Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 16.09.2021 - anthony-maurin - 4 min  - vu 500 fois

GARD Les vignerons de Marguerittes interrogés par les élus du Conseil régional

Les échanges sont sains et tous les sujets sont débattus brièvement (Photo Anthony Maurin).

À gauche, Fabrice Verdier, conseiller régional avec les vignerons de Marguerittes (Photo Anthony Maurin).

Les conseillers régionaux gardois - Aurélie Génolher, Katy Guyot, Henry Brin et Fabrice Verdier - ont rencontré les vignerons gardois pour échanger et travailler sur les difficultés et les enjeux de la viticulture locale à la cave coopérative "Les Vignerons" de Marguerittes.

Une petite cave coopérative avec une trentaine de coopérateurs. Une cave comme il y en a de nombreuses à travers le département, une cave qui permet de prendre la température. Marguerittes fait habituellement une vendange qui donne en moyenne 25 000 hectolitres répartis entre l'appellation IGP Pont du Gard (90 %) et les Costières (10%).

"Notre production est à 85 % en bio ou en passe de l'être. Il faut dire que nous ne sommes qu'à dix kilomètres du Pont du Gard ! Cette année, nous allons avoir entre 13 000 et 15 000 hectolitres. En fait, de toutes nos pertes, 90 % sont dues au gel, mais pour certains c'est 50 % de leur récolte qui est ainsi partie... Heureusement que nos cépages sont résistants à ces phénomènes, y compris pluvieux et je suis heureux car nous avons beaucoup d'assurés, nous allons faire jouer la solidarité. La cave, elle a pris un prêt garanti par l'État qu'elle va renouveler", affirme Jérôme Dayon, le président de la cave.

A gauche, Katy Guyot, conseillère régionale (Photo Anthony Maurin).

Pour être assuré, justement, cela a un coût qui n'est pas partagé par tous les agriculteurs, loin de là. Le tarif à l'hectare est variable entre 100 et 150 euros. Si problème, ajoutez une franchise de 10 %. Les assurances l'annoncent toutes ou presque, cette franchise va doubler, voire plus dans les prochains mois. Dans le Gard 70 à 80 % des agriculteurs ne sont pas assurés.

Pour Fabrice Verdier, conseiller régional : "Cette visite est un peu improvisée car tout va très vite pour certains, mais Carole Delga veut aller vite. Chaque année nous faisons cette tournée et nous continuerons ainsi à travers le département pour ne pas faire de jaloux. Quelles sont vos perspectives ? Il n'y a aucun sujet tabou, nous sommes là pour échanger." Il faut savoir que pour cette seule année et à cause du gel, le Gard ne devrait sortir de ses cuves qu'un million d'hectolitres alors qu'il en produit, habituellement, plus de trois.

Pour Denis Verdier, président de la fédération des IGP du Gard : "On a eu l'occasion de parler des problèmes gardois à Marguerittes comme ailleurs car ici nous sommes en IGP Pont du Gard. On a pris des coups mais ce produit rend les gens heureux et a de belles marges de progression à l'exportation." Le vin, ça marche. La vigne est une belle culture qui emploie, qui génère des bénéfices et qui permet d'entretenir le territoire. Seulement, les problèmes inhérents à l'agriculture lui tombent en plein dessus.

Le président de l'IGP coteaux du Pont du Gard, Christophe Aguilar : "L'offre est très claire dans le Gard avec nos trois IGP. Nous allons devenir le leader en Occitanie, nous avons une grosse carte à jouer, il ne manque que la promotion, mais nous avons dix à quinze ans d'avance sur l'Hérault. L'enjeu de demain, c'est le renouvellement des exploitations avec l'installation de la jeunesse. L'accès à l'eau devient primordial et le foncier est déjà inaccessible à cause des nombreuses compensations dues à la ligne LGV et à la gare de Manduel. Tout cela va durer 40 ans et les prix ont fait doubler ceux du foncier. On parle tout de même de 500 hectares."

L'intérieur de la cave de Marguerittes (Photo Anthony Maurin).

Le maire de Marguerittes, qui accueille la réunion à la cave coopérative, Rémi Nicolas, a lui aussi fait un pas. Petit certes, mais c'est déjà ça. Pour les protocoles, plus d'alcool forts, que du vin, marguerittois évidemment ! Cependant, le foncier l'inquiète. "L'urbanisation est un thème fort et l'État ne nous aide pas. Nous avons fait capoter un projet sur Marguerittes, mais la pression est forte pour grignoter les terres agricoles. Une action commune est à mener plus largement, nous devons employer une stratégie plus active, agressive."

Le problème, avec les terrains agricoles qui passent dans le domaine "public", est le suivant : les terres sont acquises à hauteur de 20 000 euros l'hectare avec en plus 4 000 euros de frais d'agence. Pourtant, les acquéreurs ne sont pas de vrais agriculteurs et, pour vivre à la campagne, s'inventent des vies d'éleveur pour quatre canards... Le phénomène de cabanisation est important. Les mairies doivent-elles racheter les terres pour les dispatchers à leur gré ? La Safer a-t-elle les moyens suffisants ? Vigifoncier est-il suffisamment connu des agriculteurs ?

(Photo Anthony Maurin).

Ajouté à ce problème, revenons sur la gare de Manduel et les terres environnantes. L'hectare était vendu 50 000 euros pour la construction de l'édifice. Pour la compensation, les terrains nus ont été rachetés à hauteur de 12 000 euros l'hectare et de 18 000 quand il était planté. C'est donc vers un projet de territoire qu'il faut tendre.

"C'est aussi la gestion de l'eau dont il faut s'occuper. C'est important et cela dépend du Conseil régional et dans une moindre mesure du Département. Il y a des choses à faire, nous devons aussi promouvoir et exporter nos vins car si nous ne nous contentions que du marché local, quatre agriculteurs sur cinq seraient à supprimer", avoue Denis Verdier, président de la fédération des IGP du Gard. Henry Brin, conseiller régional et président de la Chambre des métiers du Gard : "Sur nos territoires, les gens ne connaissent pas suffisamment nos vins, ils manquent de valorisation, y compris sur les tables de nos restaurateurs."

L'entrée de la cave, Rue Mireille (Photo Anthony Maurin).

Fabrice Verdier reprend la parole. "Alors on se verra plus souvent, pas tous les jours mais on ne pourra pas se satisfaire de ce seul échange en plein milieu des vendanges ! On doit se voir plus, plus souvent, plus longtemps. Je pense qu'il faudrait un Aqua Domitia gardois car nous ne devons pas être les oubliés de cette affaire. Nous réfléchissons beaucoup avec BRL, mais nous parlons d'un projet sur dix ans. Dans tous les cas, nous ne pourront pas amener l'eau du Rhône partout dans le Gard !"

Anthony Maurin

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