le quartier Hoche en troisième choix. À l'Ilot Grill il y eu finalement le musée de la Romanité, et puis à Hoche les nouveaux bâtiments de l'Université de Nîmes. Le Maire m'a suivi sur le projet du Triangle de la gare.
"Redynamiser le centre ville, c'est ma raison de vivre, je suis nîmois de cœur."
Parlons de la salle. Qu'allez-vous apporter de plus que le Kinépolis ou Sémaphore qui sont déjà implantés ?
Notre programmation est différente de celle du Sémaphore, mais identique au Kinépolis. C'est à dire du cinéma grand public et généraliste en version française, donc pas de v-o. Sur un plan technique, on est à la pointe de ce qui ce fait actuellement. Le son est entièrement numérique et les salles seront toutes équipées de la 3D. Une salle enfant avec des fauteuils adaptés, une garderie. Au rez de chaussée, deux ou trois restaurants et un pub-brasserie, un lieu d’accueil sur le toit qui surplombera la ville pour les avants-premières et les évènements. Il y aura également une salle mixte avec une scène et des projecteurs afin d'y organiser des concerts orientés jazz une fois par mois. Mais cela ouvrira la porte aux associations du centre ville et aux étudiants. Redynamiser le centre ville, c'est ma raison de vivre, je suis nîmois de cœur. Je compte bien faire venir des réalisateurs, des acteurs etc. Mon rôle, c'est d'animer le lieu. Je vais réactiver mon réseau, je suis très proche des distributeurs, d'Alain Chabat et de Dominique Farrugia notamment.
En terme d'embauche, cela représente quoi ce multiplexe ?
Nous allons embaucher une vingtaine de personnes qui seront directement liées au cinéma. Les responsables seront embauchés trois ou quatre mois avant l'ouverture afin de les former en interne. Après nous ferons appel à des prestataires pour la sécurité, le ménage et la restauration notamment, soit environ 150 personnes. La priorité, pour le moment, est aux travaux. Nous allons nous battre pour ouvrir d'ici fin 2015 pour la sortie de Star Wars 7 et du nouveau James Bond. C'est une construction complexe située en plein centre ville et sur un cadereau. L'architecte est moins optimiste et il mise plus sur une ouverture au premier trimestre 2016. De mon côté je suis confiant.
Propos recueillis par Baptiste Manzinali