FAIT DU SOIR Quand un filet de pêche recyclé donne naissance à un sac à main "Made in Grau-du-Roi"
Stéphanie Senappe et Pierre-Alain Schindler ont conçu un modèle de sac à main réalisé à partir d'un filet de pêche recyclé. Cet accessoire de mode éthique et écologique doit être lancé sur le marché cet été.
L'idée remonte à plusieurs années. Pierre-Alain Schindler, un Suisse installé au Grau-du-Roi depuis 2011, était alors restaurateur. "Je travaillais beaucoup avec les pêcheurs locaux et je m'étais dit qu'il y avait quelque chose à faire avec leurs filets, se souvient-il. Ça me revenait aussi lorsque j'allais faire mes courses à la poissonnerie et que j'en voyais des tas à gauche et à droite."
25 tonnes de filets enfouis par an
Il en parle alors à Stéphanie Senappe, couturière locale qui travaille dans son petit atelier situé rive droite. "On y a un peu réfléchi mais on ne s'est pas lancés tout de suite, explique-t-elle. Ce n'est que dernièrement qu'on a réellement démarré le projet de sacs à main. Nous nous sommes renseignés auprès de l'Institut marin du Seaquarium. Selon lui, rien que sur le port de pêche du Grau-du-Roi, 25 tonnes de filets partent à l'enfouissement chaque année."
Souvent rafistolé à plusieurs reprises avant d'être jeté, l'outil de travail numéro un des chalutiers cache, selon les deux entrepreneurs, un potentiel à exploiter. "Une fois lavé, on peut s'en servir pour faire un sac vintage customisé très sympa, estime la couturière. J'ai réalisé un premier prototype composé à 70 % de filet de pêche. Comme nous voulions absolument nous appuyer sur des produits locaux et travailler avec de la qualité, le sac est doublé en toile de jean Denim et dispose de anses en cuir."
Et comme chaque filet de pêche a des mailles de tailles différentes et une allure qui lui est propre, chaque sac à main réalisé par Stéphanie Senappe et Pierre-Alain Schindler sera un modèle unique. "Nous avons fait les démarches auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) pour protéger l'idée, assure l'ancien restaurateur. Nous avons aussi contacté les différentes collectivités locales qui sont toutes emballées par notre projet. L'objectif serait de démarrer la commercialisation début juin, pour la Fête de la Saint-Pierre."
Un partenariat avec les pêcheurs ?
D'ici là, les deux amis ont du pain sur la planche. "Je pense pouvoir réaliser une centaine de sacs par semaine, évalue Stéphanie Senappe. Tout est cousu main, mais une fois qu'on aura pris le coup ça ira plus vite."
Pierre-Alain Schindler s'occupe quant à lui de préparer le filet avec le soutien des pêcheurs graulens. "Plutôt que de les mettre dans des bennes, ils nous les donnent, apprécie-t-il. Mais si le projet fonctionne, vous aimerions réellement travailler en partenariat avec eux, en les incluant pour défendre ensemble la pêche locale." Avec une majorité de matière première gratuite, les sacs à mains devraient être commercialisés à un tarif avoisinant la trentaine d'euros.
Mais convaincus du potentiel de leur idée, les deux entrepreneurs ne comptent pas s'arrêter là et réfléchissent déjà à d'autres possibilités de valorisation du filet de pêche. Écologique, économique et identitaire, ce modèle pourrait devenir un véritable cercle vertueux. Reste à savoir désormais s'il séduira Graulens et estivants.
Boris Boutet