Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 06.04.2022 - yannick-pons - 3 min  - vu 2529 fois

FAIT DU SOIR La Calmette aura bientôt sa Tour Magne

La Calmette Observatoire de la résilience pierre sèche (Photo Yannick Pons) - Yannick Pons

L'Observatoire de la résilience de la Calmette en construction (Photo Yannick Pons) • Yannick Pons

Le Syndicat mixte des gorges du Gardon (SMGG), qui gère la réserve de biosphère, est à l'origine de la construction de cet observatoire. L'édifice, en forme de tour cubique, caresse la finalité de réconcilier l'homme et la nature à l'endroit précis où la cicatrice de la route nationale découpe le paysage.

Juste avant La Calmette, sur la route nationale 106 en venant de Nîmes, les automobilistes ont probablement remarqué une activité inhabituelle sur les hauteurs. Quelques artisans locaux s'affairent autour de la construction de l’Observatoire de la résilience le long d'un sentier de grande randonnée. "Les habitants ont posé beaucoup de questions. Il y en a même qui ont demandé si les gilets jaunes ne construisaient pas une nouvelle cabane", lance Jacques Bollègue, le maire de La Calmette, malicieux.

Un aménagement paysager en pierres sèches

Tout est parti du SMGG qui souhaite promouvoir les constructions en pierres sèches dans la région. Ainsi a-t-il lancé cet appel à projets dans le but de réconcilier l'homme et la nature à l'endroit précis où la cicatrice de la route nationale découpe le paysage.

Le monument est érigé avec des pierres provenant de la carrière des Antiquailles, offertes par la société Lafarge. Le projet, qui bénéficie du concours financier des fonds Leader de l’Union européenne, de la région Occitanie et de Nîmes métropole, coûte 55 102 € TTC.

L'Observatoire de la résilience surplombe la route nationale 106 (Photo Yannick Pons) • Yannick Pons

Chaque jour, les 40 000 véhicules qui empruntent la double voie passent devant la tour. Les promeneurs du sentier de grande randonnée également. Par sa position sur les hauteurs, elle constituera un point d’observation du paysage.

La tour cubique a été imaginée par trois jeunes architectes : Morgan Baufils, Hugues Hernandez et Ariane Marty. Sa forme s'inspire des Capitelles qui émaillent la garrigue nimoîse, mais également des formes d’architecture contemporaine dans l'esprit du renouveau des anciens savoir-faire.

De la résilience de la nature

"Il s'agit d'une véritable oeuvre de réflexion. Ici, c'était un haut lieu de pastoralisme que l'homme a défiguré. La nature va reprendre ses droits. Nous devons réfléchir comment l'Homme peut vivre en protégeant la nature, sachant nous nous avons le devoir de préserver cette biodiversité pour notre survie", philosophe Dominique Andrieu-Bonnet, présidente du SMGG. De fait, la résilience trouve son origine dans la capacité de cet écosystème à retrouver un équilibre, à se régénérer après une agression, à s'inscrire dans un projet architectural. Le projet embrasse également une dimension sociale puisqu'il fait appel à des pierres des carrières avoisinantes et à des artisans locaux. C'est le retour aux origines du chemin de Régordane appelé aussi chemin de Saint-Gilles. Un mariage entre la route bétonnée et la pierre sèche est acté.

Mais pourquoi la pierre sèche ? Ce mode de construction présente un bilan carbone considérablement faible et reste un support de la biodiversité. La nature reprend ses droits. L'observatoire intègre des abris pour les reptiles, les insectes, les oiseaux et les petits mammifères qui sont la nourriture principale de l'aigle de Bonelli, espèce protégée de notre région.

L'observatoire intègre des abris pour les insectes (Photo Yannick Pons) • Yannick Pons

L'utilisation de la pierre sèche dans les constructions est revenue dans les esprits après les inondations de 1988. Les clapas des maisons qui campent sur les hauteurs de Nîmes n'ont pas été emportés. Ces murs ont filtré les torrents d'eau qui se sont abattus sur la ville. "Cette technique devrait être au centre des réflexions du plan de prévention des risques d'inondations", lance Daniel Munck, du SMGG, qui rêve de voir des hérissons nicher dans les cavités de la tour.

L'éloge de la lenteur

C'est un groupe d'artisans qui a monté et imbriqué les pierres de la structure, Marc Adeline-Bourgarel, Denis Bourely, Clarke Orlando, Paul Soule-Beaud, Mattias Bouaziz et Chloé Verwaerde. Ce sont tous des bâtisseurs qui arpentent les chantiers à l'instar des tailleurs de pierre des XIe et XIIe siècles. Ceux-là même qui allaient de constructions d'églises en édifications de cathédrales, protégés par les templiers.

{{IMG:5}}Pas de liant. Le mécano consiste en un assemblage, un croisement de pierres brutes. Le secret de l'aplomb réside dans la profondeur du deuxième mur qui soutient le parement extérieur. Les pierres, équerrées manuellement, sont taillées avec soin, en percussion, à l'aide d'un burin et d'une massette.

Mattias Bouaziz utilise le ciseau et le maillet pour finaliser la taille des pierres (Photo Yannick Pons) • Yannick Pons

Les grosses en bas et dans les angles. Les petites en haut, à raison d'un demi mètre carré posé par personne et par jour. Soixante mètres cubes de bâti pour cent cinquante tonnes. Un banc des amoureux inscrit dans le mur face au paysage a été ciselé. Et sur les deux façades Sud, Mattias Bouaziz a installé des abris en bois pour les insectes et les oiseaux. Pendant la construction, il a laissé quelques pièces de monnaie afin de dater la bâtisse, plus tard... Paul Soule-Beaud, espiègle, a même placé une canette de Coca dans les entrailles de la tour. Elle sera inaugurée le 17 juin prochain.

Yannick Pons

Yannick Pons

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio