Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 04.10.2022 - anthony-maurin - 5 min  - vu 415 fois

FAIT DU SOIR Mieux comprendre le futur des mobilités pour mieux s'y préparer

La journée "Mobilités & territoires" (Photo Anthony Maurin).

Face à la crise énergétique, comment accélérer la transition des mobilités ? Cette question, bon nombre de personnes se la posent. À l’occasion de la journée "mobilités & territoires", chacun pouvait venir débattre autour des tables rondes organisées par le Smeg à l’Hôtel C-suites.

Deux tables-rondes étaient organisées par Territoire d’Énergie du Gard. Pourquoi ? pour accélérer la transition énergétique des mobilités pour tous. Tel est l'enjeu de la décennie à venir. Un enjeu pris à bras-le-corps par le Territoire d'Énergie du Gard via l'organisme Mobilités & Territoire.

Prix des énergies, sujet d'acceptabilité, contexte mondial défavorable, tout ne va pas toujours dans le bon sens, mais parfois il faut devancer les choses. Du moins, ne pas prendre trop de retard. C'est le but du Gard. Il va falloir adapter l'énergie au bon usage et en faire profiter tout le monde. De vrais sujets pour lesquels il faudra accompagner cette transition, embarquer de manière volontaire un maximum de concitoyens.

Pour Roland Canayer, président Territoire d'Énergie du Gard : "Pour les bornes de recharge, le Gard est précurseur grâce à Alès, après un appel d'offres auquel nous avons répondu en commun. Pour la borne rapide de Nîmes, nous ne nous attendions pas à ces chiffres, elle fonctionne très bien et en passe de 20 à 80 % en une quinzaine de minutes, le temps de boire le café ! Dans le Gard, une vingtaine sont en projet, notamment au Pont du Gard pour les touristes qui louent de plus en plus de voitures électriques."

L'électrique mais pas que...

Aimé Cavaillé, vice-président d'Alès Agglomération, est lui aussi très clair. "Il faut adapter les formations des étudiants. Nous devons prendre un virage total dans la formation des ingénieurs. À Alès, au Pôle mécanique ou à l'École des Mines, on avance. Pour l'école, on a construit un tracteur électrique qui a une autonomie de quatre heures. Pour le Pôle, on pense à l'hydrogène vert. Dans tout ce que nous faisons il y a de la temporalité, il nous faut prévoir demain, c'est fondamental."

(Photo Anthony Maurin).

Les conditions climatiques de l'été 2022 ont rappelé à quel point le dérèglement climatique s'accélère. Les records de chaleur, les restrictions d'eau, les incendies des puits de carbone que constituent nos forêts, sont autant de conséquences qui rappellent l'urgence d'une action commune pour lutter contre les gaz à effet de serre.

Une évolution sociétale

De son côté, Fabrice Verdier, président de la Communauté de communes Pays d'Uzès et conseiller régional d'Occitanie, pense lui aussi à l'hydrogène vert, mais pas uniquement. "L'hydrogène est au coeur de la politique régionale de décarbonation. Nous avons fait ce choix en 2015, nous nous étions projetés et, même si cela nous paraissait farfelu, ça ne l'est plus aujourd'hui. On a même créé un écosystème qui s'inscrit dans la durée. En 2026, nous comptons rouvrir une ligne Toulouse-Lichon qui ne roulera qu'à l'hydrogène. Nous remettons les transports sur du collectif avec une tarification attractive, y compris sur les rails comme sur la rive droite du Rhône et bientôt Alès-Bessèges."

En parlant des Cévennes, le président de Voyages Arnaud, Jérôme Mouret, est en accord avec ces orientations. "Pour dépolluer il faut faciliter les transports en commun. Le modèle électrique n'est pas duplicable mais il y a l'éthanol, le mix énergétique, le bio GNV, le B100... Bref, il faut investir dans de nombreuses infrastructures car nous ne pouvons pas être à la traîne. Nos entreprises sont centenaires, nous avons connu les hippomobiles !" Pour cet effort, Rétrofleet, semble être une bonne opportunité de changement. Trois véhicules d'un montant de 500 000 euros pourraient ainsi faire une centaine de kilomètres par jour.

Le Gard en précurseur

Directeur de Raisinor France Alcools, Jérôme Budua fait déjà dans la génération avancée de l'éthanol afin de dépolluer le monde de la vigne en valorisant ses déchets. "Avec le mix énergétique nous arriverons à décarbonater. Nous produisons de l'éthanol avec les résidus de la viticulture et nous le valorisons en l'incorporant aux E5, E10, E85 ou encore l'ED95 pour les poids-lourds."

(Photo Anthony Maurin).

Dans la foulée, Franck d'Herbomez, directeur de la distillerie de Vauvert, est heureux de s'impliquer en local. "Nous sommes la première distillerie de France à proposer l'ED 95. Nous nous impliquons depuis toujours et nous voulons valoriser les produits de nos adhérents afin de dépolluer le secteur. Le marc de raisin ou encore la lie font partie de cette économie circulaire qui fonctionne. Il fut un temps car c'était illégal en France, nous devions exporter notre production en Suède..."

Baisse de la pollution... et des coûts ?

Pour Alexis Landrieu, président de Biomotors, la réponse est toute trouvée même si ce carburant a eu mauvaise presse. Le bioéthanol n'utilise que 1 % des terres cultivables en France et nous arrivons encore à en exporter car nous n'en consommons pas assez. Il est issu de la betterave, de la mélasse qui va avec et des résidus viniques. La France est le premier producteur de bioéthanol en Europe. "J'ai créé Biomotors à la sortie de mes études de BTS à d'Alzon il y a plus de dix ans. Nous sommes 65 et bientôt 80 salariés et je rappelle qu'il n'y avait que 200 stations de bioéthanol il y a dix ans... Aujourd'hui, nous équipons 10 000 véhicules chaque mois et en Occitanie, 45 % des stations proposent maintenant du bioéthanol."

(Photo Anthony Maurin).

Certes, la consommation augmente de 20 % mais comme son coût est de 0,6 euro le litre, vous payer rapidement deux fois moins cher qu'un véhicule "classique." Un boîtier coûte 1 000 euros à poser, certaines Régions aident et la carte grise est gratuite. De plus, vous bénéficiez aussi du disque vert. Ce passage permet une progressivité plus acceptable.

"Mon siège social est à Bessèges et nous voulons décarboner les transports de personne dans le Gard. Sont concernés entreprises et particulier, monde rural comme citadin notamment par le service aux passagers handicapés", explique Jean-Marc Dardhalon, président de Red & White avant de reprendre : "Ma société fait dans le VTC (voiture de transport avec chauffeur, NDLR) mais pas comme Uber, nous sommes dans un modèle vertueux et nous aurons 30 salariés d'ici trois ans. Les territoires ruraux peuvent aussi avoir ce genre de transports. Et il ne faut pas oublier une chose : un véhicule électrique, lui, a une durée de vie bien plus longue que ses comparses thermiques, 700 000 km contre 250 000 environ ! En d'autres termes, pour l'achat d'un seul véhicule électrique on devrait en acheter trois s'ils sont thermiques si l'on veut parcourir la même distance."

Le Smeg, syndicat mixte d'électricité du Gard est à retrouver au 4, rue Bridaine - 30 000 Nîmes ou par téléphone au 0466386575 ou par mail à smeg@territoireernergiegard.fr.

Anthony Maurin

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