FAIT DU JOUR Législatives : la Droite mise sur des vieux routiers et des jeunes pousses
Les Républicains du Gard ont désigné leurs candidats pour les élections législatives de juin prochain à un peu moins de huit mois du scrutin.
Parmi eux, on retrouve des vieux routiers de la politique gardoise, comme le maire d’Alès Max Roustan sur la 4e circonscription ou celui de Générac, Frédéric Touzellier, sur la 2e. Les autres candidats sont moins connus, et pour cause : leur expérience en politique est moins longue. Si Véronique Gardeur-Bancel, investie sur la 1ère circonscription, élue à Nîmes et au Département depuis plusieurs mandats, a un peu de bouteille, c’est moins le cas des jeunes François Courdil (6e circonscription), Léa Boyer (5e circonscription) et Blandine Arnaud (3e circonscription).
Ces investitures confirment aussi une tendance entrevue en 2017 à Droite, celui de la montée en puissance des femmes, et plus seulement dans des circonscriptions réputées ingagnables. Le parti Les Républicains (LR), qui n'est pas le plus en pointe sur les questions de parité, aurait eu « une prise de conscience sur le renouvellement, la parité et la jeunesse », assure Blandine Arnaud. Il en a peut-être aussi un peu marre de devoir s’acquitter de lourdes pénalités financières pour non-respect de la parité. Quoi qu’il en soit, les faits sont là : trois candidats sur six sont des candidates. Objectif Gard fait les présentations.
Sur la 3e : Blandine Arnaud, Droite Chirac
Sur la 3e circonscription, LR a choisi la Villeneuvoise Blandine Arnaud, 39 ans, qui, de son propre aveu, est « moins connue que d’autres candidats à l’expérience politique plus longue. » Celle de cette mère de deux enfants de trois et six ans, titulaire d’une licence d’histoire et diplômée de Sciences Po Lyon, débute en 2014, lorsque, mue par une envie de « s’engager localement », elle écrit au maire de Villeneuve Jean-Marc Roubaud.
La jeune femme, qui a « toujours eu des idées de Droite » tendance Chirac, rentre au conseil municipal. D’abord cantonnée aux jumelages, elle prend du galon et récupère la médiathèque et le festival du Polar parallèlement à sa carrière professionnelle à la direction régionale de la communication de la Poste à Avignon, qui comprend notamment le Gard. En 2017, Blandine Arnaud devient l’attachée parlementaire, puis la directrice de cabinet de la sénatrice villeneuvoise Pascale Bories, depuis devenue maire de Villeneuve.
« J’ai une bonne connaissance de la navette parlementaire, du fait de porter des problématiques locales à Paris, ça a été une expérience très riche », de trois ans, souligne-t-elle. En 2020, Pascale Bories rend son tablier au Sénat et devient maire de Villeneuve. Blandine Arnaud fait partie du conseil municipal et dit avoir « proposé une délégation nouvelle, pour être utile », délégation à l’Agriculture et à l’alimentaire, à la Plaine de l’Abbaye, aux circuits courts, aux cantines et aux marchés.
Ça tombe bien, la candidate veut « défendre la terre, le terroir ». Parmi les valeurs qu’elle porte, on retrouve aussi « le travail comme valeur culturelle », « l’éducation » et « l’autorité de l’État ». À rebours de « la sinistrose de Zemmour », la candidate se montre optimiste et veut « une campagne très populaire pour incarner un certain espoir et rassembler. »
Blandine Arnaud ne retient pas ses coups contre La République en Marche, considérant que « depuis cinq ans le pays se déconstruit » et pâtit « d’une forme de tiédeur, un manque de courage » dont la Droite est aussi responsable à ses yeux en « n’assumant pas ses valeurs. » Elle entend par là une « Droite populaire », qui « parle aussi des questions de pauvreté et de handicap. »
Soutien de Michel Barnier durant la primaire de la Droite, qu’elle voyait comme « un anti-Macron », Blandine Arnaud n’a jamais été tentée par les sirènes de la majorité présidentielle. Car, dit-elle, « Emmanuel Macron, je ne connais toujours pas sa vision de la France », un peu comme celle du député LREM de la 3e circonscription Anthony Cellier. « C’est un bosseur, mais où est sa colonne vertébrale ? C’est la tiédeur, le ‘en même temps’, il est partout et nulle part, ce n’est pas sain », lance-t-elle, regrettant le bon vieux temps du clivage Gauche-Droite.
Sur la 1ère, Véronique Gardeur-Bancel prête au combat
Adjointe au maire chargée des Écoles et conseillère départementale réélue sur le canton de Nîmes 4, l’infirmière de métier a accepté de partir aux élections législatives sur la 1ère circonscription. Une demande de Jean-Paul Fournier après que le maire de Nîmes a essuyé plusieurs refus notamment de la part de Pascale Venturini ou Claude de Girardi. « Je ne dirai pas que j’ai été choisie par défaut », répond Véronique Gardeur-Bancel, « je dirai plus que j’y vais par militantisme, pour porter les valeurs qui nous animent. Je fais de la politique pour servir ».
