Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 20.07.2021 - stephanie-marin - 4 min  - vu 472 fois

JOBS D'ÉTÉ Près de 200 personnes secourues par les sauveteurs en mer en 2020

Claude et Roland, deux sauveteurs en mer, âgés de 61 et 66 ans, à bord du semi-rigide. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Le temps d’un été, découvrez ces métiers en plein boom à cette période de l’année. Le troisième volet de cette série vous emmène sur les eaux graulennes pour découvrir les missions des bénévoles de la Société nationale de sauvetage en mer. Veuillez embarquer !

À deux pas de la Capitainerie de Port-Camargue, Philippe Grau, 58 ans et quelques-uns de "ses soldats" comme il les surnomme, sirotent un café en riant dans le local de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Ils sont taquins entre eux et avec les autres aussi, nous n'y échapperons pas, et tant mieux, voilà qui nous met immédiatement dans le bain. La création de cette station à Port-Camargue - l'une des 187 de France auxquelles il faut ajouter 32 centres de formation et d'intervention, un Pôle national de formation à Saint-Nazaire, un Pôle de soutien de la flotte à Saint-Malo ainsi qu'un atelier à Palavas et le siège à Paris - remonte aux années 70.

Philippe Grau, président de la Société nationale de secours en mer (SNSM) du Grau-du-Roi/Port Camargue. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Trente bénévoles, de tout âge et de tout univers professionnel, sont investis dans cette aventure, 7 jours sur 7, 365 jours par an. 20 d'entre eux sont opérationnels. Leur point en commun, la passion. D'ailleurs le président de la station SNSM du Grau-du-Roi/Port-Camargue n'impose aucune astreinte, ni permanence à ses troupes. Lorsqu'il leur envoie un message d'alerte, charge à chacun d'y répondre. "On dit oui ou non, mais on répond, sinon on se fait engueuler par le patron", s'amuse Roland, 66 ans, gendarme à la retraite et sauveteur en mer. Philippe Grau ne s'en cache pas, "je suis strict - peut-être un reste de sa carrière de policier, il était instructeur à l'école nationale de police, Ndlr - mais je suis juste aussi. Je sais être reconnaissant et dire merci."

Cette reconnaissance est le seul salaire perçu par ses bénévoles. Leur seule richesse est la satisfaction d'avoir pu aider des personnes, à sauver leur vie ou leur embarcation, en rentrant de mission. "Claude - 61 ans, CRS retraité, Ndlr - et moi, avons travaillé sous un uniforme pendant 35 ans. La rigueur, l'esprit d'équipe, la cohésion définissent nos métiers. Et on le retrouve chez la SNSM, sous un autre uniforme, respecté et respectable", explique Claude. L'ex-miliaire poursuit approuvé par son binôme : "Et puis, lorsqu'on part en intervention, on retrouve aussi cette adrénaline. Ça peut être à n'importe quelle heure... Je ne vous cache pas que quand c'est à 3h du matin, j'en ai une qui fait la gueule !" Les deux hommes complices croisent leur regard en riant.

C'est à partir de la mi-juillet que l'activité monte en puissance pour les sauveteurs en mer de la station à Port-Camargue, premier port de plaisance d'Europe et deuxième au monde qui accueille quelque 5 000 bateaux. Elle se poursuivra jusqu'à fin septembre, puis les sorties en mer se feront plus rares, principalement pour des entraînements ou l'accompagnement de diverses manifestations. En 2020, les hommes en orange ont effectué 120 sorties pour 80 sauvetages et près de 200 personnes secourues.

Alertés par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage Méditerranée(*) basé à Toulon ou par une source externe, les sauveteurs ont alors 15 minutes pour embarquer soit à bord de la vedette de 15 mètres propulsée par deux turbines de 500 cv ou du semi-rigide de 7,50m équipé de deux hors-bords de 115 cv. Le choix de l'unité dépend du type de l'intervention et du gabarit du bateau concerné. La première, à la manoeuvre depuis 17 ans, a fait l'objet d'un "refit" pour un montant d'un million d'euros subventionné pour un quart par la Région Occitanie. La deuxième doit quant à elle être changée après dix années d'activité. La SNSM prévoit donc de débourser 140 000 euros pour remplacer son semi-rigide. Des sommes colossales pour cette association dont les ressources reposent sur les subventions publiques pour 1/3 et le reste sur des sources privées(**).

La vedette de 15 mètres propulsée par deux turbines de 500 cv de la SNSM. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Pour en revenir aux interventions, il peut s'agir d'un dépannage pour diverses avaries sur les bateaux, d'une embarcation échouée sur ce désormais très célèbre banc de sable blanc... "Je me souviens d'un bateau qui rentrait au port de Port-Camargue, le navigateur avait inversé le sens des balises - rouge à gauche, vert à droite - et le bateau avait percuté à une vitesse assez conséquente la digue. Deux blessés ont été pris en charge et le bateau a fini par couler", raconte Claude. Parmi ses souvenirs les plus marquants, Philippe Grau lui se rappelle cette barge de 20 mètres de long signalée en panne tout près de l'Espiguette et qu'il avait fallu pousser avec la vedette.

Il lui revient en tête un autre événement, plus traumatisant cette fois. "Il y a trois ans, nous avons pris en charge une plongeuse dont la jambe avait été coupée par une hélice. Malgré nos années d'expérience dans nos différents métiers, on est forcément perturbés après une mission telle que celle-ci. J'ai appelé tous les jours l'hôpital pour avoir de ses nouvelles. Et puis, on a fini par me dire qu'elle était sortie de sa chambre pour se balader en fauteuil roulant. J'étais content parce que malgré tout, cela voulait dire pour moi qu'elle était sauvée", confie le quinquagénaire ému. Le président regrette que ces accidents soient de plus en plus fréquents. Un manque de prudence et de vigilance qui peut être rectifié par les messages de prévention diffusés par les équipes de la SNSM, un autre aspect de leur mission de service public et d'État.

Stéphanie Marin

* Bon à savoir : le numéro d'appel d'urgence du CROS est le 196. 

** La SNSM a lancé un appel aux dons jusqu'au 31 août, cliquez ici pour en savoir plus

Stéphanie Marin

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