GARD Un an de plus et une montée en puissance pour CPPP
Le nom rappelle étrangement l'acronyme du bloc soviétique, mais n'est-il pas le meilleur moment pour en plaisanter ? Yann Guerrero et sa compagnie CPPP faisaient le bilan de leur année chez eux, à Quissac. En attendant, CPPP est plus simplement une Compagnie de productions populaires et polymorphes.
C'est une société mais c'est surtout et avant une compagnie. CPPP est un ovni, une boite un peu différente jouant sur la création et l'onirisme, le social et le socialisme. Ici, la parole est libre, les options partagées mais le grand timonier, à défaut d'être d'être le petit père des peuples, c'est Yann Guerrero. CPPP est une structure associative basée à Quissac. Elle a été créée en 2008 par des professionnels du spectacle vivant, dotés d’une parfaite connaissance des réseaux artistiques et techniques en France et à l’étranger.
Pourquoi avoir basé une telle structure, travaillant à l'international, à Quissac ? "Je m'occupais de la pégoulade de Nîmes, j'habitais à Sommières, d'autres à Montpellier et il nous fallait un port aux dimensions de la baleine. D'ailleurs, c'est ce que vous voyez sur le mur ! Il y a quelques marques d'anciennes épures mais aussi le dessin définitif." Avec ses 1 000 m² d'espace de stockage, le site a immédiatement plu à Yann et ses équipes.
"On a immédiatement installés nos bureaux face à l'entrée du hangar qui servait, avant que nous arrivions, à cultiver des greffons. C'est comme une grande chambre froide, bien isolée avec des panneaux sandwich", reprend Yann Guerrero. Idéal pour accueillir les décors en toute sérénité et pour travailler ? Tout se passe juste à côté, dans un autre espace couvert ou dehors si le temps et l'envie le permettent. "Mitoyen avec notre hangar nous avons récupéré, grâce à la mairie, un ancien garage qui a fermé. Elle nous le loue, on y travaille bien. Parfois même, nous le prêtons aux Restos du coeur. Ici, on s'entraide dès que l'on peut", poursuit Yann, heureux d'être Quissacois, avant de reprendre : "Cette année fut riche en expériences et en émotions, notamment après le changement de délégataire des monuments de Nîmes. Nous avons fait deux spectacles nouveaux et nous avons aussi sorti la baleine pour The Whale Street à Béziers en juillet sans oublier le nouveau film pour la future application de la Maison Carrée."
Une analyse partagée par Éric Teyssier, professeur d'histoire, mais aussi co-scénariste des deux spectacles nîmois avec Yann Guerrero : "La reprise, après deux ans de Covid et un nouveau délégataire, a été quelque chose... Il a fallu faire de nouveaux décors et tout le reste, mais nous avons gardé l'ADN de l'ancien spectacle. C'est une belle réussite, nous avons bien démarré du pied droit car nous sommes comme les Romains ! L'année prochaine, il y aura encore des nouveautés avec Vercingétorix car comme nous le faisons depuis 2012 avec Yann, nous allons toujours plus loin ! Je n'oublie pas que j'ai fait les Jeux Romains à Nîmes, mais c'est Yann qui en a fait les Grands Jeux Romains."
La fameuse baleine ! The Whale Street, nom du spectacle de rue, est une déambulation onirique évoquant les luttes sociales que l'on peut découvrir en relisant Moby-Dick. "Nous avons fait la parade biterroise en même temps que la construction des décors de Nîmes Cité des Dieux !" Justement, parlons de cette ultime création qui s'est tenue en août dans l'amphithéâtre nîmois. La mairie voulait animer sa saison et avait demandé dans un premier temps à son ancien délégataire Culturespaces de créer un spectacle en août. Les Nuits de Nemaus (deux éditions) ont démarré le projet mais Edeis arrivant aux commandes, il a fallu recréer un nouveau show nocturne. Avec Nîmes Cité des Dieux, Guerrero et Teyssier ont fait voyager 36 000 personnes sur six dates dans les tréfonds des mythes méditerranéens.
Et Éric Teyssier n'en est pas peu fier : "C'est une vieille idée. Je voulais déjà faire un spectacle nocturne il y a une vingtaine d'années quand j'ai commencé à Orange. On a mis longtemps, mais nous avons eu cette opportunité de faire différemment de ce que nous faisions avec les Grands Jeux Romains ou encore ce qui avait été fait pour les Nuits de Nemaus. Avec Nîmes Cité des Dieux, nous avons réussi la synthèse d'Hadrien et de The Whale Street."
Un projet ambitieux et un pari réussi. "Il fallait tout mettre à la dimension des arènes pour que le public apprécie et je pense que ça a marché. Nous sommes fiers du résultat, il y avait vraiment quelque chose d'homérique avec les liens entre Hommes et Dieux, leur dialogue, entre réalité et onirisme. Nous y apporterons, comme toujours, quelques améliorations dès l'année prochaine", avoue Yann Guerrero.
L'an prochain ? CPPP prendra naturellement une grande part dans les décors du spectacle Vercingétorix (Hadrien) mais pas que... La compagnie prévoit un spectacle en sortie de résidence au Château Saint-Privat à côté du Pont du Gard, mais aussi à Béziers.