FOIRE DE BARJAC "Il est neuf heures, vous pouvez commencer à déballer"
La foule attendue était bien présente, ce jeudi matin avant 9 heures, autour de la place du 8-Mai-1945, coeur de la foire aux antiquités et à la brocante de Barjac. Entre collectionneurs, chineurs et vendeurs, on naviguait entre excitation et slalom entre les véhicules.
Vu de haut, c'est un enchevêtrement de toitures de fourgons et de parasols des stands. Un joyeux bazar d'où sortent les premiers présentoirs, les meubles pliants qui serviront, dès 9 heures, à étaler la marchandise. Car la consigne est claire : pas de déballage avant 9 heures. Les plus pressés hument donc les objets au cul du fourgon, demandent un prix "en loucedé", et obtiennent une promesse de vente pour plus tard. Les choses se font naturellement, au grand jour, mais sans publicité.
Christophe n'a, pour l'instant, pas le temps de discuter affaires. Entre deux cartons déchargés, il confie qu'il vient de l'Île d'Oléron, "juste à coté, quoi", lâche-t-il dans un sourire. Puisque le marché "est un peu compliqué en ce moment, notamment dans les petites foires", il descend chaque année "parce que sur Barjac ou d'autres foires de la même taille, on y trouve son compte". Spécialisé en "art nouveau et art déco", il avoue également "un faible" pour la verrerie, qu'il se reprocherait presque d'apporter en si grand nombre.
Venu en voisins de Carpentras avec sa compagne Marie, Ludovic ne rate pas les deux rendez-vous barjacois de l'année, lui qui est "antiquaire et brocanteur depuis 26 ans". Spécialisé dans "l'art premier et le design du 20e siècle", il dit avoir pris des produits "un peu en vrac" de son stock. À l'exception de ses "merveilles, celles-ci je les garde en boutique sinon ça m'oblige à les re-nettoyer". Tout en blâmant "la quantité de copies" écoulées désormais sous la bannière art premier, notamment à Barjac, il constate que ce sont, de toute façon, le mobilier de jardin, les assises et les objets de collection "qui se vendent le mieux".
Tandis que la dizaine d'organisateurs fait le tour des véhicules, Michel Raoux, du comité d'expansion économique de Barjac se satisfait du nombre d'exposants. "400, comme l'an dernier, malgré le contexte qui n'est pas bon. Ce matin, un dernier exposant nous est arrivé de Paris. Il faut le faire de traverser la France sans être sûr d'avoir une place...", s'étonne l'organisateur en chef. Il attend, comme les années précédentes, "au moins 10 000 visiteurs par jour".
Serge et Jean-Michel sont de ceux-ci. En attendant 9 heures, ils s'envoient un café au comptoir de la foire. "On vient au minimum une fois par an", confient-ils, presque en voisins, du nord Ardèche. L'un, horloger, vient pour... l'horlogerie ancienne, "une passion". Et espère bien dégotter "une horloge comtoise, du 18e siècle, de préférence. On en trouve encore !" L'autre est placoemaillophiles, c'est-à-dire collectionneur de plaques émaillées, dont la production s'est concentrée entre 1900 et 1960. "Ce ne sont que des publicités faites par des affichistes et, depuis le Covid, les tarifs ont explosé." Lui ne vient pas spéculer, mais en passionné. "Même si une plaque est montée à 150 000 € cette année, on vient ici plus par habitude", conclut Serge. Le plaisir de l'habitude n'empêche pas celui de la découverte surprise. Ça tombe bien, du haut-parleur tombe l'autorisation de déballer.
François Desmeures
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