GARD Pont et merveilles pour les Féeries
Tout le monde sur le pont ! La première des quatre représentations des Féeries du Pont aura lieu le 1er juin prochain. Rebelote les 7, 8 et 9 du même mois, histoire de lancer la saison et de rendre hommage au monument, à la nature et au fil acéré du temps qui fragmente l’Homme.
En haut, au troisième niveau de l’antique pont, des funambules de la pierre et du feu s’envoient en l’air pour figer dans vos yeux quelques centenaires d'Histoire. Au pied, certains se reposent ou piquent une sieste bien méritée, d’autres surveillent le matos à défaut d’oser un « piquet » dans l’eau fraîche du Gardon. Nul ne dérange le visiteur qui ne se rend même pas compte de la mise en place du manège mais qui est intrigué de voir ces petits bonshommes désarticulés circuler sur l'édifice romain.
Les Féeries sont synonymes d’événement. « C’est un rendez-vous traditionnel pour lequel le public vient nombreux. Le Groupe F allie merveilleusement bien la technologie et l’humain. Cette année, la tarification est plus sympathique que l’an dernier ! », assure Patrick Malavieille, président de l'EPCC du Pont du Gard. 22 euros pour les adultes, 20 en réduit et 9 euros pour les enfants.
Le thème de cette année fait suite aux deux derniers actes. La trilogie s’achève donc en 2018 avec « Feux sacrés ». Le Groupe F, fantastique société artistique de créations visuelles, narrées et pyrotechniques, assure le show. Maître d’œuvre de l’édifice moderne et directeur artistique, Christophe Berthonneau. « On commence à connaître ! Le Pont du Gard, c’est 70% de vide, un public établi sur près de 800 mètres et faisant face à 700 mètres de façades à travailler... L’écriture du Pont du Gard, c’est ma souffrance annuelle. Ici, on ne peut pas mentir, on ne peut pas trahir. Il y a une simplicité directe de l’écriture et de la situation. Sinon, c’est la plantade. Les faits ne mentent pas ! »
Et le directeur artistique de reprendre, « Les Gaulois étaient animistes : toute chose était sacrée. Les Romains ne regardaient plus que les oiseaux et encore, de loin. Pour ce dernier épisode de la trilogie, nous démarrons à la chute de l’Empire romain pour finir aux temps modernes, au début de la Renaissance. Nous parlons du bassin méditerranéen dans l’histoire et nous sommes en plein dans l’actualité. Les grands mouvements, les grandes bagarres, les alliances, le brassage, les migrations tout se mélangeait avec les mots (maux) d’aujourd’hui. »
Plus de trente personnes travaillent sur le spectacle, trois semi-remorques de matériel, 90% de nouvelles videos, de la pyrotechnie, des flammes, une narration, du « gros son », vous l’aurez compris, cette nouvelle édition promet...pont et merveilles. L’intelligente mise en valeur du patrimoine permet une mise en exergue plus pédagogique et ludique des problèmes sociétaux actuels. « Les textes sont très forts, on arrive à une dimension qui appelle à la réflexion, le contenu ne laisse pas indifférent », note Patrick Malavieille.
Touchant d'un bout à l'autre de son propos de penseur et de créateur, Christophe Berthonneau se veut rassurant. Enfin pas si sûr... En tout cas, ça va claquer ! « Il y aura beaucoup de guerre, des canons, des fusées, des attaques en live… La guerre, c’est beau et excitant mais la nature et les choses qu’elle procure, quand même. Ça sera émouvant, dense et spectaculaire. Nous sommes dans une époque de destruction. Nous devons faire un lien de responsabilité entre l’humain, la nature et le patrimoine. Nous devons parler d’avidité ou de surconsommation, nos petits-enfants seront en danger. »
Pour Sébastien Arnaux, le directeur général du Pont du Gard, « C’est une quête de sens. Ce monument est notre patrimoine et notre patrimoine est notre histoire. L’art est important, la période abordée est intéressante car comme aujourd’hui, tout diverge à partir du Moyen-Âge, ça interpelle. » Une heure de show visuel et auditif, une heure de réflexion lumineuse. Après « Feux gaulois » et « Feux romains », ce troisième opus n'est pas la fin d'une histoire. C'est le commencement de la nôtre.