FAIT DU SOIR 15 000 visiteurs espérés pour la 30e fête de la Transhumance
Ce mardi matin, éleveurs et organisateurs - qui sont parfois les deux à la fois - de la fête de la Transhumance étaient réunis au sommet du col de l'Elze. Objectif : promouvoir cet événement majeur pour l'agropastoralisme qui aura lieu le samedi 11 juin. Jusqu'à 15 000 personnes sont attendues à l'occasion de cette 30e édition.
"30, c'est comme le chiffre de notre département, on y tient beaucoup", prévient Patrick Viala, élu à la Chambre d'agriculture du Gard et par ailleurs président du réseau Bienvenue à la ferme. Ce mardi matin, aux côtés d'une demi-douzaine d'éleveurs ovins et/ou caprins, ainsi que d'une poignée d'élus locaux, le dernier nommé a participé à la conférence de presse organisée au sommet du col de l'Elze, situé sur la commune de Val-d'Aigoual, destinée à promouvoir la 30e fête de la Transhumance qui aura lieu le 11 juin prochain, à l'Espérou.
"On vous emmène de plus en plus haut", a plaisanté Maguelonne Méric, chargée de communication à la Chambre d'agriculture du Gard, en s'adressant aux journalistes ayant effectué le sinueux déplacement qui mène jusqu'au troupeau de Pierrick Garmath, en pâture à 690 mètres d'altitude. Et pour cause ! Organisée par la Chambre d'agriculture et le Syndicat ovins du Gard en partenariat avec la Communauté de communes Causses Aigoual Cévennes et les communes de Dourbies et Val-d'Aigoual, la fête de la Transhumance constitue "un événement majeur" pour la promotion de l'agropastoralisme qui génère 40 millions d'euros de chiffre d'affaires par an dans le département.
La sécheresse, source d'inquiétudes
Producteur d'oignons doux des Cévennes et éleveur sur la commune de Val-d'Aigoual qui en compte trois autres, Pierre Garmath a profité de la présence de la presse pour présenter son troupeau de brebis de race "tarasconnaise", lequel ne tardera pas à aller voir plus haut si l'herbe est plus verte. Car après un mois de mai "particulièrement chaud et sec", les bêtes tirent un peu la langue. Une sécheresse "inquiétante" aux yeux de Pierre Garmath. "S'il ne pleut pas, la récole de châtaignes sera mauvaise à l'automne et les brebis n'auront rien à manger", craint celui qui a pour habitude de descendre son troupeau dans la plaine de Saint-Hippolyte-du-Fort une fois l'hiver installé.
Lui-même éleveur de brebis, Marc Delpuech, président du Syndicat ovins du Gard, a aussi souligné la rudesse d'un métier que n'adoucit pas le réchauffement climatique : "Le but de la plupart des éleveurs, c’est que nos brebis soient autonomes au maximum au niveau de l’alimentation. Quand on est éleveur de plaine, il fait tellement chaud l'été qu'on doit transhumer nos bêtes à la montagne. Mais maintenant il fait presque aussi chaud là haut, donc parfois quand on arrive sur les estives, c’est sec !" Les brebis ne peuvent donc pas se délecter d'une herbe fraîche et abondante comme le promettent en théorie ces longs kilomètres de transhumance.
Pour les éleveurs, la pluie serait donc la bienvenue dans les prochains jours. À condition qu'elle ne tombe pas le 11 juin, jour du 30e anniversaire de la fête de la Transhumance, célébrée exceptionnellement un samedi en raison de la tenue du premier tour des élections législatives le dimanche 12 juin (lire le programme ci-dessous). Éleveur caprin et maire de Val-d'Aigoual, Joël Gauthier en sera. "La transhumance est une tradition ancestrale en Cévennes qui fait découvrir les vraies richesses de notre territoire", insiste celui qui voit en elle "une merveilleuse vitrine pour l'agropastoralisme".
1 800 brebis attendues à l'Espérou
Son homologue à la mairie de Dourbies, Irène Lebeau, se veut tout aussi élogieuse, relevant le caractère "précieux" de l'élevage sous bien des aspects : "Ma commune est une terre de transhumance depuis toujours. La transhumance est vitale pour l’entretien des milieux. Ça façonne des paysages magnifiques qui contribuent à un attrait touristique indéniable, tout en luttant contre l'embroussaillement, ce qui contient donc le risque incendie." Rien d'anodin à ce que depuis 2011, les Cévennes soient ainsi inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco au titre de paysage culturel de l'agropastoralisme.
"En plus de permettre aux éleveurs de monter leurs brebis sur les estives, c'est une formidable promotion des produits ovins", se réjouit quant à lui Gilles Berthézène. Le président de la Communauté de communes Causses Aigoual Cévennes ne croit pas si bien dire. 60 producteurs locaux investiront l'Espérou lors du marché du terroir, le samedi 11 juin, de 9h à 18h. "C'est une dizaine de plus que l'an dernier", savoure Jérôme Papaix, élu à la Chambre d'agriculture.
Car malgré les aléas climatiques et une inflation qui ne l'épargne pas, "la filière résiste", indique Patrick Viala, qui en veut pour preuve "ces petits jeunes qui prennent la relève", à l'image de Pierrick Garmath, 31 ans. Installé dans un petit village de l'Uzège, Damien Juan fait aussi partie de ceux-là. Comme Jean-Louis Boisson, éleveur suménois, le trentenaire acheminera son cheptel jusqu'à l'Espérou, pour le plus grand bonheur des visiteurs qui verront débouler pas moins de 1 800 brebis en fin de matinée. En cas de météo favorable, les organisateurs s'attendent à accueillir jusqu'à 15 000 personnes. Mais l'humeur des sommets de l'Aigoual est changeante et il s'agira de garder un œil sur le temps jusqu'au dernier moment.
Corentin Migoule
Le programme
- Jeudi 9 juin : à l'initiative de Patrick Viala, une transhumance équestre est organisée au départ du Mas des agriculteurs, considéré par le dernier comme "le temple des produits gardois".
- Vendredi 10 juin : la soirée anniversaire des 30 ans de la Fête, ponctuée d'un repas en présence des bergers, élus, éleveurs et bénévoles qui contribuent à la réussite de l'événement depuis trois décennies.
- Samedi 11 juin : toute la journée, de 9h à 18h, animations gratuites (marché du terroir avec près de 60 producteurs, tonte de moutons, jeux pour les enfants, balade en calèche et à dos d'âne, vente de viande d'agneau, etc). Les bergers et leurs troupeaux arrivent sur site à partir de 10 heures et restent dans la prairie toute la journée. Repas du terroir et soirée musicale à partir de 19h.
- Dimanche 12 juin : visite d'estive à la rencontre d'un berger. Sur réservation au 04.66.04.50.60.