FAIT DU SOIR Îlot test de l'écoquartier du Grau-du-Roi : une forte mobilisation lors de l'enquête publique
Objet de nombreux débats en conseil municipal, le projet de l'écoquartier Méditerranéen a passé une nouvelle étape ce dernier mois avec l'enquête publique concernant son îlot test. Celle-ci s'est achevée ce vendredi et a fortement mobilisé les Graulens.
Sur l'emplacement de l'ancien camping des Pins et aux portes du centre-ville, le projet d'écoquartier Méditerranéen porté par le maire du Grau-du-Roi Robert Crauste est loin de faire l'unanimité. Après deux consultations pour lesquelles seules quelques dizaines d'habitants s'étaient prononcés, l'enquête publique qui concernait l'îlot test, c'est à dire la première tranche du chantier, a cette fois beaucoup plus mobilisé les Graulens.
"Le commissaire-enquêteur a rencontré 200 Graulens, chiffre Robert Crauste. Parmi eux, beaucoup d'habitants de la résidence Port Royal qui se sont inquiétés d'un passage au milieu de leur propriété et que nous tenons à rassurer. Il s'agissait d'une erreur de notre part. Et puis, il y a une mobilisation animée politiquement par l'opposition."
À sa tête, Charly Crespe souligne que "l'association de riverains Lou Fanal a lancé une pétition qui compte plus de 500 signatures contre cet îlot test. Plus le temps passe, plus la population se rend compte de la densité et de la nuisibilité du projet. Aujourd'hui, il compte deux fois plus d'opposants que de futurs habitants."
Le stationnement en question
Pour rappel, l'îlot test prévoit la création de 11 bâtiments contenant 122 logements sur 1,19 hectares. Particulièrement dans le viseur des opposants, le nombre de places de stationnement prévues : 149, soit un ratio de 1,2 par foyer. "Quand on sait que la plupart des familles ont plusieurs véhicules et que rien n'est prévu pour les visiteurs, ce chiffre nous paraît très insuffisant, estime Nicole Garcia, la présidente de l'association de riverains. Cela va renforcer la concentration de voitures et le stationnement abusif que l'on subit déjà chaque été dans notre quartier résidentiel."
Un argument que balayait déjà le maire Robert Crauste en conseil municipal début novembre : "La norme des écoquartiers est de limiter le stationnement à une place par logement. Le tout voiture c'est terminé. D'autant que nous prévoyons la création de parkings à l'extérieur de la commune."
Pas de quoi mettre fin aux inquiétudes du voisinage. "Le commissaire enquêteur a repris cet argument lors de notre entrevue ce vendredi. Le problème c'est que la transition risque de prendre plusieurs années et qu'en attendant, nous en subirons les désagréments, déplore Nicole Garcia. Tout est fait à l'envers. Avant de prévoir les infrastructures pour désengorger une rive gauche où tout est concentré, on rajoute encore des véhicules." Là aussi, le maire se veut rassurant : "L'écoquartier ne va pas sortir de terre demain, c'est un projet sur dix ans et les solutions pour diminuer le nombre de voitures en centre-ville seront mises en place d'ici là."
Autre crainte des riverains, la supposée destruction de l'un des derniers poumons verts de la commune. "Nous avons acheté il y a 30 ans pour profiter dans un cadre tranquille, indiquent-ils. Demain, nous vivrons tout près d'un condensé de logements sociaux, dont certaines tours. Nous allons perdre de l'ensoleillement et plusieurs arbres vont être élagués. Inévitablement, nos logements vont perdre de la valeur."
"Le projet a signé le label écoquartier qui répond à des normes très strictes sur le plan écologique, rappelle Robert Crauste. Il est notamment prévu la conservation du boisement remarquable existant formé par la pinède."
Trop dense et démesuré pour les uns, ambitieux et permettant de répondre à l'importante demande d'accès au logement sur la commune pour les autres, le futur îlot test n'a pas fini de faire parler au Grau-du-Roi. À la clôture de l'enquête publique ce vendredi, l'association Lou Fanal s'est déclarée "déçue de ses échanges avec le commissaire-enquêteur. On attend les conclusions mais on a le sentiment de ne pas avoir été entendus."
Ce dernier a désormais un mois pour se prononcer. "Je vais devoir répondre par écrit à chacune des observations qu'il a relevé", se projette Robert Crauste. Les résultats finaux seront présentés en conseil municipal début mars. Avant l'éventuelle signature des premiers permis de construire.
Boris Boutet