Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 10.11.2022 - francois-desmeures - 3 min  - vu 1705 fois

FAIT DU JOUR Le Parc national des Cévennes vigilant face à une abeille solitaire venue d'Asie

(Photo Jordi Soliveres / PNC)

La Mégachile Sculpturalis a été observée dernièrement d ans un hôtel à insectes de Florac, commune lozérienne qui accueille le siège du Parc national (photo Jordi Soliveres / PNC)

Sauvage, la Mégachile Sculpturalis a été observée pour la première fois en France en 2008. Dans les Cévennes, elle a été vue dès 2020 à Camprieu et plus récemment. Si elle ne représente pas un danger tel que le frelon asiatique pour les abeilles rustiques, elle est susceptible de déloger l'abeille charbonnière pour nidifier. Le Parc national préconise avant tout d'éviter les plantes exotiques asiatiques. 

C'est à la faveur de l'écriture des Atlas de biodiversité communale qu'une première observation de la Mégachile Sculpturalis a été observée dans les Cévennes, en 2020, à Val d'Aigoual. La même année, Camprieu signalait aussi un spécimen, puis Le Vigan en 2021. "En alertant, notre objectif est aussi de réaliser un focus sur les espèces nouvelles sur le territoire et sur les enjeux que représentent les espèces exotiques et envahissantes, qui sont cause de perte de biodiversité", explique Yann Dissac, chargé de mission biodiversité au Parc national des Cévennes (PNC).

"Assez peu de gens s'intéressent aux abeilles sauvages"

Récemment, un dernier relevé a été effectué dans un hôtel à insectes de Florac par un agent en service civique du Parc national, Jordi Solivereds. Ces quatre relevés permettent de produire un autre constat : "Assez peu de gens s'intéressent aux abeilles sauvages, reprend Yann Dissac, quand les apiculteurs sont évidemment accaparés par les colonies de leurs ruche. On s'est depuis aperçu que d'autres personnes avaient constaté sa présence." Et que la première observation française remontait à 2008, au point que la Mégachile, malgré son amour du climat méditerranéen, serait déjà présente dans la moitié des départements français, dont l'Île-de-France.

Le préfixe "Méga" ne ment pas, "c'est désormais la deuxième plus grosse abeille en France, avance Yann Dissac. Son diamètre de trou est supérieur à huit millimètres, comme l'abeille charpentière." Et c'est justement cette espèce qu'elle vient déloger. "C'est une abeille émergeante, elle est susceptible d'augmenter les trous pour son usage personnel." Mais le chargé de mission rassure aussitôt : "Dans les Cévennes, il y a une telle disponibilité de trous et de caches qu'il n'y a pas vraiment de concurrence réelle avec une autre espèce."

Le vrai problème, les plantes d'origine asiatique

Originaire d'Asie, la Mégachile ne serait donc qu'un "sujet de veille" pour le Parc national, en l'absence d'effectifs importants. "La Mégachile a été étudiée en ville, enchaîne Jordi Soliveres, là où il y a beaucoup plus de concurrence pour les gîtes et beaucoup de plantes d'agrément exotiques d'origine orientale. Elle pollinise ces espèces exotiques. Le vrai problème, c'est l'implantation d'essences d'origine asiatique qui vont favoriser son développement."

Le Parc national des Cévennes invite donc les amateurs à effectuer des remontées d'information. "Ouvrez l'oeil et signalez, serait le message", résume Yann Dissac, qui demande à ceux qui font des plantations de préférer des espèces locales. "On appelle pas non plus à en faire la chasse, mais il faut faire plus attention à nos échanges internationaux et peut-être l'expliquer aux collectionneurs. Aujourd'hui, tous les acteurs de la société peuvent participer à la connaissance."

Au coeur du Parc national des Cévennes, les espèces envahissantes qui inquiètent le chargé de biodiversité ne volent pas. Ce sont avant tout les écrevisses américaines, "un critère majeur de régression des écrevisses à pattes blanches" et qui sévissent depuis les années 70. Côté plantes, c'est la Renouée du Japon : "Jusqu'ici, on était encore un peu préservés dans le PNC. Mais une fois que cette plante est installée, elle est très difficile à réguler." 

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

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