LE 7H50 de Daniel Richard : "Nîmes ce n'est pas que les monuments romains"
Candidat écologiste pour les municipales 2020 à Nîmes, Daniel Richard reste une énigme pour beaucoup. À 74 ans, l'ancien chef d'entreprise et dirigeant d'ONG comme WWF veut s’asseoir dans le fauteuil du maire. Interview.
Objectif Gard : Pourquoi se lancer en politique à votre âge. Vous vous ennuyez dans votre vie ?
Daniel Richard : Je suis militant écologiste. J'ai dirigé des ONG mondiales et suis intervenu dans des grands groupes en difficulté pour trouver les solutions afin de pérenniser des activités sans jamais utiliser l'emploi comme variable d'ajustement. C'est cette expérience que je veux mettre au profit de ma ville. Ce n'est donc pas un problème d'ennui, je dirais plutôt que je suis un créatif actif. Ensuite, Nîmes a besoin d'un écologiste à sa tête. Elle est exposée au danger climatique. Il reste 10 ans au monde pour ne pas sombrer dans une réalité irréversible. On vit à l'heure actuelle une accélération exponentielle...
Il n'y a pas suffisamment de jeunes autour de vous pour assurer cette responsabilité ?
Je ne cherche ni le pouvoir, ni la réussite, ni l'argent. Je suis à l'abri de tout cela. Militant depuis 30 ans de la cause climatique, je ne peux éluder encore longtemps les difficultés qui nous attendent et celles de nos enfants. Quand je vois dans les programmes ou tracts de 2020 qu'il n'y a rien sur l'écologie, ce sont des aveugles. L'homme politique d'aujourd'hui n'est pas dans une stratégie de transformation mais de glissement. Moi, j'ai l'envie de faire changer les choses. La Ville ne peut pas stagner par méconnaissance, par peur. Je veux construire une équipe de jeunes qui formeront l'espérance. Et participer au transfert des connaissances systémiques.
Vous avez conscience que ce n'est pas l'exemple de Nîmes qui résoudra les problèmes écologiques dans le monde ?
À ce moment-là, on se salue et on se donne rendez-vous au cimetière. La plupart des grandes solutions de la planète viennent des petites choses. De plus petites villes que Nîmes en Chine sont largement plus en avance que nous. Il faut rattraper ce retard.
Qu'est-ce que vous avez contre les communistes ?
Rien du tout. Lors de l'inauguration de la nouvelle permanence des socialistes cet été, nous nous sommes rencontrés avec Vincent Bouget (secrétaire départemental du PCF, NDLR). Il avait pris des engagements pour que l'on puisse se revoir. Force est de constater qu'ils n'ont pas été tenus. Il a même lancé "Nouvelle page" sans m'inviter. Moi, je ne suis pas un politique. J'ai lu chez vous que Jérôme Puech annonçait que je ne voulais pas des communistes. Je n'en ai pas une envie folle, c'est vrai. Mais ils ne sont pas d'accord déjà entre eux. Moi je reste ouvert à discuter mais j'ai mes conditions.
Lesquelles ?
Je suis contre un deuxième incinérateur. Je ne suis pas sûr que les communistes soient d'accord avec moi. Rappelons-nous que c'est Alain Clary qui a signé le premier. Même Jean-Paul Fournier était contre. Deuxième sujet, le nucléaire. Nîmes n'est pas dans une situation privilégiée. On est très proche de Marcoule, Tricastin, etc. Imaginez qu'il y ait un problème ? Comment Nîmes est-elle protégée ?
Et les transports, vous êtes favorable à leur gratuité ?
Je ne sais pas. Je veux d'abord connaître le coût. On peut pas dire que l'on va raser gratis. Il faut être pragmatique et mesurer d'abord l'impact financier.
Allez-vous maintenir le financement des clubs sportifs de Nîmes ?
D'abord, je voudrais savoir précisément la destination des fonds. Comment sont utilisés les 1,2 millions versés chaque année par la Ville et l'Agglo à l'USAM Nîmes Gard ? Après on discute. Pareil pour la vente du stade des Costières, quelle mauvaise idée ! Il faut se souvenir que ce n'est pas la première fois que Rani Assaf s'est positionné sur le stade des Costières. Bien avant qu'il ait une seule action du Nîmes Olympique, il avait formulé une offre d'achat. Aujourd'hui, on lui vend à un prix bien inférieur au coût de construction initial pour un projet de stade plus petit que l'actuel et avec un nouvel ensemble commercial. Sans compter le stade provisoire de 10 000 places construit et démolit. Le bilan est largement négatif. Rappelons enfin que la société porteuse du projet n'a aucune garantie financière de la Ville. Qu'est-ce qui se passerait si une crise financière pointait le bout de son nez dans deux ou trois ans ? Qui va payer ? Si on arrive à la tête de Nîmes en mars prochain, c'est évident, j'annule le projet.
Que proposez-vous concrètement dans votre programme ?
Notre adversaire, c'est le soleil. Mais c'est aussi l'une des clés de la solution. Il faut devenir la première ville de France qui produit plus d'énergie qu'elle n'en consomme. C'est encore plus facile à faire alors que Nîmes ne bénéficie pas d'industrie. Il faut donc investir dans le soleil. Cela passe par l'isolation des immeubles à Nîmes pour qu'ils deviennent passif en matière d'énergie. Les ressources financières existent. Il faut donc des spécialistes à la tête de la Ville pour aller les chercher. C'est le travail que j'entreprendrai avec mes équipes pour convaincre les bailleurs sociaux. Idem dans toutes les écoles municipales. Concernant l'urbanisme, j'essaierai de modifier le PLU afin de favoriser le centre-ville au détriment de la périphérie. Aujourd'hui, c'est quoi Nîmes ? Le Chemin-Bas, Richelieu, Les arènes, Valdegour, Caissargues ? Je n'ai plus de coeur de ville. Nîmes ce n'est pas que les monuments romains. Il faut d'urgence rétablir les commerces et l'habitat au centre-ville. Et des constructions à la verticale pour retrouver le vivre ensemble.
Vous remettrez donc en cause l'ensemble de la politique de transport tourné vers les extérieurs...
Exactement. Tout cela a des conséquences écologiques désastreuses. Et je ne vous parle pas de l'artificialisation des sols. Et encore moins des conclusions de la chambre régionale des comptes qui soulignait il y a peu de temps que la nouvelle ligne T1 avait bénéficié d'une augmentation d'à peine 10% de sa fréquentation. Des gens qui, de toute façon, ne prenaient déjà pas leur voiture pour aller travailler...
Autre sujet de préoccupation : l'incinérateur de Nîmes...
Oui car c'est un problème de pollution et de santé durable. Le taux de recyclage est de 70% en Europe, pourquoi nous sommes à la traîne en France avec un taux de 25% ? Faut m'expliquer ! Entre les matières enfouies, la partie solide et le gaz qui comportent plus de 200 toxines rejetées dans l'atmosphère, c'est la pire des choses. Quand vous envoyez vos poubelles dans l'atmosphère, ce n'est pas sain. C'est même un crime contre l'humanité. Nous ferons tout pour obliger au recyclage qui permettra de réduire ces déchets et créera une économie, à coup sûr. Je veux une ville pure. Et cette pureté passera aussi par la transparence au niveau de la gestion de la Ville. Nous signerons avec Anticor sur des engagements précis et un site Internet permettra à chaque citoyen d'être parfaitement informé. Nous irons jusqu'au note de frais et de restauration. Tout sera limpide. Enfin, nous interdirons totalement la publicité dans toute la ville.
Propos recueillis par Abdel Samari