FAIT DU JOUR Youssef Hajdi enrôlé par Jean-Pierre Jeunet pour "BigBug"
Le prochain film de Jean-Pierre Jeunet, BigBug, sortira non pas dans les salles, mais sur la plateforme Netflix le vendredi 11 février. Le réalisateur du Fabuleux destin d'Amélie Poulain offre un voyage dans le temps, jusqu'en 2045, une époque où l'intelligence artificielle est partout. Une science-fiction ? La réponse n'est pas si évidente, chacun en conviendra. À l'affiche de ce long métrage : Isabelle Nanty, Elsa Zylberstein, Stéphane De Groodt, mais aussi Youssef Hajdi. Le comédien qui a grandi sur les terres beaucairoises répond aux questions d'ObjectifGard.
ObjectifGard : Dans moins d’un mois sortira sur Netflix, BigBug réalisé par Jean-Pierre Jeunet. Avant de parler de ce film, racontez-nous votre rencontre avec le réalisateur, elle ne date pas d’hier d’ailleurs.
Youssef Hajdi : Je l'ai rencontré en 2008, au moment de ma prénomination pour le César du meilleur espoir masculin pour 13 m². À l'époque, il avait envie de me faire travailler sur son film Micmacs à tire-larigot. Je crois même qu'il avait de grandes ambitions pour moi, car il a été question qu'il me confie un des rôles principaux. Même si ça n'a pas été le cas - j'ai eu un petit rôle - je me souviens d'une promesse qu'il m'avait faite : "Ne t'inquiète pas, on travaillera ensemble". C'était en 2008, et 13 ans plus tard, il m'a rappelé pour faire BigBug.
C'est un homme de parole...
Exactement. C'est un homme très fidèle surtout. Je sais qu'il a suivi mon travail entretemps.
En regardant seulement la bande annonce, l’univers de BigBug semble se situer entre Mars Attacks! et le Cinquième élément, non ?
On peut effectivement faire le lien avec ces références, mais ce film n'a rien à voir avec ce qu'on a pu voir avant. C'est du pur Jeunet. Il a une vraie identité.
Une vraie esthétique de l'image, au-delà des histoires, aussi.
C'est un des rares réalisateurs, voire le seul, qui a une telle exigence de l'image et un vrai langage cinématographique de l'image. Il fait partie de ceux, eux aussi très rares, dont la signature est reconnaissable après seulement deux premiers plans. Et sans même que les acteurs aient besoin de parler.
Quel rôle jouez-vous dans BigBug ?
Je joue le personnage de Victor... Je ne peux pas en dire plus. Il faut laisser le public découvrir cet univers, ce film. L'histoire se passe en 2045, les robots sont omniprésents dans nos vies, comme des animaux de compagnie. Jusqu'au jour où un virus va modifier la relation entre les humains et les robots.
Est-ce une vision si futuriste que ça finalement ?
Ce qui est fou, c'est que Jean-Pierre Jeunet a écrit ce film il y a cinq-six ans. Et il résonne profondément avec la période que nous vivons actuellement. C'est la force, selon moi, des grands cinéastes tels que James Cameron ou Jean-Pierre Jeunet, qui dans leur imaginaire arrivent à créer, à anticiper une résonance avec le moment où le film va sortir.
C'est quand même dommage que ce film ne soit pas diffusé sur grand écran !
Bien évidemment que nous aurions aimé que ce film sorte au cinéma. Mais Jean-Pierre Jeunet a travaillé plusieurs années sur ce projet et démarché plusieurs boîtes de production, mais le film n'a jamais été monté. En seulement 48h, Netflix a donné son accord ! Sans Netflix, BigBug n'existerait pas aujourd'hui.
Est-ce comme cela que vous voyez l'avenir du cinéma français ?
Non, je ne pense pas. Il faudrait trouver un équilibre. Je trouve ça malheureux qu'un grand cinéaste comme Jean-Pierre Jeunet puisse mettre autant d'années à faire un film. Après, Netflix aujourd'hui permet à de nombreux metteurs en scène, acteurs et scénaristes de pouvoir s'exprimer quand d'autres médias ne leur permettent pas. Le cinéma restera toujours le cinéma parce que vivre une émotion avec d'autres spectateurs dans la même salle reste quelque chose d'unique.
Le casting est exceptionnel. Quel est votre meilleur souvenir de tournage avec vos partenaires de jeu ?
La grande rencontre de ce film, c'est Isabelle Nanty, une femme extraordinaire, une des rares personnes de ce métier aussi humaine et talentueuse. J'ai des souvenirs extraordinaires avec Isabelle Nanty, des souvenirs d'impros... Au plateau comme à la vie, c'est quelqu'un d'assez unique, bienveillante avec tout le monde, elle fédère et crée une synergie autour d'elle qui permet d'aller encore plus loin.
Vous avez joué pour de grands réalisateurs, vous ont-ils donné envie de passer derrière la caméra ?
J'ai très envie de raconter des histoires et de plus en plus, vraiment. Pourquoi pas peut-être un jour raconter l'histoire de ma région, de là où je viens...
Vous raconteriez quoi sur votre enfance, sur ces années passées à Beaucaire ?
Il y aurait tellement de choses à raconter sur Beaucaire. La richesse historique de cette commune qui était, il y a quelques siècles en arrière, le carrefour de l'Europe. Alors peut-être relier la grandeur du passé avec le présent. Beaucaire pour moi, c'est le côté provençal, c'est la poésie qui se dégage de cette ville, mais aussi ses paradoxes. Le côté champêtre, l'ennui et en même temps la force densité qu'elle représente. J'ai tellement de choses à raconter !
Propos recueillis par Stéphanie Marin