Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 26.07.2022 - anthony-maurin - 6 min  - vu 1554 fois

FAIT DU SOIR À Nîmes, "Un réalisateur dans la ville" invite Régis Wargnier

Régis Wargnier rend hommage et célèbre Jean-Claude Carrière (Photo Anthony Maurin).

Le public installé confortablement au pied du grand mur des Jardins pour une séance de cinéma en compagnie du réalisateur et de quelques acteurs (Photo Archives Anthony Maurin).

Régis Wargnier sera l'invité d'honneur du festival "Un réalisateur dans la ville" qui se tiendra aux Jardins de la Fontaine du 27 au 31 juillet. Est-ouest, La femme de ma vie, La ligne droite, Pars vite et reviens tard ainsi qu'Indochine seront projetés sur le mur Mareschal.

Collègue et ami de Claude Chabrol, réalisateur habitué de chez Sophie, Régis Wargnier a débuté dans son aventure cinématographique avec lui ou presque il y a tout juste 50 ans. Il se fait la main encompainie du maître qui lui donne des rôles de plus en plus importants. Régis Wargnier, qui a fêté ses 74 ans, a réalisé neuf films, dont le chef-d’œuvre Indochine, avec Catherine Deneuve. Mais avant cela...

Régis Wargnier et Philippe Leguay, deux réalisateurs dans la ville (Photo Anthony Maurin).

Son premier film, La femme de ma vie, lui vaut aussi son premier César (meilleur premier film). Ce film de 1986, avec Jean-Louis Trintignant, Jane Birkin et Christophe Malavoy. Sur le coup, omniprésent, Régis Wargnier en fait aussi une partie de la bande originale. Cinq ans plus tard, la cérémonie des Oscar le voit lauréat du meilleur film étranger avec Indochine. En France, cinq César récompenseront ce même film qui aura marqué toute une génération. Une femme française viendra en 1995 avec Emmanuelle Béart et Daniel Auteuil.

Après court un passage à filmer la vie des sportifs pour France Télévisions il prend le fauteuil d'Henri Verneuil à l'Académie des Beaux-Arts. Depuis quelques années le réalisateur s'est engagé dans une lutte incessante pour la transition écologique et pour sortir de la crise climatique.

(Photo Anthony Maurin).

Nous voilà à présent dans le jardin de la Maison de Sophie (Rigon), lieu de résidence du réalisateur pendant son festival. Pour présenter la 18e édition et parce que notre regretté Jean-Claude Carrière qui s'en chargeait n'est plus là pour le faire, c'est Philippe Leguay qui a pris la parole en tant que président d'honneur. Lui aussi il est passé par là et était à la place de Régis Wargnier il y a quelques années. "Jean-Claude Carrière me présentait il y a quatre ans mais nul ne peut le remplacer... Il aurait adoré que Régis soit là car chez lui comme chez Jean-Claude, il y a quelque chose qui sort de France, c'est rare pour un réalisateur français." Copain de trente ans de l'invité de l'édition 2022, c'est à Régis Wargnier que Philippe Leguay doit une avance sur recette pour Les deux Fragonard !

Une joie pour Sophie Rigon qui se remémore les débuts balbutiants de son festival. "Avec Carole Bourquet, qui venait beaucoup à la maison, nous aimions l'opéra et nous avons tenté de faire quelque chose qui ne marchait pas. Elle m'a suggéré de faire un festival qui serait alimenté par mes connaissances et six mois après, nous avions trouvé ce concept unique qui dure depuis 18 ans."

Pour devenir un "Réalisateur dans la ville", plusieurs prérequis sont demandés. "Il faut que le réalisateur puisse être en capacité d'avoir une oeuvre. Régis a fait neuf films, il a passé des années en tant qu'assistant, bref, il est passionné depuis 50 ans qu'il est dans le métier ! Il nous faut quelqu'un d'enthousiaste et qui aime transmettre quelque chose. Nîmes est un festival différent car on échange avec le public. Souvent, les réalisateurs revisite même leur filmographie..." affirme Philippe Leguay.

Pour Régis, la légitimité ne fait pas tout. "Je n'aime pas beaucoup parler avant que les gens voient les films... Quand on est spectateur on connaît avant même le début du film les 20 premières minutes à cause de la bande annonce, des médias et des pubs. Dans mon petit bled de Bretagne, je fais un festival de quatre jours avec seulement des films inédits et le public qui devient jury vote à la fin."

Deux réalisateurs dans la ville (Photo Anthony Maurin).

Vous l'aurez compris, Régis Wargnier est un drôle de zigue. Un réalisateur à la personnalité forte, un de ceux que l'on aime découvrir. Les rencontres, chez lui, il n'y a que ça qui compte. Ça et son thème qui revient constamment dans ses oeuvres. "Y a-t-il liberté sans libération ? C'est pompeux mais c'est ce qui me donne envie d'écrire des histoire." Allez, on planche et rendez-vous à la fin du festival. En attendant et pour revenir aux rencontres, c'est avec Brian De Palma qui vivra sans doute sa plus belle rencontre. Pour tant tout débute mal.

"C'est devenu un ami, je suis allé le voir avec des journalistes il y a longtemps et depuis que je lui ai posé la même question que Spielberg, il m'a vu différemment. Je lui ai clairement dit que je rêvais de le rencontrer mais que de l'avoir fait m'avait rendu triste. J'y suis allé fort car je trouvais ce bonhomme infâme ! Il est venu me chercher et nous avons discuté trois heures ! À partir de là, j'étais pour lui une "friendly face" et nous nous voyions souvent. Nous avons une belle histoire."

(Photo Anthony Maurin).

Et De Palma a même travaillé avec une autre personne que connaît bien Régis Wargnier, Patrick Doyle. Ce compositeur a fait six des neuf bandes originales des films de Wargnier et celle de l'Impasse de De Palma, rien que ça. Autre fantaisie, pour Mission Impossible, De Palma demande à Régis de lui trouver le rôle féminin en quelques jours. Le Français contacte alors les plus grandes actrices mais c'est en voyant, avec Régis lui-même qui montait son film, Emmanuelle Béart dans Une femme française, que De Palm décide que c'est elle qui lui fait avec Tom Cruise.

Régis Warhnier débarque à Nîmes en connaissant un peu le festival et la ville pour y être venu par le passé. "J'ai parlé du festival à tout le monde, aux anciens et tous étaient contents, ravis d'être venus. Je suis content car il n'y a pas de compétition ici, c'est toujours agaçant, ça crée souvent des malaises... Là, nous sommes dégagés de ça et de la salle journée de sortie des films en salle ! Un film, ça vous bouffe et c'est aussi pour cela que j'écris maintenant des livres."

Ici en 2017 aux Jardins de la Fontaine (Photo Archives Anthony Maurin).

En a-t-il pour autant fini avec le cinéma ? Non, ça trotte encore. "J'ai écrit un scénario qui nous fait rester un quart en France et le reste en Asie... On verra mais j'aimerais le faire !" Avec Régis Wargnier, cette année, pas beaucoup d'acteurs seront présents aux Jardins pour les soirées cinéma. Jane Birkin ne viendra pas car elle a une série de concerts, Lin-Dan Pham tourne actuellement en Australie, Marie Gillain est bloquée à Genève, Christophe Malavoy n'a pas répondu au mail d'invitation, Rachida Brakni est avec Éric Cantona au Portugal, Sandrine Bonnaire tourne... et pour José Garcia, rien est sûr parce que c'est José Garcia !

Seront présents Guillaume Sciama pour Indochine, Cyril Descours pour la Ligne droite et le phénoménal Patrick Doyle pour l'ensemble de son oeuvre !

Les rendez-vous du festival 2022

Demain 27 juillet pour le début du festival, le film Est-ouest sera projeté à partir de 21h face au mur Mareschal. En juin 1946, Staline propose à tous les ressortissants russes qui ont fui la révolution bolchevique de 1917 et qui se sont réfugiés à l'Ouest de revenir s'établir en URSS. Comme beaucoup d'autres citoyens installés en France, Alexei Golovine, un médecin, répond favorablement à cet appel et décide de rejoindre sa terre natale avec son épouse française...

Le 28, La femme de ma vie. Simon est un violoniste célèbre devenu complètement alcoolique. Sa compagne Laura avait créé sept ans auparavant un orchestre de musique classique dont il était l'un des trois piliers. Après une crise de delirium tremens, il rencontre Pierre, un ancien alcoolique, qui arrive à le désintoxiquer. Mais ses rapports avec Laura vont se modifier profondément. Une séance de dédicaces aura lieu ce jeudi 28 juillet à 17h30 et concernera le  livre "La dernière vie de Julia B." à la librairie des Lettres de Mon Moulin (12 bd Alphonse-Daudet).

Le 29 juillet, La ligne droite. Leila sort de prison après cinq années d'enfermement. Elle va rencontrer Yannick, un jeune athlète devenu aveugle après un accident. Ce dernier pratique la course malgré son handicap, mais pour courir il doit être relié par un fil à une personne appelée guide. Il propose à Leila d'être son guide. À travers ce projet, ils vont apprendre à se reconstruire. Une leçon de cinéma au CGR est prévue à 15h avec Le Temps des Aveux.

Le 30, Pars vite et reviens tardJean-Baptiste Adamsberg n'aime pas le printemps, le retour des beaux jours, les montées de sève, porteurs des désirs d'évasion et du déferlement des pulsions. L'absence de sa fiancée, Camille, ne contribue pas à aider ce commissaire au moment où, dans la capitale, une énigme semble annoncer de grands malheurs... D'étranges signes apparaissent sur les portes de Paris. Des mots mystérieux, inquiétants, sont criés comme une malédiction sur la place Igor-Stravinsky…

Et, pour finir, le 31, Indochine. À l'intérieur de ce cadre historique se déroule une histoire d'amour entre l'héritière de cette famille, Éliane, et un lieutenant de vaisseau de la marine française, Jean-Baptiste. Celui-ci optera ensuite pour les nationalistes vietnamiens, par amour pour une princesse vietnamienne (Camille, fille adoptive d'Éliane) devenue communiste dans les bagnes français. Le chef de la Sûreté coloniale française le "suicidera."

Entrée libre.

Anthony Maurin

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