Originaire de Sommières, la politique est un héritage familial : « Mon grand-père était gaulliste et ma maman a été la plus jeune conseillère municipale de France à Issy-les-Moulineaux. » Avec sa mère, elle finit par revenir s’installer dans le midi et Véronique Gardeur-Bancel fait une école d’infirmière rue Kleber à Nîmes. En parallèle, la jeune femme intègre le mouvement Audace de Jean Bousquet mis en place pour arracher la mairie aux communistes. Après un bref passage à l’UDF, Véronique Gardeur Bancel se dirige vers le RPR (Rassemblement pour la République) : « Mon grand-père m’a toujours dit : à force d’être au centre on est nul part ».
En 2001, Véronique Gardeur-Bancel intègre la liste de Jean-Paul Fournier : « J’étais en position non éligible, mais ça a été une campagne formidable. C’est là que j’ai rencontré Franck Proust », aujourd’hui président de Nîmes métropole et secrétaire départemental des LR du Gard. Aux législatives de 2007, elle est la suppléante du candidat Simon Casas, envoyé par la municipalité pour faire perdre un certain Yvan Lachaud… « Lors de sa première élection en 2001, il avait promis d’intégrer l’UMP. Il ne l’a jamais fait ! Je me souviens encore de son slogan de campagne "Votez, je ferai le reste". J’ai trouvé ça très prétentieux ! »
Quelques années plus tard en 2008, Véronique Gardeur-Bancel intègre le conseil municipal chargée de la Petite enfance. En 2014, elle est nommée adjointe avec la présidence du conseil de quartier des Costières. En 2014, la Droite cherche des candidates pour constituer ses binômes sur les cantons nîmois et l’infirmière est envoyée sur Nîmes 4 avec Richard Tibérino. En 2017 après le divorce Fournier-Lachaud et la décision des adjoints du Centre, elle récupère la gestion des écoles regroupant 12 000 élèves. Une délégation qu’elle conservera après la victoire des municipales en 2020.
Aux prémices de sa campagne des législatives, Véronique Gardeur-Bancel sait que ce sera difficile face à Françoise Dumas, députée En Marche sortante. Si certains imaginent que Jean-Paul Fournier l’envoie pour assurer la victoire de la parlementaire Macroniste, Véronique Gardeur-Bancel rétorque : « Il y a des choses qui se tractent et qui se détractent. Moi, je fais confiance aux électeurs ! Je suis prête à faire du terrain et rencontrer des gens formidables et à défendre les valeurs de la Droite ». Le tout, sous le patronage de deux directeurs de campagne : Gerardo Marzo, collaborateur de Jean-Paul Fournier et de son binôme Richard Tibérino.
Sur la 5e, c'est reparti pour un tour avec Léa Boyer
Sympathique, avenante et toujours souriante, Léa Boyer est déjà une bonne professionnelle de la politique ! Commerciale chez Métro, la jeune femme de 27 ans est ambitieuse. Élue aux dernières municipales d’Alès sur la liste du maire Max Roustan, Léa Boyer s’occupe de l’Animation commerciale. La politique, elle l’a commencée très jeune au conseil municipal des enfants : « J’avais une tante aveugle et j’ai proposé de créer le premier feu avec signal sonore. Pour moi, ça a fait sens, j’avais la possibilité de changer les choses », confie la jeune femme.
Engagée à Droite, elle défend la valeur travail : « J’ai toujours été avec des parents travailleurs, qui m’ont inculqué des règles. Il y eu aussi la rencontre avec Max Roustan qui a déterminé mon engagement politique ». Aux dernières élections de 2017, elle accepte de partir aux combat sur la 5e circonscription du Gard. Un territoire clairement à Gauche sur lesquels s’étaient déjà cassés les dents ses prédécesseurs Christophe Ruas puis Jean-Charles Bénézet. Qu’importe. Léa Boyer mène le combat. « Elle a fait une très bonne campagne en sillonnant les communes », reconnait même l’un de ses adversaires de l’époque.
Pour faire sa place en Roustanie, il faut mener des combats difficiles. Il y a quelques mois, Léa Boyer a créé la surprise en emportant les élections départementales sur le canton d’Alès 1. Sur le papier, peu de monde y croyait. Le binôme sortant constitué par le communiste Jean-Michel Suau et la maire d’Anduze fraîchement élue, Geneviève Blanc, est bien implanté sur le territoire. Pourtant avec son binôme, le maire de Saint-Christol-lès-Alès, Jean-Charles Bénézet, les deux candidats réalisent l’exploit et l’emportent au second tour. « C’est pour nous une grande fiertén mais c’est surtout la défaite de la Gauche. Aujourd’hui, il y a tout à faire. Maintenant il faut être au rendez-vous sur le canton et travailler », répond-elle.
Dans le parti, la jeune femme a trouvé sa place. Après avoir soutenu Daniel Fasquelle à la présidente du parti, elle devient secrétaire départementale adjointe du parti Les Républicains et est investie sur la liste nationale des élections européenne de 2019. À l'approche des législatives, c'est tout naturellement que son parti l'a investie pour poursuivre son combat sur la 5e circonscription. Si le territoire est à Gauche, gare à ne pas sous-estimer l'ennemi. Léa Boyer a déjà prouvé qu'elle pouvait créer la surprise.
Coralie Mollaret et Thierry Allard