Le 7H50 de Boris Thubert, enseignant au lycée Hemingway : « Nous sommes prêts à faire grève le jour du BAC »
Hier après-midi, une trentaine d’enseignants du lycée Ernest-Hemingway de Nîmes a manifesté jusqu’aux arènes contre les réformes Blanquer. Malgré une faible participation à la marche, à l’image de Boris Thubert, professeur d’anglais et représentant SNES FSU, les manifestants restent déterminés. Il est l'invité du 7h50.
Objectif Gard : Après plusieurs semaines de contestation, où en sont les enseignants du lycée Hemingway ?
Boris Thubert : La semaine dernière, lors d’une assemblée générale, nous avons rencontré des parents d’élèves car ils ne sont pas tous très bien informés des détails de la réforme. Nous avons aussi organisé une votation dont le résultat a été de 94% contre la réforme avec une participation à 63%. Nous voulons dire à la population que le ministre de l’Éducation ne dit pas la vérité.
Que reprochez-vous à cette réforme ?
L’orientation des élèves va être très opaque. Les filières vont disparaître. Elles seront remplacées par des spécialités. Un tri social va être généré, car ne faisant pas les mêmes choses dans chaque établissement, certains lycées paraîtront plus prestigieux, ici où là. Les parents d’élèves et les familles doivent bien être au courant du danger que représente cette réforme. Ce gouvernement est entré dans une logique très libérale. Il veut du rendement, mais ce n’est pas quelque chose que l’on peut appliquer sur le service public, et encore moins sur l’éducation.
Certains enseignants ont boycotté le BAC blanc. Comment cela a-t-il été accueilli par les élèves et les parents ?
Je pense que les élèves comprennent quand on leur explique. Il se trouve que l’administration a joué un double jeu en montant les élèves contre les enseignants. Nous continuons à préparer les élèves pour le BAC. On a la volonté de leur offrir un savoir complet et on ne veut pas que ce BAC soit transformé en une espèce de BAC local.
Quelles sont vos revendications ?
Nous voulons l’abrogation totale de cette réforme. Mais nous savons que le mouvement sera long.
Êtes-vous prêts à discuter avec le ministre de l’Éducation ?
On ne veut pas une adaptation de cette réforme. Elle doit être abrogée. Ensuite, s’il faut discuter d’un renouveau dans les lycées, pourquoi pas ? Mais en mettant cartes sur table. Pas d’un point de vue purement comptable et en disant on va adapter des réformes pour faire des économies.
Jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?
Nous sommes prêts à faire grève le jour du BAC. Mais il faut que les familles sachent que nous ferons tout pour que les élèves se retrouvent dans les écoles supérieures.
Est-il difficile de faire comprendre votre démarche aux parents ?
Oui. Le ministre est partout. Il a beaucoup plus d’exposition médiatique. Nous devons faire de la "désintox" tous les jours. Il faut prévenir les familles que ce qui se passe est très grave et qu’il faut que l’on soit ensemble là-dessus.
Propos recueillis par Norman Jardin